Les chicanes entre frères et soeurs

Les chicanes entre frères et soeurs


Pourquoi les chicanes entre frères et sœurs sont si fréquentes? Et comment réagir?

Les chicanes entre frères et sœurs sont normales et inévitables. En général, au fil du temps, les frères et sœurs peuvent toutefois apprendre à bien s’entendre. Ils peuvent même développer une belle complicité et se défendre mutuellement quand d’autres enfants essaient de leur faire mal.

Plutôt que de chercher à éviter absolument les chicanes, mieux vaut les voir comme des occasions d’apprentissage. Partager l’attention de ses parents ou ses jouets, dialoguer et exprimer ses opinions avec une attitude calme sont des expériences qui apprennent aux enfants à vivre en société.

Qu’est-ce qui cause les chicanes?

Les enfants qui vivent au sein d’une même famille doivent partager beaucoup de choses : l’attention de leurs parents, leurs jouets, les mêmes espaces… Les petites chicanes liées à la notion de possession (« C’est à moi! », « C’est mon tour! ») sont d’ailleurs une cause fréquente de conflits chez les moins de 5 ans. À cet âge, un enfant ne comprend pas encore très bien la notion de partage.

Se chicaner peut aussi être un moyen pour un tout-petit de laisser sortir son stress. Il peut alors prendre son frère ou sa sœur comme cible parce qu’il ne sait pas encore comment bien gérer ses émotions.

Pourquoi ils se chicanent si souvent?

Vous trouvez que les enfants de votre ami se chicanent moins que les vôtres? L’intensité et la fréquence des conflits varient d’une famille à l’autre, mais ces chicanes sont tout à fait normales. Selon des études, il y a au moins une chicane par semaine entre frères et soeurs dans 50 % des familles et ça se passe tous les jours dans 20 % des familles.

Les sentiments de jalousie et de rivalité entre frères et sœurs sont source de conflits surtout si leur différence d’âge est minime. En effet, les enfants plus rapprochés en âge ont souvent un besoin d’attention et des intérêts semblables. Cela crée donc plus de chicanes parce qu’ils veulent souvent la même chose. Les chicanes peuvent aussi être plus fréquentes si un enfant a l’impression qu’on l’aime moins que son frère ou sa sœur. La personnalité des enfants joue aussi un rôle. Par exemple, deux enfants qui ont un caractère fort pourraient se chicaner davantage.

La fréquence des conflits peut aussi varier d’un enfant à l’autre. Il n’est toutefois pas conseillé aux parents de traiter les enfants de façon égale, tout simplement parce que chaque enfant est différent. Chacun a un âge, un tempérament, des forces et des faiblesses différents. Il est plutôt conseillé d’essayer de limiter la jalousie en agissant avec équité et en étant à l’écoute des besoins de chacun.

Quand intervenir?

Il est préférable de ne pas intervenir trop vite lorsque vos enfants se chicanent. Lorsqu’ils cherchent eux-mêmes une solution, les enfants développent des habiletés comme l’autonomie et la créativité. Même s’ils sont tout-petits et qu’ils parlent peu, c’est souvent possible pour eux de le faire, quand on leur en laisse l’occasion.

S’ils n’y arrivent pas, vous pouvez toutefois les aider à régler leur conflit. Voici comment.

  • Déterminez d’abord le sujet central de la chicane;
  • Clarifiez les opinions et les attentes de chacun, puis résumez-les;
  • Favorisez l’empathie en demandant à chaque enfant de s’imaginer à la place de l’autre pour comprendre son point de vue;
Les chicanes permettent aux enfants de s’affirmer et d’apprendre à régler des conflits.
  • Demandez aux enfants de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent et comment ils pensent pouvoir régler la situation pour les aider à trouver des solutions;
  • Suggérez, au besoin, des pistes de solution au problème, mais le choix final doit revenir aux enfants.

Avec le temps, les enfants deviendront habitués à ces étapes et voudront régler leurs conflits tout seuls.

Dès qu’il y a des paroles méchantes ou des gestes violents, il faut toutefois intervenir tout de suite. Les enfants doivent comprendre qu’il n’est pas permis de donner des coups, de mordre ou d’insulter une autre personne.

