Quel est votre style parental?

Il n’y a pas de mode d’emploi quand on devient parent. Il n’y a pas non plus de parent parfait; tous les parents ont de bonnes et de mauvaises journées! Il y a toutefois des attitudes à favoriser pour le bien-être de son enfant.

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Les 4 principaux styles parentaux

Il existe quatre principaux styles parentaux, selon les recherches en psychologie : les styles démocratique, autoritaire, permissif et désengagé.

Par Nathalie Vallerand

Il existe quatre principaux styles parentaux, selon les recherches en psychologie : les styles démocratique, autoritaire, permissif et désengagé. Ces styles sont définis selon trois ingrédients importants pour le développement des enfants.

En effet, pour bien se développer, un tout-petit a avant tout besoin de parents :

  • Chaleureux : lorsque vous agissez avec chaleur et bienveillance avec votre tout-petit, il se sent aimé et accepté.
  • Encadrants : lorsque vous établissez des règles claires cela rassure votre enfant et l’aide à se sentir en sécurité.
  • Empathiques : lorsque vous respectez les idées, les sentiments et les initiatives de votre enfants, cela l’aide à faire des choix et à se fixer des buts. C’est ce qu’on appelle le soutien à l’autodétermination.

« Il s’agit de trois ingrédients essentiels à procurer aux enfants », affirme Mireille Joussemet, psychologue, chercheuse et professeure à l’Université de Montréal. Parmi les quatre principaux styles parentaux, c’est le style démocratique qui présente le meilleur équilibre entre la chaleur, l’encadrement et le soutien à l’autodétermination. Il est donc à privilégier.

Marielle M’Bangha, maman de Samuel, 6 ans, et de Piernelle, 3 mois, a justement adopté le modèle démocratique. « J’élève mes enfants dans le respect de qui ils sont. Je les encourage à exprimer leurs émotions et leurs préférences, à poser leurs limites, à s’affirmer. Je veux qu’ils aient confiance en eux. »

Samatar Abdillahi et Christophe Furstoss s’efforcent, eux aussi, d’être à l’écoute de leur fille de 3 ans et de la laisser remettre les choses en question. Mais ça ne veut pas dire que leur petite Sarah peut faire tout ce qu’elle veut. Dans les familles démocratiques, il y a des règles à respecter. « Par exemple, notre fille veut parfois manger à la petite table du salon, mais pour nous, manger tous ensemble à table le soir, c’est non négociable », dit Samatar.

De son côté, le parent autoritaire exerce beaucoup de contrôle, mais démontre peu de chaleur et de soutien à l’autodétermination. « Il aime son enfant, bien sûr, mais il valorise l’obéissance, dit la psychologue Nathalie Parent. Il a tendance à punir sans donner d’explications. » Souvent, ses exigences sont aussi trop élevées par rapport au stade de développement de son tout-petit. Le parent permissif, pour sa part, recherche l’affection de son enfant et lui en donne beaucoup, mais a du mal à lui imposer des limites. Il agit davantage comme un ami que comme un parent.

Quant au parent désengagé, il offre très peu ou pas du tout de chacun des trois ingrédients importants pour les tout-petits. Il peut être plus difficile de s’engager auprès de ses enfants lorsqu’on a eu une enfance difficile. Il faut alors apprendre à donner ce qu’on n’a pas reçu. Une attitude désengagée peut également s’expliquer par des problèmes de santé mentale ou de dépendance, ou par une vie professionnelle trop prenante.

Mélange de styles

Même s’il existe une définition pour chaque style parental, la réalité est plus nuancée. Il existe aussi d’autres styles parentaux, comme le parent surprotecteur ou le parent perfectionniste. Peut-être êtes-vous même un mélange de plusieurs de ces styles. Dans la vraie vie, la plupart des parents réunissent les caractéristiques de différents styles avec une prédominance pour un.

Par exemple, Hugo Sierra, papa d’Eduardo, 3 ans, a tendance à être surprotecteur, mais il est aussi permissif de temps à autre… et même autoritaire. « Il a de la difficulté à être ferme pour faire respecter la routine, raconte sa conjointe, Bibiana Pulido. Alors, notre fils étire l’élastique jusqu’au moment où son père s’énerve et bascule dans l’autorité. »

Le parent démocratique voit la discipline comme un moyen d’aider l’enfant à réparer un geste inadéquat ou d’apprendre quelque chose.

