Discuter de vaccination avec les parents dès la naissance

Discuter de vaccination avec les parents dès la naissance
Discuter de vaccination avec les parents dès la naissance

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L’hésitation à la vaccination serait à la hausse. Or, l’implantation d’un programme axé sur le dialogue avec les parents donne de bons résultats.

4 décembre 2019 | Environ 35 % des parents ont déjà hésité à faire vacciner leur enfant, une tendance qui serait en hausse. Il ne s’agit pas d’antivaccins, mais plutôt de personnes qui se posent des questions. Une discussion ouverte et respectueuse avec ces parents peut toutefois les aider à prendre une décision éclairée.

« Les méthodes d’éducation traditionnelle qui donnent de l’information sur les vaccins en disant quoi faire aux parents ne marchent pas du tout, a expliqué le Dr Arnaud Gagneur, chercheur à l’Université de Sherbrooke, dans le cadre des dernières Journées annuelles de santé publique (JASP). Cela peut même renforcer l’hésitation. Pourtant, les parents continuent à dire qu’ils souhaiteraient recevoir plus d’information. »

Le Dr Gagneur croit qu’il faut alors porter attention au type d’informations offertes et à la façon dont elles sont transmises. « Celles-ci doivent être simples, adaptées à la situation du parent et données au bon moment », insiste-t-il.

Dr Gagneur a donc développé une intervention, appelée Promovac, ayant lieu après la naissance d’un enfant, pendant le séjour à la maternité de l’hôpital. Un entretien d’environ 15 minutes est proposé aux nouveaux parents pour discuter de vaccination. Lors de ces discussions, les intervenants ne disent pas quoi faire aux parents, mais écoutent plutôt avec empathie ces derniers parler de leurs préoccupations par rapport à la vaccination. Le tout se déroule dans une atmosphère respectueuse et dénuée de jugement.

Des résultats prometteurs

L’intervention a d’abord été mise en place dans la région de Sherbrooke et a ensuite été testée dans quatre grands centres hospitaliers universitaires du Québec. Les résultats sont positifs :

  • l’hésitation face à la vaccination a diminué de 40 % ;
  • la proportion de parents ayant l’intention de faire vacciner leur enfant a augmenté de 12 % chez ceux qui ont discuté avec le conseiller en vaccination ;
  • la proportion d’enfants vaccinés selon le calendrier recommandé à l’âge de 7 mois a augmenté de 6 %.

Selon le Dr Gagneur, l’efficacité de ces entretiens s’expliquerait par l’absence de jugement de la part du conseiller, ce qui favorise une relation de confiance avec les parents. « Nous sommes ainsi capables de répondre spécifiquement aux questions qu’ils se posent  », souligne-t-il. De plus, puisque le conseiller en vaccination offre la rencontre peu après la naissance et que le premier vaccin pour l’enfant est prévu à 2 mois, les parents ne ressentent pas de pression à prendre une décision tout de suite, ce qui les rend plus à l’aise avec leur choix.

Implantation partout au Québec

«  À la suite de la publication de ces résultats, le ministère de la Santé et des Services sociaux a choisi d’implanter cette stratégie dans toutes les maternités du Québec afin d’offrir à tous les parents une discussion ouverte sur la vaccination avec un conseiller en vaccination pour les aider dans leur prise de décision. Il s’agit du programme EMMIE  », explique Dre Danielle Auger, responsable du programme au ministère.

Lors de la phase 1 d’implantation, qui a eu lieu en 2018 et en 2019, le programme EMMIE (Entretien motivationnel en maternité pour l’immunisation des nourrissons) a été mis en place dans 13 maternités. Cela a permis de rejoindre 35 000 parents québécois. « Parmi les parents approchés par les conseillers, seulement 1,6 % ont refusé l’intervention », souligne Dr Gagneur.

Par ailleurs, l’évaluation réalisée dans les hôpitaux de la phase 1 a mesuré la satisfaction des parents :

  • 96 % recommandaient que le programme soit offert aux autres parents ;
  • 97 % estimaient que le conseiller avait respecté leur point de vue concernant la vaccination ;
  • 93 % trouvaient que le moment choisi pour l’entretien était adéquat.

Fort de ce succès, la phase 2 a été lancée en avril dernier et permettra de compléter l’implantation dans toutes les maternités d’hôpitaux du Québec. À ce jour, le programme est offert dans 21 maternités, où ont lieu plus de 65 % des naissances au Québec.


Kathleen Couillard – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photos : Gettyimages/monkeybusinessimages

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