L'enfant difficile à table

L'enfant difficile à table
Comment réagir devant les « J’aime pas ça! » de votre enfant à table?


Votre enfant refuse de manger le repas que vous avez préparé. Il veut toujours manger la même chose. Comment l’encourager à goûter?

Que faire avec un enfant qui refuse souvent de manger?

Il est normal pour un tout-petit de ne pas aimer tous les aliments, et encore moins du premier coup. Cela dit, il est important que des aliments variés soient présents devant lui.

Il faut aussi lui offrir plusieurs occasions d’apprendre à les connaître, car plus de 20 repas peuvent être nécessaires avant qu’un enfant accepte de goûter un aliment. Et ça ne veut pas dire qu’il va l’aimer tout de suite. Il va peut-être avoir besoin de plus de temps pour apprécier sa texture et sa saveur.

Le partage des responsabilités

Selon le principe du partage des responsabilités développé par la nutritionniste Ellyn Satter, spécialiste de l’alimentation des enfants, l’adulte est responsable :

  • du menu, soit les aliments servis au repas (quoi);
  • de l’horaire des repas et des collations (quand);
  • de l’endroit où mange la famille (où).

Pour sa part, l’enfant est responsable :

  • de la quantité d’aliments qu’il mange (combien). Il pourrait même choisir de ne pas manger du tout un des aliments servis, et c’est correct.

Appliquer le partage des responsabilités aide votre enfant à développer ses goûts pour apprécier plus d’aliments au fil du temps, car ce partage permet d’instaurer un cadre rassurant à l’heure des repas et de respecter le rythme de ses découvertes. En plus, le partage des responsabilités vous aide à passer des repas plus agréables en famille, car vous laissez votre enfant manger sans commenter ce qu’il mange ou pas.

La plupart des enfants traversent une période de néophobie alimentaire. Ils refusent de nouveaux aliments, et même certains aliments qu’ils avaient pourtant l’habitude d’aimer. Si c’est le cas de votre enfant, continuez d’appliquer le principe du partage des responsabilités. C’est la meilleure façon de traverser cette période.

Le repas au centre de la table

Pour vous aider à respecter le principe du partage des responsabilités, vous pouvez déposer tous les aliments du repas au centre de la table au lieu de préparer les assiettes dans la cuisine. Lorsque tous les aliments prévus pour le repas sont sur la table, votre enfant s’habitue à leur vue, et c’est déjà une première étape. En voyant régulièrement ces aliments et en voyant les autres en manger, il y a plus de chances qu’il s’y habitue, qu’il en prenne et qu’il finisse par les aimer un jour.

Famille qui place le repas au centre de la table

Si votre enfant est en crise et dit qu’il a faim, mais qu’il refuse le repas servi, gardez votre calme. Puis, expliquez-lui qu’il y a plusieurs aliments différents sur la table et qu’il peut choisir parmi eux.

Si un enfant ne pense qu’au dessert, il est recommandé de mettre le dessert sur la table en même temps que le reste. Ainsi, il peut manger tout de suite sa portion de dessert pour, ensuite, se concentrer sur les autres aliments.

Quelques conseils pour les repas au centre de la table :

  • Déposez tous les aliments du repas au centre de la table afin que votre enfant voie ce qui est disponible.
  • Incluez toujours un ou deux aliments qu’il connaît et aime déjà.
  • Si votre enfant est âgé de 2 ans ou moins, préparez son assiette ou déposez des aliments sur la tablette de sa chaise haute en incluant une petite quantité de chaque aliment prévu pour le repas. Laissez-le manger ce qu’il a envie parmi ces choix.
  • Si votre enfant a 3 ans, invitez-le à se servir lui-même en mettant à sa disposition des ustensiles faciles à utiliser et aidez-le au besoin. Il peut aussi vous montrer ce qu’il veut que vous mettiez dans son assiette.
  • À partir de 4 ans environ, laissez votre enfant se servir lui-même.
  • Évitez de commenter ce qu’il met ou ne met pas dans son assiette.
  • Mangez avec lui et montrez que vous appréciez le repas.

Servir un autre repas, une bonne idée?

Pour s’assurer que leur enfant mange quelque chose au repas, certains parents sont tentés de lui offrir un autre repas, un bol de céréales ou une rôtie au beurre d’arachide. Ce n’est toutefois pas une bonne idée.

