Parents et grands-parents: favoriser l'harmonie

De nos jours, les grands-parents ont moins de petits-enfants qu’avant. Ils ont donc tendance à s’impliquer davantage auprès d’eux. Mais quel est leur rôle au juste? Et quels bienfaits apportent-ils? Il arrive aussi que des conflits surviennent entre parents et grands-parents. Des experts donnent leurs conseils pour faire face aux situations difficiles.

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Le rôle et les bienfaits des grands-parents

De nos jours, les grands-parents ont moins de petits-enfants qu’avant. Ils ont donc tendance à s’impliquer davantage auprès d’eux. Mais quel est leur rôle au juste?

Par Nathalie Vallerand

« Plus de temps, plus de bras et plus d’amour. » C’est ainsi que Claudette Guilmaine, une travailleuse sociale et médiatrice familiale à la retraite, résume le rôle des grands-parents. « Leur apport est précieux autant pour les petits-enfants que pour les jeunes parents », dit-elle. En effet, les grands-parents sont une grande source d’affection et d’attention pour leurs petits-enfants. Ils peuvent aussi offrir du soutien affectif aux parents et les aider à s’occuper des enfants en plus de leur rendre toutes sortes de petits services.

Cependant, sauf dans de rares cas, le rôle éducatif revient aux parents. « Ça ne veut pas dire que les grands-parents doivent tout permettre à leurs petits-enfants, mais simplement que ce n’est pas à eux de les rendre responsables et autonomes », explique la psychologue Suzanne Vallières, coauteure du livre Le Psy-guide des grands-parents. Par exemple, il est préférable que les grands-parents évitent de se mêler des questions de discipline lorsque les parents sont présents.

Idéalement, la relation entre grands-parents et petits-enfants devrait être axée sur le jeu et le plaisir. Quand un enfant est avec sa mamie ou son papi, il dispose de toute son écoute et de son attention. Il se sent alors intéressant et important, ce qui favorise son estime de soi.

Des grands-parents bienveillants contribuent aussi à développer la sécurité affective de leur petit-enfant. « Ils deviennent des points de repère pour l’enfant qui est rassuré de savoir qu’il peut compter sur plusieurs adultes qui l’aiment », souligne la psychoéducatrice Stéphanie Deslauriers.

Un coup de main aux parents

Aller chercher l’enfant à la garderie de temps en temps, le garder lorsqu’il est malade ou lorsque ses parents ont besoin d’un répit, cuisiner un repas, faire des courses… Plusieurs grands-parents apportent de l’aide de différentes façons, ce qui permet aux parents de mieux concilier toutes leurs responsabilités et de vivre moins de stress.

« Les parents privés de cette ressource ont parfois de la difficulté à tout faire, constate Suzanne Vallières. D’ailleurs, on a vu au début de la pandémie combien les familles sont devenues rapidement essoufflées lorsqu’elles ne pouvaient plus compter sur les grands-parents. »

Le soutien des grands-parents peut aussi s’exprimer en offrant une oreille attentive lors des moments de questionnement, d’inquiétude ou de découragement. Une écoute qui permet aussi aux parents de se sentir moins seuls et d’évacuer leur trop-plein d’émotions.

Cependant, « il vaut mieux que les grands-parents donnent leur opinion concernant l’éducation des enfants seulement lorsque les parents le demandent », conseille Suzanne Vallières. Sinon, des tensions peuvent survenir. Des sujets comme la sécurité, les règles familiales, l’implication des grands-parents ou certaines valeurs des parents peuvent aussi créer des conflits. Vous trouverez des conseils pour savoir quoi faire dans ces situations dans les pages suivantes.

Surmonter les difficultés: 5 situations courantes

À la suite d’un appel à tous, des familles nous ont fait part de certaines situations difficiles. Voici des pistes de solutions pour améliorer les relations entre parents et grands-parents lorsque des tensions surviennent.

À la suite d’un appel à tous, des familles nous ont fait part de certaines situations difficiles. Voici des pistes de solutions pour améliorer les relations entre parents et grands-parents lorsque des tensions surviennent.

1- Absents ou trop présents : que faire?