Du côté de Christophe et Samatar, le modèle démocratique se mélange avec une petite dose de permissivité. Les papas achètent, par exemple, des bonbons à leur fille chaque fois qu’ils font des courses avec elle. « On aimerait casser cette habitude, dit Christophe. Mais on choisit la facilité plutôt que d’affronter la crise. »

Il est normal qu’un parent soit sévère sur certaines choses, mais plus permissif sur d’autres. Mireille Joussemet ajoute : « Le style parental peut aussi varier d’une journée à l’autre. Vous pouvez être démocratique la plupart du temps, mais vous montrer moins patient et plus contrôlant lorsque vous êtes fatigué, par exemple. »

L’important, selon la professeure en psychologie, c’est de trouver un équilibre entre la chaleur, l’encadrement et le respect offerts à l’enfant. « Votre tout-petit n’a pas besoin d’un parent parfait, mais plutôt d’un parent suffisamment bon », souligne-t-elle.

Comment adopter un style démocratique?

Il est possible de modifier votre approche avec votre tout-petit pour devenir plus démocratique et favoriser son bien-être.

Le style démocratique est le plus bénéfique pour les enfants, selon les recherches en psychologie. Il favorise, entre autres, les habiletés sociales, l’estime de soi et la gestion des émotions.

Un enfant élevé par un parent démocratique aurait en effet plus de facilité à se faire des amis, en plus d’être moins à risque de souffrir d’anxiété ou d’avoir des troubles de comportement, comme l’opposition ou l’agressivité.

À l’inverse, les autres modèles parentaux sont associés à des effets négatifs sur les tout-petits. Par exemple, l’enfant d’un parent permissif peut devenir anxieux parce qu’il n’a pas de limites. Et comme il n’est pas habitué à fonctionner dans un cadre, « il risque d’avoir de la difficulté à suivre les règles à la garderie et à l’école », dit Nathalie Parent.

Pour sa part, l’enfant d’un parent trop autoritaire peut développer une mauvaise estime de soi et croire qu’il n’est pas important, car ce qu’il pense et ressent n’est pas suffisamment pris en compte. « Il peut avoir une relation difficile avec son parent et se rebeller à l’adolescence », ajoute la psychologue.

Si vous êtes de type permissif ou autoritaire, il est important de ne pas vous sentir coupable. Il est possible de modifier votre approche avec votre tout-petit pour devenir plus démocratique et favoriser son bien-être. Voici quelques suggestions :

  • Donner de l’attention positive à votre enfant. Par exemple : souligner ses bons comportements et ses efforts, l’écouter raconter sa journée au retour de la garderie, le faire participer à la préparation du repas, etc.
  • Prendre le temps de jouer avec lui tous les jours. « Cela contribue à solidifier le lien et à créer une relation positive, souligne Nathalie Parent. Votre enfant sentira qu’il compte pour vous. »
  • Lui expliquer les règles et les limites. Votre tout-petit sera plus coopératif s’il connaît la raison derrière une consigne. « Pour faire comprendre à mon fils pourquoi il faut se brosser les dents, je lui ai parlé des caries, dit Bibiana, maman d’Eduardo. Depuis, il veut toujours les brosser! » Fournir une explication à votre enfant l’aide à être en accord avec votre demande. « Comme il y trouve un sens, il peut s’approprier la règle et la suivre de son plein gré, même si elle ne lui procure pas de plaisir », explique la professeure en psychologie Mireille Joussemet.
  • Reconnaître ses sentiments et son point de vue. Même si l’enfant comprend l’importance d’une règle, il ne l’aimera pas forcément! Il est important d’être à l’écoute des émotions de votre enfant, même lorsque celles-ci sont difficiles à entendre. Par exemple, quand vous demandez quelque chose à votre enfant, vous pouvez lui dire : « C’est ennuyant de ranger ses jouets, ce n’est pas drôle d’arrêter de jouer. » S’il se sent compris, il sera plus disposé à accomplir la tâche.
  • Appliquer les règles avec constance. Votre enfant saura alors à quoi s’attendre. Éviter aussi de défaire l’intervention de votre partenaire. « Souvent, ma fille va se plaindre à son autre papa, dit Christophe, père de Sarah. L’autre ne change pas la règle, mais il écoute ce qu’elle a à dire. Ça la console. »
  • Lui donner un peu de pouvoir. Votre enfant a besoin d’avoir du contrôle sur ses actions et de prendre de petites décisions par lui-même. « À table, je demande à mon fils de goûter à tout, mais je ne le force pas à manger un aliment qu’il n’aime pas », dit Marielle, maman de Samuel. De son côté, Bibiana encourage les initiatives de son fils, comme la fois où il a décidé de faire un appel vidéo avec sa grand-maman pour lui faire visiter la maison. Les papas de Sarah, eux, laissent leur fille choisir les vêtements qu’elle va porter. « Ce n’est pas grave s’ils sont dépareillés, pourvu qu’ils soient de saison », dit Samatar. Offrir des choix est aussi une bonne stratégie pour obtenir la collaboration d’un enfant (ex. : « Veux-tu ranger tes jouets avant ou après le bain? »).
  • Avoir des attentes adaptées à l’âge et aux capacités de votre enfant. Si votre enfant a trop de pression, il peut se décourager, devenir anxieux et croire qu’il n’est pas bon. Des attentes réalistes lui permettront de vivre des succès et d’augmenter sa confiance en lui.
Le style parental n’explique pas tout
Même si votre style a un impact important sur les comportements et le bien-être de votre enfant, d’autres facteurs entrent en jeu. Son tempérament et son entourage jouent aussi un rôle, de même que sa perception sur la façon dont vous le traitez. Le comportement de votre tout-petit peut aussi influencer votre style. Par exemple, les parents d’enfants particulièrement difficiles ou agressifs peuvent devenir plus autoritaires ou, au contraire, finir par renoncer à mettre des limites.