En effet, même si elles règlent le problème dans l’immédiat, ces solutions ne sont pas recommandées, car elles diminuent les chances que l’enfant goûte à de nouveaux aliments à l’avenir.

L’enfant devrait se contenter des aliments qui sont sur la table. C’est pour cette raison que le repas doit comporter un ou deux aliments qu’il aime afin qu’il puisse tout de même manger (ex. : fromage, riz, légume).

Un horaire régulier… et flexible

Selon le principe du partage des responsabilités, vous, parents, décidez de l’horaire des repas et des collations. Cet horaire s’adapte à votre réalité et à l’appétit des membres de la famille. Vous pouvez d’ailleurs modifier l’heure des repas de plus ou moins 30 minutes pour l’adapter à vos besoins de la journée. Évitez toutefois de trop repousser le moment du repas, car plus le temps passe, plus votre enfant est fatigué, et la fatigue nuit à l’appétit. Voici deux points à prendre en considération concernant l’horaire :
  • La collation doit être assez éloignée du repas pour donner à votre enfant le temps de développer sa faim;
  • Si votre enfant n’a pas faim à l’heure prévue du repas, demandez-lui tout de même de s’asseoir avec vous à table afin de passer un agréable moment, qu’il mange ou non.

Pourquoi certains enfants veulent-ils toujours manger la même chose?

Il est normal qu’un enfant hésite à manger, ou même à goûter, certains aliments.

Il est normal qu’un enfant préfère certains aliments à d’autres. Ses aliments préférés sont généralement ceux qu’il connaît le mieux, car ils sont rassurants pour lui. Il ne prend aucun risque lorsqu’il les mange : il sait qu’il va les aimer.

Pour aimer de plus en plus d’aliments en vieillissant, l’enfant doit avoir l’occasion d’apprendre à en connaître plusieurs. C’est le rôle des parents de varier le menu de leur tout-petit pour lui en faire découvrir d’autres.

En ayant régulièrement des aliments nouveaux ou qu’il aime moins devant lui, l’enfant apprend petit à petit à les connaître. Il est important de le laisser apprivoiser ces nouveaux aliments à son rythme sans le forcer à manger.

Si votre enfant veut toujours manger le même aliment (ex. : du pain ou des pâtes), rappelez-vous que, selon le principe du partage des responsabilités, c’est vous qui décidez du menu. Il peut y avoir régulièrement du pain ou des pâtes au repas, mais ne faites pas le menu en fonction de cette préférence. Au repas, permettez-lui de manger son aliment favori, tout en lui enseignant à partager. Expliquez-lui qu’un membre de la famille ne peut pas manger tout le pain, car les autres en veulent aussi.

Comment encourager votre enfant sélectif à goûter de nouveaux aliments?

  • Invitez votre enfant à goûter chaque aliment, mais n’insistez pas, car cela pourrait diminuer son envie d’essayer.
  • Offrez-lui un seul aliment nouveau à la fois et mettez toujours sur la table au moins un aliment qu’il aime.
Votre enfant sera davantage tenté de goûter à un aliment s’il voit que vous l’aimez aussi.
  • S’il dit avoir déjà essayé avant, répondez-lui qu’il ne goûtera peut-être pas la même chose que la dernière fois, car les goûts changent.
  • Montrez l’exemple en mangeant vous-même le nouvel aliment avec plaisir. Comme vous êtes son modèle, il aura envie de vous imiter.
  • Ne le forcez pas à goûter, car il associerait l’aliment à une émotion négative. Un sentiment d’anxiété ou d’insécurité à table est contre-productif.
Cuisiner aide l’enfant à découvrir les aliments
  • Évitez de vous fâcher, de faire des reproches ou de négocier pour que votre enfant mange un aliment. Le plus important est qu’il développe ses goûts pour des aliments variés. Par contre, les chances qu’il essaie et apprécie de nouveaux aliments sont très faibles s’il associe le moment du repas aux chicanes et aux pleurs.
  • Faites participer votre enfant à la planification des repas en le laissant choisir un repas. Pour le guider, vous pouvez le faire choisir entre deux options. Le menu ne doit toutefois pas être fait uniquement en fonction de ses préférences. Lorsque c’est possible, amenez-le à l’épicerie et encouragez-le à préparer les repas avec vous. Puisqu’il sera fier d’avoir mis la main à la pâte, il sera plus porté à manger les plats qu’il aura aidé à préparer. Même les tout-petits de 2 ou 3 ans peuvent donner un coup de main.

