Protéger sans surprotéger

Protéger sans surprotéger
Les petits « échecs » sont des occasions d’apprendre. Comment protéger sans surprotéger?


Les médias rapportent parfois des événements malheureux qui nous donnent l’impression que le danger est à peu près partout, alors qu’il ne l’est pas nécessairement. Cela nous amène, sans que l’on s’en rende compte, à être plus craintifs pour nos enfants. Dans un tel contexte, il peut être compliqué de savoir si notre approche en matière de protection et de sécurité est adéquate.

La différence entre protéger et surprotéger

Votre enfant a besoin de protection, mais pas de surprotection. Protéger signifie répondre aux besoins liés au développement de votre tout-petit comme son besoin de sécurité, d’amour, d’attachement et de stimulation. Pour combler son besoin de sécurité, la mise en place de règles claires, cohérentes, constantes et donc prévisibles est nécessaire.

Cependant, surprotéger un enfant, c’est faire à sa place des gestes qu’il serait capable d’effectuer lui-même ou vouloir lui éviter les moindres blessures ou chagrins. Par exemple, vous surprotégez votre enfant de 2 ans si vous le prenez dans vos bras pour monter ou descendre les escaliers. Lui montrer les gestes à faire et le laisser monter ou descendre, en restant à côté de lui pour l’aider en cas de besoin, permet de le protéger sans le surprotéger.

C’est la même chose pour l’apprentissage des boucles. Vous pouvez le faire au début lorsque votre enfant n’est pas capable de le faire lui-même. Toutefois, lorsqu’il est plus vieux, montrez-lui comment attacher ses souliers et laissez-le essayer. Restez avec lui pour le guider et l’aider au besoin jusqu’au jour où il sera capable de le faire seul.

Pourquoi certains parents sont-ils surprotecteurs?

Plusieurs parents se montrent surprotecteurs envers leur enfant, car ils veulent lui éviter d’avoir à affronter des situations difficiles ou inquiétantes. D’autres parents peuvent être surprotecteurs en raison de leur personnalité anxieuse ou inquiète, de leur vécu ou de la façon dont ils ont été élevés. Dans certains cas, les parents surprotecteurs ont déjà vécu un événement grave et traumatisant.

Dans la mesure du possible, ne tenez pas compte des opinions alarmistes et ayez recours à votre jugement pour départager les dangers réels de ceux qui n’en sont pas. Si vous souffrez d’anxiété, cela peut être difficile à faire. Vous fier à des données vérifiées peut alors vous aider à réaliser que vos peurs, parfois irrationnelles, ne sont pas forcément vraies. En parler avec des proches ou des personnes de confiance peut aussi vous aider à prendre du recul et à voir la situation de façon plus objective.

Conséquences de la surprotection pour l’enfant

Lorsque vous surprotégez votre enfant, il se sent dépendant de vous, ce qui peut nuire au développement de son autonomie. Par exemple, si vous le nourrissez encore à la cuillère alors qu’il est capable de manger tout seul, il pourrait finir par croire qu’il a besoin de vous pour manger.

De plus, en l’empêchant de faire certaines choses ou d’affronter certaines situations désagréables, vous lui envoyez le message que vous ne croyez pas en ses capacités. Même si vous pensez bien faire, surprotéger votre enfant peut donc lui donner l’impression qu’il est incompétent.

L’importance d’explorer et de faire des erreurs

Enfant qui développe son autonomie

De 9 mois jusqu’à l’âge de 3 ou 4 ans, votre enfant est curieux et très actif. Il fouille partout et apprend beaucoup de tous les objets. Par exemple, il remarque leurs formes, leurs textures, le bruit qu’ils font quand ils frappent le sol, etc. Ces découvertes sont essentielles pour le développement de son intelligence.

Pour cette raison, laissez votre tout-petit explorer son environnement à son goût en lui réservant, par exemple, un tiroir ou une armoire qui ne contient pas d’objets dangereux (approche protectrice), plutôt que de condamner tous les tiroirs et armoires pour lui éviter un possible danger (approche surprotectrice). L’organisation de l’environnement permet de favoriser l’exploration de façon sécuritaire.

Il est aussi tentant de surprotéger votre tout-petit en l’empêchant de commettre des erreurs ou en lui faisant croire que sa faute n’en est pas une pour éviter qu’il se sente dévalorisé. Commettre des erreurs et trouver les solutions pour les corriger permet pourtant à votre enfant de faire des apprentissages et de se responsabiliser.

Par exemple, si votre tout-petit renverse du lait en remplissant son verre, proposez-lui gentiment de vous aider à nettoyer. Il apprend ainsi que le nettoyage est un geste normal à la suite d’un dégât. Lorsqu’il prend conscience de sa maladresse ou de son dégât, il cherche aussi à trouver de nouvelles stratégies pour ne pas recommencer. Cela lui permet de développer son intelligence et ses connaissances.