Quand les parents n’ont pas le même style parental

Quelles sont les conséquences sur l’enfant? Et sur le couple? Est-ce mieux d’avoir un style semblable?

Quelles sont les conséquences sur l’enfant? Et sur le couple? Est-ce mieux d’avoir un style semblable?

Il est normal qu’il y ait des différences entre les deux parents. « Ces différences permettent aux parents de se compléter et de réfléchir sur soi, indique la psychologue Nathalie Parent. De plus, être en contact avec des personnes ayant des approches différentes apprend à l’enfant à s’adapter et l’aide à développer ses habiletés sociales. »

Cependant, avoir des styles trop différents peut poser problème. Par exemple, si un parent est très permissif et l’autre très autoritaire, le tout-petit va souffrir d’un manque de cohérence et de constance. Il peut vivre du stress, être anxieux et avoir des comportements dérangeants. « L’enfant peut aussi se rapprocher d’un parent et s’opposer à l’autre », ajoute Nathalie Parent.

De grandes différences dans la manière d’éduquer un enfant peuvent entraîner des conflits et créer une distance entre les partenaires. « Lorsque les frustrations s’accumulent, le sentiment amoureux peut en souffrir », prévient la psychologue.

Se parler au lieu de se disputer

Comment gérer les désaccords? « Il faut en parler avec son partenaire, mais pas devant l’enfant, car cela risque de l’inquiéter et de le perturber », dit Nathalie Parent. Elle conseille d’aborder les problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent tout en restant ouvert au point de vue de l’autre.

L’idée n’est pas d’être celui qui a raison, mais de trouver comment fonctionner comme parents pour assurer le bien-être de l’enfant. Par exemple, vous pouvez parler de ce qui a été bon dans l’éducation que vous avez reçue, de vos valeurs et des besoins de votre enfant. « Reconnaissez aussi que votre partenaire est différent de vous et nommez ce qu’il fait de bien avec votre enfant, suggère la psychologue. Essayez ensuite de voir comment chacun pourrait assouplir certains de ses principes pour soutenir l’autre dans son rôle de parent. »

À retenir
  • Un équilibre entre la chaleur, l’encadrement et le respect des idées et des sentiments de votre enfant l’aide à bien se développer.
  • Le style parental démocratique est le plus bénéfique pour l’épanouissement de votre enfant.
  • Si votre partenaire et vous avez des styles très différents, essayez de vous entendre sur un juste milieu.

 

Naître et grandir

Source : magazine Naître et grandir, juillet-août 2021
Recherche et rédaction : Nathalie Vallerand
Révision scientifique : Geneviève A. Mageau, Professeure titulaire, Département de psychologie, Université de Montréal

 

RESSOURCES

Livres pour les parents

  • Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, A. Fader et E. Mazlish, Éditions du Phare, 2012, 408 p.
  • Le bonheur d’être un parent imparfait, S. Deslauriers, Guy Saint-Jean Éditeur, 2017, 192 p.

 

Photos (dans l’ordre) : Maxim Morin, GettyImages/Liderina, Maxim Morin, GettyImages/Seventyfour