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Aussi étonnant que cela puisse paraître, les enfants qui surévaluent leurs habiletés réussiraient mieux à l’école. Or, les parents font plutôt l’inverse.
13 mars 2018 | « Regarde papa, mon dessin est vraiment beau! » « Maman, viens voir mon Lego super génial! » Naturellement, les enfants se trouvent bons et ils gardent confiance même devant une tâche difficile. Puis, un jour, en vieillissant, ils commencent à douter de leurs capacités. Plusieurs passent alors d’un sentiment de compétence à un sentiment d’incompétence. Pourquoi et quel impact cela a-t-il?
Se sentir incompétent peut nuire à la réussite scolaire au fil du temps, a constaté Thérèse Bouffard, professeure au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal. Dans ses travaux, la chercheuse a notamment observé que certaines pratiques parentales amènent les enfants à développer une vision négative de leurs habiletés mentales, ce qui a un impact sur le sentiment de compétence à l’école.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, elle a aussi constaté que les enfants qui surévaluent leurs habiletés mentales réussiraient mieux à l’école. Or, les parents – de même que les enseignants – ont plutôt tendance à faire l’inverse.
En questionnant des parents et des enseignants, Thérèse Bouffard s’est rendu compte que la moitié d’entre eux n’apprécie pas qu’on encourage les enfants à se trouver bons lorsque ce n’est pas le cas et opte plutôt pour la prudence. « Ils préfèrent ramener l’enfant à la réalité en sous-évaluant même ses compétences, explique-t-elle. Ils pensent bien faire, mais, en fait, cette façon de faire démotive l’enfant et lui apprend à se sous-estimer au lieu de croire en lui. »
Comment maintenir le sentiment de compétence?
À la lumière de ces résultats, Thérèse Bouffard incite donc les parents – et les enseignants – à encourager les enfants à se trouver bons. Voici d’autres pistes qu’elle suggère également aux parents pour entretenir le sentiment de compétence.
Rêvez en grand pour votre enfant, surtout si c’est un garçon!
Dans une étude réalisée en 2014, Mme Bouffard a questionné des parents sur leurs attentes de diplomation envers leurs enfants. « Étonnamment, les parents ont des attentes plus faibles pour leur garçon que pour leur fille, dès la 4e année du primaire, révèle la chercheuse. Ils semblent résignés à ce que leur garçon aille moins loin sur le chemin de l’école, ce qui ne pousse pas l’enfant à se dépasser et à se sentir compétent. »
Prenez toutefois garde au sentiment d’imposteur
Certains enfants ont un sentiment d’imposteur : ils sentent que les attentes envers eux sont démesurées et ils vivent dans la peur d’échouer. « Il faut doser nos attentes selon les capacités réelles de l’enfant, mais sans lui dire », souligne Thérèse Bouffard. Bref, on lui dit qu’il est bon, qu’il est capable, pour préserver son sentiment de compétence, mais on ne s’attend pas à ce qu’il performe en français s’il connaît des difficultés en lecture!
Dissociez amour et réussite
Certains enfants croient à tort que plus ils réussissent à l’école, plus leurs parents les aimeront. Quand ils reviennent à la maison avec une mauvaise note et que leurs parents se fâchent, ces enfants se sentent incompétents et moins aimés. « Il faut faire attention à la manière dont un enfant décode les comportements et les messages de ses parents, explique la chercheuse. Il faut parler avec l’enfant et s’assurer qu’il ne croit pas qu’on l’aimera plus ou moins selon ses succès ou ses échecs. »
Évitez de mélanger succès et intelligence
Attention également à ne pas associer capacités et résultats scolaires à l’intelligence. Ce n’est pas parce qu’un enfant est moins bon dans quelque chose qu’il est moins intelligent. « Comme parent, il importe de lui apprendre que c’est normal d’avoir de la difficulté à faire certains trucs, et qu’on peut se tromper et faire des erreurs », précise Thérèse Bouffard.
Sortez votre enfant de sa « zone de confort »
C’est connu, plusieurs parents ont tendance à faire les choses à la place de leur enfant. Le parent pressé veut gagner du temps et le parent hyper protecteur veut éviter que son enfant ne « bûche » sur une tâche trop difficile. Il aura par exemple le réflexe de donner la réponse pour un devoir ou de faire une recherche sur le web à sa place. L’enfant comprendra alors qu’il n’est pas capable de faire les choses tout seul. « Il faut plutôt encourager l’enfant à se dépasser, à sortir de sa zone de confort en le laissant essayer et trouver des solutions », suggère la chercheuse.
Nathalie Kinnard – Naître et grandir
Photo : Gettyimages/Peopleimages