L'angoisse de séparation

L'angoisse de séparation
Votre bébé a peur des étrangers et il pleure si vous vous éloignez? C’est l’angoisse de séparation.


Si votre enfant a plus de 3 ans, consultez notre fiche L’anxiété de séparation chez l’enfant.

Qu’est-ce que l’angoisse de séparation?

L’angoisse de séparation est une étape normale du développement des enfants. Elle survient habituellement vers 8 mois, mais parfois avant cet âge.

Lors de cette étape, les pleurs et la peur du bébé augmentent lorsqu’il réalise qu’il est loin de la personne qui le nourrit, qui prend soin de lui et qui le réconforte tous les jours. Le bébé peut réagir davantage quand la séparation se passe dans un nouvel endroit, car il recherche la sécurité réconfortante des personnes qu’il connaît bien et des endroits familiers.

À cet âge, le bébé reconnaît de mieux en mieux les visages familiers (parents, frère, soeur, grands-parents, gardiens). Il se méfie des personnes qu’il ne connaît pas et cherche la présence rassurante de ses parents.

Le développement de sa mémoire et de sa capacité de raisonnement lui permet aussi de prévoir un événement. Le bébé s’attend donc à ce que les choses se passent de la manière habituelle. C’est pourquoi il manifeste son malaise quand il est séparé de l’un de ses parents.

Durant cette période de développement, le bébé qui souriait à tous les étrangers a désormais plutôt l’air sérieux et intimidé en présence d’inconnus. C’est ce que les spécialistes appellent la peur de l’étranger.

L’angoisse de séparation : pareille envers les deux parents?

Le bébé vit l’angoisse de séparation envers les deux parents, mais il peut en ressentir davantage envers celui qui passe le plus de temps avec lui. Un bébé peut aussi réagir quand il est séparé d’un parent pour être confié à l’autre parent. Même si cela peut être difficile pour les parents, cette réaction est fréquente et tout à fait normale. Elle disparaîtra au fil du temps.

Dans beaucoup de familles, un des parents passe plus de temps à prendre soin du bébé durant la première année de vie. Cette proximité favorise la création d’un premier lien d’attachement, et certaines petites habitudes se développent.

Le bébé est par ailleurs rassuré par la routine et les gestes familiers, donc par ce qu’il connaît. C’est pourquoi il veut demeurer auprès du parent qui le berce, le porte et le nourrit le plus souvent. Il aime retrouver son timbre de voix, son odeur et la manière de faire qui lui est la plus familière et habituelle. Ce lien n’empêche toutefois pas la création d’un lien d’attachement sécurisant avec l’autre parent.

Pourquoi votre bébé pleure-t-il lorsque vous quittez la pièce?

La capacité de votre bébé de se représenter où vous vous trouvez dans la maison se développe, et cette compréhension le rassure. Cependant, votre bébé préfère encore compter sur votre présence rassurante auprès de lui pour se sentir sécurisé. Par exemple, si vous vous dirigez vers la cuisine pour aller chercher un verre d’eau, votre enfant peut réagir en pleurant quand vous vous éloignez. Le son de votre voix qui dit de la cuisine : « Je reviens » et le bruit familier de l’eau qui coule l’aide à comprendre que vous reviendrez, ce qui peut l’aider à se calmer.
Toutefois, quand vous quittez la maison ou que vous le confiez à une autre personne à l’extérieur de la maison (ex. : garderie), votre bébé ne comprend pas bien ce qui vous arrive quand il n’est plus auprès de vous. Il ne vous voit plus, ne peut pas bien se représenter où vous êtes et n’arrive pas à bien comprendre que vous reviendrez. Cette perte de repères l’angoisse.

Quand est-ce que l’angoisse de séparation se termine?

L’angoisse de séparation peut se prolonger jusqu’à l’âge de 18 mois. Elle diminue ensuite petit à petit.

Parfois, les premières réactions observées vers 8 mois disparaissent et reviennent par périodes. Cela peut se produire lorsqu’un événement perturbe les habitudes de votre enfant, par exemple des changements récents dans le milieu de garde; l’absence prolongée d’un parent; un déménagement, ou l’arrivée d’un petit frère. Pour se sentir en sécurité, votre enfant veut alors être près de vous, et les séparations sont plus difficiles.

