Avant 5 ans, il n’est pas rare que les enfants prononcent mal certains sons. Peut-on les aider?
Apprendre à bien prononcer les mots n’est pas simple pour un enfant. Pour y parvenir, il doit apprendre à bouger sa bouche de façon précise. Cela lui demande d’utiliser jusqu’à 70 muscles. Cet apprentissage demande donc du temps et de la pratique.
Les difficultés de prononciation
Une mauvaise prononciation est une difficulté que les enfants connaissent tous, à différents niveaux, avant d’apprendre la manière correcte de dire les mots. Il est donc normal de ne pas toujours bien comprendre ce que dit un tout-petit qui commence à parler.
Ne laissez jamais personne se moquer de la façon dont votre tout-petit parle. Cela peut le blesser.
Syllabes coupées ou mal prononcées
Avant l’âge de 2 ans, et parfois même un peu après, un enfant peut couper des mots en parlant (ex. : il dit « teau » pour « bateau »). Il peut aussi rendre deux syllabes d’un mot plus semblables (ex. : il dit « touton » pour « mouton »).
Plus les mots sont longs, plus la difficulté augmente. Si l’enfant coupe encore des mots vers 3 ou 4 ans, ce sont les plus longs (ex. : il dit « bibithèque » pour « bibliothèque »).
Sons omis ou mal prononcés
Certains sons sont plus compliqués que d’autres à prononcer, et un tout-petit peut mettre plus de temps à apprendre à bien les produire. Par exemple, le « m », le « p » et le « d » comptent parmi les sons faciles alors que le « r », le « ch », le « j » et le « s » figurent parmi les sons difficiles.
Les sons « ch » et « j » sont particulièrement difficiles à produire. C’est seulement après l’âge de 4 ans que la majorité des enfants prononce bien ces sons. Certains y arrivent seulement vers 5 ans.
Quand un enfant a de la difficulté à prononcer un son, il ne le dit pas ou il le remplace par un autre son. Par exemple, un tout-petit peut dire « ouge » au lieu de « rouge » ou « zouer » au lieu de « jouer ».
Pendant l’apprentissage, il est normal que l’enfant prononce bien un son dans certains mots, mais pas dans d’autres. Par exemple, il dit le « t » dans « tomate », mais pas dans « train », qui devient « krain ».
De plus, un mot qui est normalement bien prononcé peut être transformé quand il est dit dans une phrase. Par exemple, l’enfant peut être capable de dire « petite », « auto » et « rose » séparément, mais « la petite auto rose » peut devenir « tite auto woze ».
Les mots qui incluent deux consonnes qui se suivent peuvent aussi être plus difficiles à dire jusqu’à l’âge de 5 ans, comme « biscuit », « ski » et « bleu ». Ainsi, un enfant pourrait dire « krain » ou « tain » au lieu de « train » et « grôle » ou « dôle » au lieu de « drôle ». Cette difficulté est courante.
Le zozotement
Zozoter, ou parler sur le bout de la langue, est une difficulté différente des autres problèmes de prononciation. En effet, l’enfant qui zozote ne fait pas le mauvais son. Il fait le bon son, mais pas exactement comme il faut. Par exemple, en ce qui concerne le « s », l’enfant qui zozote produit ce son, et non un autre, mais il avance trop sa langue pour le prononcer.
Certains facteurs peuvent augmenter le risque de zozotement chez l’enfant, dont le fait de respirer souvent par la bouche ou d’avoir utilisé la suce de façon prolongée après l’apparition des dents. Le zozotement se règle souvent bien avec l’aide d’un orthophoniste, généralement à partir de 6 ans.
Comprendre ce que dit un enfantLes adultes qui passent le plus de temps avec l’enfant le comprennent souvent mieux que les autres, mais cela demeure tout de même variable d’un adulte à l’autre. De façon générale, un enfant de 3 ans devrait être compris autant par les personnes qui le connaissent que par des inconnus. |
Comment aider votre enfant à bien prononcer?