Pour diminuer les conflits

Certaines stratégies peuvent aider à prévenir ou à limiter les chicanes. En voici quelques-unes :

  • Rassurez chacun de vos enfants sur la place qu’il a dans votre vie. À l’arrivée d’un nouveau bébé, il est important d’expliquer à l’aîné que vous l’aimez tout autant et que vous êtes encore là pour lui, même si votre bébé ou votre plus jeune demande plus de soins et d’interventions de votre part. Répétez-le-lui souvent pour le réconforter.
  • Identifiez des choses appartenant à chacun des enfants. Par exemple, un bac à jouets qui est le leur, et un autre bac avec les jouets qui sont pour tout le monde. Cela permet aux tout-petits de mieux comprendre ce qui est à eux et ce qu’ils doivent partager.
  • Encouragez chaque enfant à dire avec des mots ce qu’il n’accepte pas, ou à aller chercher votre aide au lieu de crier ou de frapper.
  • Offrez à chaque enfant un endroit bien à eux. Même s’ils partagent la même chambre, chaque enfant devrait avoir son espace pour dormir, ranger ses affaires et jouer seul s’il en ressent le besoin.
  • Passez chaque jour un moment seul avec chacun de vos enfants. Cela évite qu’ils se disputent pour obtenir votre attention.
  • Essayez d’être le plus équitable possible dans l’attention que vous donnez à vos enfants. Expliquez-leur que chacun a des besoins différents et que parfois c’est le tour de l’un d’avoir quelque chose et, parfois, c’est le tour de l’autre.
  • Établissez des règles claires. Expliquez à chacun quels comportements sont permis ou pas.
  • Encouragez l’entraide entre vos enfants. Ne rendez pas l’aîné responsable du plus jeune, mais incitez chacun à s’aider ou à s’encourager l’un et l’autre lorsqu’ils vivent une difficulté.
  • Valorisez les différences de chacun de vos enfants. Il ne s’agit pas de comparer les enfants en disant : « Ton frère est plus sage », mais plutôt d’entretenir le dialogue avec chaque enfant. Mettez en valeur leurs points forts et reconnaissez leurs faiblesses. Par exemple, il ne faut pas s’empêcher de féliciter un enfant qui réussit, même si son frère a un trouble d’apprentissage. Sinon, il risque de se sentir pénalisé de réussir. Parallèlement, reconnaissez aussi les qualités de votre autre enfant en parlant avec lui et en valorisant ses forces devant les autres membres de la famille.
  • Encouragez chaque enfant à avoir des amis à lui quand il grandit afin que chacun ait son groupe d’amis.
  • Ne cherchez pas à éviter les frustrations à tout prix. Certains parents achètent deux fois les mêmes jouets ou offrent un cadeau à l’aîné, à la fête du plus petit, uniquement pour éviter les jalousies. C’est inutile : ces frustrations font partie des apprentissages de la vie.
  • Donnez l’exemple. L’enfant apprend en vous imitant. Essayez de régler vos différends et vos conflits avec votre partenaire ou avec vos enfants dans le calme, sans cris ni éclats et sans vous montrer envieux.
Plus de chicanes dans une famille reconstituée?
Les chicanes peuvent être plus fréquentes dans une famille nouvellement recomposée. Il peut en effet être encore plus difficile pour un enfant de partager avec un enfant qu’il ne connaît pas beaucoup. Avec le temps, il apprendra toutefois à vivre avec les autres et la fréquence des conflits devrait être semblable à celle des autres familles.

 

À retenir

  • La difficulté des enfants à partager leurs jouets et l’attention de leurs parents cause bien des chicanes.
  • La différence d’âge et la personnalité des enfants peuvent expliquer pourquoi certains se chicanent plus que d’autres.
  • Il est préférable de laisser les enfants régler leurs conflits par eux-mêmes.

 

Naître et grandir

Recherche et rédaction : Solène Bourque, psychoéducatrice
Adaptation web : Équipe Naître et grandir
Décembre 2017

 

Photo : GettyImages/Pushlama

 

Ressources et références

Note : les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

Pour les parents

  • BOURCIER, Sylvie. L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans. Éditions du CHU Sainte-Justine, chapitre 9, 2008, 236 p.
  • GAGNIER, Nadia. C’est pas moi, c’est lui! Les relations fraternelles et les défis particuliers aux enfants uniques. Éditions La Presse, 2008, 106 p.
  • HORDÉ, Pierrick et autres. Le Journal des femmes. Santé médecine.net. Jalousie entre frères et soeurs. 2015. sante-medecine.commentcamarche.net
  • RACINE, Brigitte. Le respect, une valeur pour la vie. Éditions du CHU Sainte-Justine, 2016, 236 p.
  • THÉRIAULT, Chantal. Les conflits chez les enfants – Programme d’intervention pour favoriser l’acquisition de l’autonomie. Les Éditions Québec-Livres, 2011, 136 p.

Pour les enfants

  • MANCEAU, Édouard. La dispute. Éditions Milan, 2015, 64 p.

 

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