Comment se manifeste l’angoisse de séparation?

Voici comment votre bébé peut réagir durant cette période. Il peut :

  • se mettre à pleurer lorsqu’il ne vous voit plus, quand vous le laissez seul dans une pièce ou en présence d’une personne qu’il ne connaît pas ou peu
  • ne plus sourire au premier venu et ne plus vouloir être dans les bras de n’importe qui
  • s’agiter, pleurer ou devenir très observateur quand vous l’amenez dans de nouveaux endroits. Par inquiétude, il peut se mettre à surveiller vos gestes et à avoir peur que vous partiez sans lui
  • se remettre à se réveiller ou à réclamer votre présence auprès de lui la nuit.

Les enfants ne vivent pas tous l’angoisse de séparation avec la même intensité. Ceux qui sont habitués à voir beaucoup de monde traversent souvent plus facilement cette période. La personnalité a aussi son rôle à jouer : certains enfants sont plus craintifs de nature, alors que d’autres sont plus sociables.

Comment l’aider à traverser la période de l’angoisse de séparation?

Petit à petit, votre bébé s’habituera aux situations et aux personnes nouvelles. Il apprendra aussi à se détacher de vous. Voici ce que vous pouvez faire pour diminuer son anxiété :

  • Donnez-lui le temps de s’adapter à un endroit nouveau ou à des gens qu’il ne connaît pas. Prenez le temps de leur parler pour que votre bébé s’habitue à eux.
  • Habituez votre bébé à voir différentes personnes, mais ne le forcez pas à se faire prendre par quelqu’un d’autre.
  • S’il veut se coller à vous devant des étrangers, câlinez-le. N’hésitez pas à le rassurer et à le prendre dans vos bras quand il a peur.
  • Jouez à « coucou » en cachant votre visage derrière une couverture ou en jouant à la cachette derrière le cadre de porte ou le fauteuil. Ce jeu permet à votre bébé de mieux comprendre où vous êtes quand il ne vous voit pas.
  • Si vous faites garder votre bébé, confiez-le, si possible, à quelqu’un qu’il connaît et qui sera capable d’accueillir son chagrin au moment du départ, de le prendre, de le réconforter et, ensuite, de l’amener faire une activité qui suscitera son intérêt et l’aidera à s’apaiser.
  • Évitez de partir quand votre enfant ne regarde pas ou quand il dort. Il risque de vivre cela comme un abandon.
  • Avant de partir, donnez à votre bébé un toutou ou une couverture qu’il aime ou un vêtement imprégné de votre odeur. Ce sera une source de réconfort pour lui.
  • Au moment du départ, dites-lui au revoir tout en lui expliquant pourquoi vous partez et ce qui va se passer durant votre absence. Mentionnez-lui que vous reviendrez bientôt avec un repère concret dans le temps, par exemple : « On se revoit après ta sieste. » Vous pouvez aussi lui expliquer qu’il sera bien avec la personne qui le garde et qu’elle s’occupera bien de lui.
  • S’il pleure et s’accroche à vous, prenez le temps de le réconforter et de le serrer dans vos bras. Votre étreinte l’apaisera. Continuez de lui parler sur un ton calme. Quand il est apaisé, proposez-lui des jouets ou des activités qui susciteront son intérêt. La personne à qui vous le confiez pourra alors vous rejoindre dans le jeu, ce qui facilitera votre départ.
  • Lorsque vous le faites garder à la maison, demandez à la personne qui le garde d’arriver de 15 à 30 minutes avant l’heure de votre départ. Elle pourra ainsi faire des activités avec lui pendant que vous êtes encore à la maison.
  • Montrez à votre bébé que vous vous sentez en confiance lorsque vous le faites garder par quelqu’un. Sinon, il ressentira votre angoisse et cela ne fera qu’augmenter la sienne.
  • Aidez votre tout-petit à jouer de manière autonome. Installez-le avec ses jouets près de vous lorsque vous cuisinez ou que vous lisez, par exemple. Il prendra peu à peu confiance en lui tout en sachant que vous êtes tout près.

