Quand on est un enfant, c’est
normal d’avoir peur. Peur du noir,
des orages, des piqûres… Puis,
il y a les autres peurs. Je parle de
celles qui s’infiltrent un peu plus
loin dans le coeur. La peur des pas
de notre parent qui s’approche,
la peur du poing frappant le
comptoir, la peur de se faire crier
après. Ces peurs-là ne sont pas
normales. Un enfant ne devrait
jamais avoir peur des personnes
qui sont justement censées le
protéger des dangers. C’est
pourtant un sentiment que
beaucoup de tout-petits vivent.
Parfois au quotidien et parfois de
façon plus occasionnelle.
De nombreux parents ont,
malheureusement encore
aujourd’hui, recours aux
punitions et aux tapes. Ce n’est
pas parce que vous en avez eu et
que vous n’en êtes pas mort que
cela en fait des gestes adéquats!
Parfois, nous nous souvenons des
méthodes utilisées, mais nous
oublions ce que nous ressentions
en tant qu’enfant. Bien souvent,
les parents croient que c’est ainsi
que leur enfant va progresser, va
apprendre à se comporter
correctement. Mais, ce qui fait
grandir un enfant, c’est de se
sentir encadré, soutenu et
encouragé; certainement pas
de recevoir une fessée.
Et que dire de la violence verbale,
du chantage affectif, des menaces, des
humiliations qui arrivent comme des
boulets de canon dans le coeur des
enfants! Des paroles telles que « J’en
peux plus de toi », « Si tu m’aimais… »
ou « Tu n’es bonne à rien » créent des
cicatrices émotionnelles. Les mots
sont peut-être moins visibles que
les coups, mais ils n’en sont pas
moins douloureux.
La violence n’est pas un sujet joyeux,
mais il est essentiel d’en parler
ouvertement et sans jugement. En
prenant conscience de ce qu’on dit ou
fait par réflexe et en admettant qu’il
peut nous arriver de poser de petits
gestes de violence, nous pouvons
chercher à nous améliorer. Soyons
toutefois indulgents envers
nous-mêmes, ce n’est pas parce que
l’on crie une ou deux fois par an après
notre enfant que sa vie est foutue!
Aidons nos tout-petits à développer
leur propre pensée, leur propre
jugement, au lieu de leur apprendre
à obéir par la peur. La famille devrait
être l’endroit où un enfant se sent
le plus en sécurité.

Geneviève Doray
Directrice Naître et grandir
L’enfant ne cessera
pas de vous aimer
si vous le tapez,
mais il n’apprendra
pas à s’aimer.