Voici des exemples de phrases pour inciter votre enfant à goûter :

  • « Voici les aliments qu’on a préparés pour ce soir. Mets ce que tu veux dans ton assiette pour y goûter. »
  • « J’aime beaucoup cet aliment. Il est croquant et un petit peu sucré. »
  • « Grand-maman le préparait de cette façon aussi quand j’étais petit, ça me rappelle de bons souvenirs d’en préparer à mon tour. »

Voici des exemples de phrases à éviter :

  • « Je ne suis pas content, car tu n’as pas mangé ta viande. »
  • « Tu ne pourras pas sortir de table tant que tu n’auras pas goûté au chou-fleur. »

Pourquoi un enfant refuse-t-il de manger?

Différentes raisons peuvent expliquer qu’un enfant refuse de manger. Parfois, c’est parce qu’il n’aime pas ce qui est au menu, mais d’autres fois, c’est davantage le contexte autour du repas qui est en cause. Il est donc important d’observer ce qui se passe autour de l’assiette, et pas seulement ce qu’il y a dedans pour comprendre pourquoi un enfant refuse de manger.

Voici des explications possibles au refus de manger de votre enfant :

  • Sa croissance ralentit.
  • Il n’a pas faim.
  • Il ressent un inconfort ou une douleur.
  • Il est contrarié.
  • Il n’est pas confortablement assis.
  • Il a besoin de bouger.
  • Il est fatigué.
  • Il est distrait ou stimulé par autre chose.
  • Il ressent une pression à manger.
  • Il veut manger seul (recherche d’autonomie).
  • Il vit une période de néophobie alimentaire.
  • Il a des préférences très arrêtées sur certains aliments.

Votre enfant n’a peut-être pas l’âge pour vous exprimer ce qu’il ressent, et il comprend probablement lui-même mal ce qui se passe. Chose certaine, il est en apprentissage et a besoin de votre patience, de votre constance, de votre confiance et de votre bienveillance pour développer ses goûts. C’est normal que vous trouviez cela difficile, mais faites preuve d’indulgence envers vous-même. Votre valeur comme parent ne tient pas à ce que votre enfant mange ou pas.

À retenir

  • Même si votre enfant n’aime pas un aliment, il faut quand même lui en offrir régulièrement afin qu’il s’y habitue.
  • Ne servez pas un autre repas à votre enfant s’il refuse celui qui est prévu.
  • Ne forcez pas votre enfant à goûter les aliments et n’insistez pas non plus pour qu’il le fasse.
  • Montrez à votre enfant que vous aimez ce que vous mangez.

 

Naître et grandir

Recherche et rédaction : Stéphanie Côté, M. Sc., nutritionniste
Mise à jour : Novembre 2022

 

Photos : Adobe Stock/Kaliantye et GettyImages/monkeybusinessimages et omgimages

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • HOFFMANN, Debra A. et autres.« Influence of maternal feeding goals and practices on children’s eating behaviors »,Appetite, vol. 107, décembre 2016, p. 21-27. www.sciencedirect.com
  • JANSEN, Esther et autres. « Do not eat the red food!: Prohibition of snacks leads to their relatively higher consumption in children »,Appetite, vol. 49, no 3, p. 572-577. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
  • ŁOBOŚ,Paulina etAnna JANUSZEWICZ. « Food neophobia in children »,Pediatric Endocrinology, Diabetes, and Metabolism, vol. 25, no 3, p. 150-154. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
  • RIGAL, Nathalie. « L’exposition répétée permet-elle de dépasser la néophobie alimentaire? »,Revue européenne de psychologie appliquée, vol. 55, 2005, p. 43-50. www.researchgate.net
  • TAYLOR, Caroline M. et Pauline M. EMMETT. « Picky eating in children: Causes and consequences »,The Proceedings of the Nutrition Society, vol. 78, no 2, mai 2019, p. 161-169. www.cambridge.org
  • TAYLOR, Caroline M. et autres. « Picky/fussy eating in children: Review of definitions, assessment, prevalence and dietary intakes »,Appetite, vol. 95, décembre, p. 349-359. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov

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