Intervenir avec humour

Intervenir avec humour
Intervenir avec humour pour aider votre enfant à dédramatiser certaines situations.


Votre enfant a de la difficulté à enfiler ses vêtements? Il est tombé en courant au parc? Il a fait un petit dégât? Il est parfois possible de réagir avec humour pour lui faire réaliser que ce n’est pas si grave. Comment s’y prendre?

Pourquoi utiliser l’humour?

L’humour permet aux parents de gérer une situation de façon positive, sans cri ni colère. Il peut même s’avérer un excellent outil de prévention pour éviter un conflit.

Certains comportements de votre enfant peuvent parfois vous donner envie de réagir avec humour. Lorsque cela s’y prête, cette façon d’intervenir peut en effet aider à dédramatiser une situation que votre enfant trouve difficile.

L’humour répond au besoin de votre enfant d’apprendre dans le plaisir et le jeu, tout en vous permettant de faire des interventions rapides et efficaces. Comme votre enfant trouve votre intervention amusante, cela détourne son attention de la situation qu’il trouve difficile.

Dédramatiser les situations grâce au rire

Vous pouvez utiliser l’humour pour permettre à votre enfant de comprendre que sa réaction est exagérée ou pour atténuer une colère ou des pleurs, par exemple. Cela peut aider à détendre l’atmosphère et peut même faire baisser son anxiété. C’est aussi un bon moyen de développer le sens de l’humour de votre enfant!

Voici des exemples de situations où vous pourriez intervenir avec humour :

  • Votre enfant s’impatiente parce qu’il a de la difficulté à s’habiller. Vous pouvez « chicaner » la veste de votre enfant en disant, par exemple : « Ah bien! Cette veste n’a pas le goût de sortir ce matin, je crois. Tu sais, petite veste, tu n’as pas le choix d’aller à la garderie! »
  • Votre enfant est en colère parce qu’il a échappé sa boîte de casse-tête et toutes les pièces sont au sol. Pour faire baisser la tension, invitez votre enfant à rattraper toutes les pièces de casse-tête et à les mettre dans la boîte avant qu’elles se sauvent trop loin. Il embarquera à coup sûr dans ce jeu.
  • Votre enfant est tombé. Sa blessure est très légère, mais il continue de pleurer. Regardez sa blessure en lui disant avec un clin d’œil : « Oh! Je crois qu’il va falloir remplacer ta jambe par une jambe de robot! Elle n’est plus bonne! Qu’en penses-tu? »
  • Votre enfant refuse de se brosser les dents lors de la routine du soir. Inventez un personnage de dentiste rigolo qui lui fait un examen des dents. Faites semblant de ne rien voir et commencez par lui brosser le front et le nez et finissez par ses dents. Demandez ensuite à votre enfant de jouer ce rôle avec vous quand vous brossez vos dents.
  • Votre enfant hurle parce qu’on lui a pris son jouet. Dites-lui sérieusement : « Pauvre toi! Es-tu correct? Est-ce qu’il t’a enlevé autre chose? Ton soulier? (touchez son pied) Ton bas? (vérifiez si son bas est là) As-tu tous tes cheveux? (comptez ses cheveux!). » En devenant ridicule, vous dédramatisez la situation. Cela permet à votre enfant de se calmer et d’être plus réceptif. Il sera alors plus facile de parler avec lui pour régler le conflit.

Utiliser l’humour sans blesser l’enfant

Intervenir avec humour peut être une stratégie gagnante, mais il faut faire attention à la façon dont vous vous en servez. L’humour ne doit jamais être blessant pour votre enfant ni servir à le ridiculiser. Par exemple, si vous êtes contrarié par les comportements de votre enfant, il est possible que votre état d’esprit ne vous permette pas d’utiliser l’humour de façon positive.

Votre intervention doit être respectueuse et bien dosée, afin que votre enfant ne soit pas effrayé, par exemple par votre déguisement, qu’il continue d’avoir confiance en vous et qu’il garde une bonne image de lui-même.

S’il a été blessé par les propos d’une personne qui riait de lui, évitez de dire que ce n’est pas grave puisque, pour lui, ça l’est. Aidez-le plutôt à décoder la situation en lui expliquant qu’il existe peut-être une autre façon d’interpréter les paroles prononcées. Si c’est lui qui rit aux dépens des autres de façon blessante, précisez-lui qu’il y a certaines choses dont on ne peut pas rire.

Si vous voyez que l’humour ne fonctionne pas avec votre enfant, utilisez une autre stratégie qui sera mieux adaptée à lui. Par exemple : aidez-le à nommer ses émotions, dirigez-le vers le comportement souhaité ou rassurez-le.

 

Attention à l’ironie!
En général, les tout-petits réagissent bien à l’humour. Toutefois, l’ironie, qui consiste à dire le contraire de ce qu’on pense pour dédramatiser ou se moquer d’une situation, peut être difficile à comprendre pour des enfants de moins de 4 ans ou 5 ans. Leur niveau de développement ne leur permet pas de saisir le deuxième degré de ce type d’humour. Il vaut donc mieux éviter d’utiliser l’ironie avec les tout-petits.

 

À retenir

  • Intervenir avec humour peut aider à désamorcer des situations difficiles vécues par votre enfant.
  • L’humour doit être utilisé de façon positive : il ne doit pas ridiculiser votre enfant.
  • Mieux vaut éviter l’ironie, car les tout-petits ne comprennent pas qu’il s’agit d’humour.

 

Naître et grandir

Recherche et rédaction : Solène Bourque, psychoéducatrice, avec la collaboration d’Émilie Ouellette, intervenante sociale, conférencière et humoriste
Novembre 2018

 

Photo : GettyImages/SbytovaMN

 

Ressources et références

  • BEAUCOURT, Cécile. 100 façons de faire rire un bébé. Larousse, 2011, 128 p.
  • FORTIN, Bruno. Vivre avec humour. CPF, 2007, 140 p.
  • HALLOWELLL, Edward M. L’enfance du bonheur. Aider les enfants à intégrer la joie dans leur vie. Les Éditions de l’Homme, 2004, 304 p.
  • HUMBEECK, Bruno et Maxime BERGER. L’humour pour aider à grandir. Les Éditions Mols, 2008, 136 p.
  • JOURDAN-IONESCU, Colette. « L’humour comme facteur de résilience pour les enfants à risque et leur famille », Bulletin de psychologie, no 510, 2010, p. 449-455. www.cairn.info
  • VINIT, Florence. Docteur Clown à l’hôpital. Une prescription d’humour et de tendresse. Éditions du CHU Sainte-Justine, collection Univers Parents, 2010, 88 p.

 

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