Voici ce que vous pouvez faire pour partager de façon plus sécuritaire.
Dans ce contexte, peut-on encore partager des photos et des vidéos ou faut-il l’éviter complètement ? Selon Marie-Pier Jolicoeur, chargée de cours, doctorante en droit à l’Université Laval et collaboratrice au Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (CIEL), il ne sert à rien de dramatiser. « Deux éléments entrent en opposition, dit-elle, soit notre liberté de publier, en tant que parents, et la vie privée de nos enfants. Il faut équilibrer ces deux éléments. Ça ne veut pas dire qu’il faut cesser de partager, mais il faut mieux partager ».
Voici ce que vous pouvez faire pour partager de façon plus sécuritaire :
Éviter les publications qui montrent votre enfant dans certaines situations.
Avant de partager quelque chose concernant un enfant, il est important de se mettre dans sa peau, dit Marie-Pier Jolicoeur. Autant que possible, ne publiez pas de photos de votre enfant dans une situation embarrassante (ex. : en pleine crise). Ne publiez pas non plus de photos où il est nu, complètement ou en partie (ex. : dans le bain, sur le petit pot). Demandez-vous : « Ce que je publie pourrait-il mettre mal à l’aise mon enfant ou lui nuire plus tard? »
Vous pouvez aussi ouvrir le dialogue avec votre enfant et lui demander son accord. Cela lui montre tôt comment utiliser sainement Internet et les réseaux sociaux, selon Marie-Pier Jolicoeur. Ainsi, il pourra lui-même protéger son image et ses renseignements personnels lorsqu’il sera plus grand. Il n’y a pas un âge précis pour demander son accord à un enfant : cela dépend de sa maturité et de son tempérament.
Limiter le nombre de publications et ne pas partager certaines informations.
« Posez-vous la question : “Est-ce une si bonne idée d’inonder Internet de photos de mes enfants? À qui et à quoi cela sert-il?” », lance René Morin. Il faut aussi éviter de publier des renseignements personnels, comme le nom de votre enfant, sa date de naissance, son adresse, le nom de son animal de compagnie, ses émissions préférées, ses problèmes de santé… Sachez qu’une photo est aussi considérée comme un renseignement personnel.
Resserrer vos paramètres de confidentialité et privilégier les plateformes privées.
Les experts croient aussi qu’il faut resserrer les paramètres de confidentialité de nos réseaux sociaux en choisissant l’option « Profil privé ». Par ailleurs, vous gagneriez à privilégier les plateformes privées pour partager les photos de votre enfant, comme les courriels, les textos, Messenger, WhatsApp ou les groupes privés sur Facebook. C’est plus sécuritaire, même s’il n’y a pas de garantie, rappelle Marie-Pier Jolicoeur.
Sécuriser vos comptes
Publier des photos, des vidéos et des informations sur votre enfant sur les réseaux sociaux peut être dangereux. Pour diminuer ces risques, une première étape importante est de configurer vos comptes en mode « Profil privé ». Notre guide, simple et pratique, vous montre comment faire, étape par étape :
Guide pour sécuriser vos comptes sur les réseaux sociaux Sensibiliser vos proches.
Préoccupés par la question de l’empreinte numérique, certains parents adoptent des comportements plus prudents. Toutefois, ce n’est pas toujours le cas de leur entourage. Il est donc essentiel de communiquer vos attentes et vos besoins à vos proches. C’est ce qu’a fait Marie-Catherine, mère de jumeaux de 4 ans.
« Après une fête d’enfants chez des voisins, j’ai vu passer la photo de mes fils sur Facebook, raconte la maman de 44 ans. Je n’étais pas super contente. J’ai pris le temps d’expliquer à mes amis qu’ils devaient me demander la permission avant de publier quoi que ce soit sur mes enfants. Ils ne voulaient pas mal faire, ils n’y avaient tout simplement pas pensé. »
Selon Marie-Pier Jolicoeur, du CIEL, les mentalités évoluent et les gens sont de plus en plus sensibilisés aux dangers liés à la publication de photos et de vidéos de mineurs. « On peut dire à nos proches qu’on souhaite agir afin de prévenir les conséquences néfastes, conclut-elle. L’important, c’est d’en parler pour les sensibiliser et ouvrir la conversation. »
Connaissez-vous le droit à l’image?
Savez-vous qu’à moins que vous ne vous trouviez dans un endroit ou un événement public, personne ne peut diffuser une photo ou une vidéo de vous sans votre accord?
C’est ce qu’on appelle le droit à l’image. Les enfants ont eux aussi le droit à l’image : l’autorisation parentale est nécessaire pour publier et diffuser des images d’eux. En vertu du Code civil du Québec, il faut obtenir l’autorisation des deux parents, séparés ou pas, avant de publier des images de l’enfant. Seul bémol : la décision peut être prise par un seul parent s’il présume, de bonne foi, de l’accord de l’autre parent.