Laissez-le se tromper tout en l’aidant à comprendre son erreur. Par exemple, dites-lui : « Pourquoi crois-tu que le lait a coulé par terre? Que faudrait-il faire pour que la prochaine fois le lait reste dans le verre? »

N’hésitez donc pas à laisser votre enfant faire une tâche s’il vous dit qu’il est capable, même si le résultat risque d’être imparfait. S’il veut s’habiller seul, les couleurs de ses vêtements ne s’agenceront peut-être pas toujours bien. Ne vous arrêtez toutefois pas à ce détail, réjouissez-vous plutôt devant ses nouvelles habiletés.

De même, si vous êtes témoin d’un conflit entre votre enfant et son ami, vous pourriez vouloir intervenir sur-le-champ, car voir votre enfant triste, déçu ou en colère n’est pas agréable. Pourtant, ces émotions font partie de la vie et votre enfant doit apprendre petit à petit à les reconnaître, à les exprimer et à les gérer de façon autonome.

Au lieu d’essayer de régler le conflit, tendez l’oreille afin d’entendre comment les enfants s’organisent entre eux et intervenez ensuite au besoin. Par exemple, vous pourriez les encourager à dire ce qu’ils n’ont pas aimé de la situation à l’origine du conflit.

Le jeu libre et risqué

Jeu libre et risqué

Voir son enfant prendre certains petits risques lorsqu’il joue peut d’ailleurs pousser certains parents à adopter un comportement surprotecteur. Pourtant, le jeu libre et risqué est bénéfique, entre autres, pour le développement de l’autonomie, de l’estime de soi, du sentiment de compétence, de la créativité, etc.

Empêcher un enfant téméraire d’expérimenter des activités plus risquées augmente d’ailleurs son désir de les faire. Il risque aussi de tenter de faire ces activités en l’absence de ses parents, ce qui n’est pas souhaitable pour sa sécurité. Pour cette raison, il est préférable de laisser faire l’enfant, le guider, le superviser et intervenir en cas de danger réel.

Voici ce que vous pouvez faire pour protéger votre enfant lors de ses jeux libres sans le surprotéger :

  • Déterminez ce qui est permis et ce qui est interdit.
  • Demandez à votre enfant de vérifier auprès de vous s’il a le droit de faire telle cascade avant de se lancer (ex. : avant de monter par-dessus le module au parc).
  • Restez près de votre enfant pour pouvoir réagir s’il a besoin de vous.
  • Rappelez à votre enfant que vous êtes là s’il a soudainement peur ou qu’il a besoin d’aide pour se sortir d’une situation risquée.

Quand les parents n’ont pas la même vision

Il est rare que les deux parents partagent exactement la même vision quant à l’éducation de leur enfant. Ne vous inquiétez pas si votre partenaire se montre plus ou moins protecteur que vous envers votre tout-petit. La plupart du temps, les façons de faire des parents se complètent. Le plus important est de respecter les différences de l’autre et de ne pas débattre de cette question devant votre enfant. Sinon, votre tout-petit pourrait vivre de l’insécurité et se sentir tiraillé entre vous.
Pour vous entendre sur des prises de risque acceptables, consultez notre fiche Tolérance au risque: comment s’entendre entre parents?

À retenir

  • Un enfant surprotégé se sent dépendant de ses parents, ce qui peut nuire au développement de son autonomie.
  • Lorsqu’il explore et commet des erreurs, l’enfant fait de nombreux apprentissages et développe son intelligence.
  • Empêcher un enfant de vivre les moindres blessures ou chagrins n’est pas recommandé.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Octobre 2022

 

Photos : iStock.com/Michelle Gibson, GettyImages/PeopleImages et Elena Kurkutova

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • ARON, Elaine. Parents hypersensibles : comment faire de l’émotivité un atout. Montréal, Éditions de l’Homme, 2020, 296 p.
  • ASSOCIATION CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE. Le jeu risqué, essentiel au développement de l’enfant. 2016. cpha.ca
  • BERNÈCHE, Dominique. Les belles combines : astuces géniales pour famille d’aujourd’hui. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2021, 240 p.
  • DESLAURIERS, Stéphanie. Le bonheur d’être un parent imparfait. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2017, 192 p.
  • PARACHUTE. Jeux extérieurs non structurés et jeux risqués. 2022. parachutecanada.org
  • RADIO-CANADA. Émission Médium large. Parents d’enfants casse-cous : table ronde, 2017. ici.radio-canada.ca

Livres pour enfants

  • OLDLAND, Nicholas. Le castor qui travaillait trop fort. Markham, Éditions Scholastic, 2011, 32 p.
  • OLDLAND, Nicholas. L’orignal qui avait la frousse. Markham, Éditions Scholastic, 2010, 32 p.
  • SCHOENBORN, Mélina. Bob le bobo. Montréal, Éditions la courte échelle, 2020, 24 p.

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