Jeux de serpents, mini-terrain de soccer, marelle : ce qui n’était qu’une bande d’asphalte s’est transformé en milieu de vie pour les enfants.
5 juillet 2016 | Ti-Brin, Cannelle et Pruneau s’y amusaient dans l’émission Passe-Partout. Les années ont passé, mais la ruelle fait toujours le bonheur de bien des enfants, et de leurs parents, qui ne sont pas tous des citadins de souche, au contraire. Nous avons parlé à des parents d’enfants « de ruelle »…
Geneviève Courcy, qui a grandi à Laval, vit aujourd’hui dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve avec sa famille. Elle et son conjoint, Olivier Bellefleur, sont les parents de Thomas, 5 ans, et Éloise, 3 ans. Au moment de s’établir à Montréal, la proximité d’une ruelle n’était pas un aspect qu’ils avaient considéré. Toutefois, depuis qu’ils ont des enfants, la famille a décidé de s’investir pour aménager leur ruelle, qui était jusqu’il y a deux ans plutôt fréquentée par les automobilistes.
« La ruelle, c’est pour les enfants ! pense aujourd’hui la mère de famille. On a fait des démarches avec les voisins pour se la réapproprier ». Jeux de serpents, mini-terrain de soccer et de hockey, marelle, jeu avec cible… ce qui n’était qu’une bande d’asphalte s’est transformé en milieu de vie pour les enfants.
Un rendez-vous pour les enfants
« C’est un lieu de rencontre formidable, dit Geneviève Courcy. On s’est tous rapprochés entre voisins depuis l’aménagement de la ruelle, et nos enfants se connaissent enfin. Avant, chacun était dans sa cour, dans son chez-soi. Maintenant, au retour de la garderie ou de l’école, on traîne dans la ruelle. »
Les enfants y trouvent des amis, les parents y socialisent… et ces derniers sont tout près de la maison pour aller concocter le souper en gardant à l’œil leur marmaille, ou pour confier la tâche à un voisin et rendre un jour la pareille.
Plus que du plaisir, les enfants en tirent aussi un apprentissage social précieux, selon la mère de famille : « Des enfants de différentes cultures, de différents milieux sociaux se mélangent dans le jeu. Cela les expose à la richesse de la diversité, en plus de leur faire prendre conscience qu’il y a des gens qui vivent tout près d’eux et d’y être attentifs. »
Du jeu libre et improvisé
Philippe Jacques et Julie Rivard sont les parents de Mathéo, 20 mois. Eux aussi ont grandi loin de la ville, et n’ont connu l’attrait des ruelles qu’à la naissance de leur enfant.
« Tout se passe dans la ruelle, dit Philippe. Entre 17 h et l’heure du souper, on entend des cris et des rires d’enfants. L’hiver, ils s’échangent une rondelle ; l’été, c’est ici que les premiers coups de pédale se font. »
Le petit Mathéo étant encore jeune, il y a plutôt fait ses premiers pas de trotteur. Le bambin prend aussi plaisir à jouer avec le voisin, de six mois son aîné. « Cet été, notre fils aura deux ans… et je crois qu’il voudra, lui aussi, se mettre à courir après le ballon avec les plus grands », dit Philippe en riant.
La ruelle est un élément clé dans la vie de quartier pour cette famille de Rosemont. « C’est un endroit de jeu sécuritaire - car la ruelle est peu fréquentée par les voitures - et riche en occasions pour le développement moteur et social des enfants, pense le père de Mathéo. Il n’y a rien d’organisé, les parents n’interviennent pas, les enfants jouent avec ce qui est disponible, sans structure, et se lient momentanément d’amitié avec les petits voisins présents : c’est ce dont les enfants ont besoin après une journée à la garderie ou à l’école ! »
La cour, c’est un moment de tranquillité, le parc, c’est une activité, et la ruelle, c’est un quotidien vivant pour ces familles qui ne pourraient plus s’en passer…
Véronique Champagne – 37e AVENUE
Photos : Olivier Bellefleur et son fils Thomas (en haut), la ruelle de la famille Courcy et Bellefleur (au milieu), Philippe Jacques et Mathéo (en bas).