Ce qui est le plus important pour votre enfant, c’est d’avoir du plaisir à communiquer avec vous. Cela lui permet de rester motivé et de continuer à se pratiquer.
- Placez-vous à la hauteur de votre enfant pour qu’il porte attention à votre bouche lorsque vous lui parlez. Attirez son regard vers votre visage.
- Ne demandez pas à votre tout-petit de répéter après vous un mot qu’il a mal prononcé. Une telle demande coupe la conversation, peut diminuer l’envie de parler de votre enfant et met l’accent sur une difficulté. Certains enfants peuvent accepter de répéter, mais d’autres vont plutôt se fâcher ou perdre confiance en leur habileté à parler.
- Ne mentionnez pas à votre enfant qu’il a mal prononcé un mot. Il a besoin d’être encouragé pour avoir envie de continuer à essayer de dire les mots.
- Dites correctement le mot mal prononcé en insistant sur le ou les sons difficiles pour votre enfant. Par exemple, s’il dit « gagourt », vous pouvez répondre : « Oui, c’est du yogourt! » Votre enfant essaiera peut-être de répéter le mot mal prononcé de lui-même. S’il réussit, félicitez-le (« bravo, tu l’as bien dit! »). Sinon, encouragez-le pour ses efforts (« bravo, tu essaies bien! ») afin qu’il conserve le goût de parler. Si votre tout-petit ne répète pas, ce n’est pas grave : il aura au moins entendu le bon modèle.
- Si votre enfant de 2 ans ou plus ne répète pas après vous, essayez les trois stratégies suivantes. Elles sont efficaces pour l’encourager à s’exercer à dire les mots qui sont difficiles à prononcer pour lui.
1. Donnez un choix à votre enfant
Enfant : « Papa, le sat! »
Papa : « Wow! C’est un beau chat! »
Enfant : (silence)
Papa : « Mais je ne suis pas certain… C’est un chien ou un chat? »
Enfant : « Papa! Un chat! »
2. Dites quelque chose de drôle ou de bizarre
Enfant : « Maman, veux du yait! »
Maman : « Ah! Tu veux du lait! »
Enfant : « Oui! »
Maman : « Moi, je pense que tu veux du lait vert! »
Enfant : « Non, du lait blanc! »
3. Faites une phrase à compléter
Enfant : « Papa en toto. »
Papa : « Papa est dans l’auto. »
Enfant : « Oui, papa toto. »
Papa : « Papa est dans… »
Enfant : « L’auto! »
- Parlez à votre enfant lentement et clairement afin de lui donner de bons exemples de prononciation.
- Utilisez souvent les mots que votre tout-petit prononce mal lorsque vous parlez avec lui. Profitez-en pour accentuer les sons difficiles pour attirer son attention sur eux.
Quand consulter?
Si vous avez souvent de la difficulté à comprendre votre enfant et que sa prononciation vous inquiète, parlez-en à son médecin ou à un intervenant du CLSC qui pourra vous orienter vers un orthophoniste ou un audiologiste.
Vous pouvez aussi consulter un orthophoniste ou un audiologiste en pratique privée sans référence médicale. Référez-vous à l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec pour trouver un spécialiste dans votre secteur.
Une évaluation en audiologie pourra permettre de vérifier si votre enfant entend bien. Dans certains cas, les difficultés de prononciation peuvent être attribuables à une perte auditive.
À retenir
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Apprendre à bien prononcer les sons se fait étape par étape et demande du temps.
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Certains sons, comme le « ch » et le « j », sont plus difficiles à prononcer.
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Au lieu de demander à votre enfant de répéter, mieux vaut lui redire le mot en insistant sur les sons difficiles pour attirer son attention sur eux.
| Révision scientifique : Agathe Tupula Kabola, orthophoniste Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Mai 2024
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Photo : GettyImages/Dean Mitchell
Ressources et références
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Pour les enfants -
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