Si vous êtes séparés

Voici ce que vous pouvez faire pour aider votre tout-petit s’il est en garde partagée durant la période de l’angoisse de séparation :
  • Optez pour des journées rapprochées d’alternance de garde, si c’est possible, afin d’éviter que votre tout-petit soit séparé trop longtemps de vous et de l’autre parent.
  • Maintenez la même routine (heure des repas, du bain, du coucher) chez les deux parents pour sécuriser votre enfant. S’il va dans un milieu de garde, il est aussi préférable d’avoir le plus possible les mêmes heures d’arrivée et de départ.
  • Veillez à ce que votre enfant ait sa couverture, son toutou ou son jouet préféré avec lui aux deux endroits.
  • Donnez-lui un vêtement imprégné de votre odeur lorsqu’il part chez l’autre parent.
  • Laissez une photographie de l’autre parent dans sa chambre.

Entrée à la garderie et angoisse de séparation

Si votre enfant commence la garderie durant la période d’angoisse de séparation, vous devez l’habituer peu à peu à votre absence. Voici quelques conseils qui l’aideront à mieux vivre la situation :

  • Visitez la garderie avec votre enfant avant sa première journée. Restez ensemble le temps qu’il faut pour découvrir l’endroit et pour faire connaissance avec les personnes qui s’y trouvent. Lorsque vous l’y laisserez pour la première fois, ce ne sera pas un endroit totalement nouveau pour lui.
  • Accompagnez votre enfant dans son local la première journée si le milieu de garde le permet. Profitez-en pour jouer avec lui et pour discuter avec l’éducatrice. Il se sentira davantage en confiance de rester dans un milieu où il a d’abord pu profiter de la présence rassurante de son parent.
  • Commencez par le laisser pour de courtes périodes à la fois, une heure ou deux les premières journées, puis une demi-journée. Votre enfant s’habituera ainsi peu à peu à ce nouvel environnement, et ses réactions diminueront et feront place au plaisir de la découverte.
  • N’éternisez pas le moment du départ une fois que votre tout-petit est bien intégré à sa garderie et qu’il a un bon lien avec son éducatrice. Prenez un moment pour câliner votre enfant, le rassurer et lui dire qu’il est entre bonnes mains. Puis, laissez-le s’installer avec un jouet ou avec l’éducatrice et quittez les lieux. Si vous restez trop longtemps, il aura de la difficulté à comprendre que vous partiez rapidement les jours suivants. Si vous souhaitez demeurer un peu sur place avec lui, faites-le au moment de votre retour.
  • Ne lui en voulez surtout pas si, quand vous allez le chercher le soir, il pleure ou vous ignore. Il a besoin de s’adapter à votre retour, et ses sentiments sont parfois contradictoires. Il a probablement eu une belle journée, mais il a peut-être connu de l’ennui aussi. Attendez qu’il vienne à vous de lui-même.

À retenir

  • L’angoisse de séparation est une étape normale du développement des enfants. Elle survient vers l’âge de 8 mois et se termine vers 18 mois.
  • Lors de cette période, votre bébé est rassuré par votre présence. C’est pourquoi il peut réagir lorsqu’il est séparé de vous.
  • Vous pouvez aider votre bébé à réduire son angoisse en lui donnant beaucoup d’affection et en l’habituant tranquillement à des personnes et à des situations nouvelles.
Naître et grandir

Révision scientifique : Chloé Gaumont, M. Sc., psychoéducatrice
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Septembre 2022

Photos : GettyImages/PeopleImages et ljubaphoto

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • ASSOCIATION MÉDICALE CANADIENNE. Mon bébé, je l’attends, je l’élève : de la conception à l’âge de trois ans. Montréal, Éditions Sélection du Reader’s Digest, 2012, 266 p.
  • INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC. Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans : guide pratique pour les mères et les pères. www.inspq.qc.ca
  • SHAFFER, David R. et autres. Developmental psychology, infancy and childhood. 5e éd., Toronto, Éditions Nelson, 2020, 613 p.
  • SUNDERLAND, Margot. La science au service des parents : comprendre et élever son enfant grâce aux avancées scientifiques. N. éd., Montréal, Éditions Hurtubise, 2016, 288 p.
  • ZEANAH, Charles H. Handbook of Infant Mental Health. 4e éd., New York, The Guilford Press, 2018, 678 p.

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