« Notre fils est né au début de la pandémie. La situation a empêché ses grands-parents paternels de faire connaissance avec lui et, depuis, ils ne font rien pour le connaître. On a l’impression que notre enfant n’aura jamais de relation avec eux. Ça nous attriste et ça nous frustre beaucoup, son père et moi. » — Samia

La meilleure façon de voir les choses s’améliorer, c’est d’ouvrir la discussion. Mais attention : les grands-parents risquent d’être sur la défensive si vous leur reprochez ouvertement leur manque d’implication. L’idéal est plutôt d’aborder le sujet en disant ce que vous souhaitez, c’est-à-dire les voir plus souvent parce que vous trouvez important que votre enfant crée un lien avec eux.

Il est aussi utile d’essayer de comprendre pourquoi ils sont si peu présents dans la vie de votre enfant. Manquent-ils de temps? Ont-ils des problèmes de santé? Sont-ils mal à l’aise avec les bébés? Se sentent-ils prêts à être grands-parents? Ont-ils peur d’être envahis? Il se peut aussi qu’ils trouvent peu de satisfaction dans le rôle de grands-parents. Il est important de garder l’esprit ouvert. Peut-être avez-vous une part de responsabilité dans la situation? « Certains grands-parents prennent en effet leurs distances parce qu’ils ne peuvent pas s’occuper de leur petit-enfant sans que les parents essaient de tout contrôler », observe la psychologue Suzanne Vallières.

Selon ce que les grands-parents vous diront, vous verrez s’il est possible de vous voir plus souvent. Cependant, il est important de respecter leurs limites et leurs attentes. « On ne peut pas forcer une relation, dit la travailleuse sociale à la retraite Claudette Guilmaine. Parfois, il faut faire le deuil du grand-parent rêvé. »

Bien sûr, il est important de respecter aussi les limites des grands-parents dévoués et généreux de leur temps. « Les grands-parents ont le droit de dire non, insiste Claudette Guilmaine. Leur aide ne devrait jamais être tenue pour acquise. » Les parents devraient donc être reconnaissants envers eux et les remercier pour ce qu’ils font.

Quand un grand-parent prend beaucoup de place

La plupart des mamies et des papis sont fous de leurs petits-enfants. Normal qu’ils souhaitent les voir le plus souvent possible! Mais si leur grande présence vous envahit, il est souhaitable de mettre rapidement vos limites. Même chose si les grands-parents se mêlent de tout et se prennent pour les parents. Si vous ne dites jamais rien, votre sentiment de frustration risque d’augmenter et un conflit pourrait éclater.

Pour que la discussion se passe le mieux possible, il est toujours préférable d’éviter d’accuser l’autre et d’insister plutôt sur ce que vous voulez : « Nous avons besoin de plus d’intimité avec notre enfant… On veut que vous appeliez avant de venir… On apprécie votre aide, mais c’est à nous de prendre les décisions concernant l’éducation de notre enfant », etc. Il est aussi conseillé que chaque partenaire parle à ses propres parents seul à seul.

2- Sucreries et sécurité

« Quand mes enfants se font garder par leurs grands-parents, ils mangent mal et ils passent beaucoup de temps devant les écrans. Je compense par la suite en leur donnant plus de légumes et en réduisant le temps d’écran. Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est la sécurité de mes enfants.
Chez leurs grands-parents, les médicaments sont à la portée des enfants, l’accès à la piscine n’est pas sécurisé, les sièges d’auto sont mal installés... Quand je leur parle de mes craintes, ils répondent qu’ils ont déjà élevé des enfants et qu’il n’est jamais rien arrivé. » — Mélanie

Pour ce qui est des règles familiales, comme l’alimentation, les écrans, l’heure du dodo, etc., il est bon de relativiser comme le fait Mélanie. Si votre enfant voit sa grand-maman deux fois par mois et qu’elle lui donne des bonbons, est-ce si grave?

« Tant qu’il n’y a pas de danger pour la santé et la sécurité de votre tout-petit et que les grands-parents n’exagèrent pas, vous avez tout avantage à faire des compromis sur certaines choses, estime la psychologue Suzanne Vallières. Si vous êtes trop rigide, les grands-parents risquent de se décourager. Ils vont peut-être préférer ne plus garder à l’avenir. Il serait dommage de priver votre enfant d’un lien affectif précieux pour une question de principe. » Surtout qu’être exposé aux différences lui permet de développer sa capacité d’adaptation, ce qui lui sera utile toute sa vie.

Vous craignez que votre tout-petit réclame les mêmes privilèges à la maison? « Les enfants sont capables de comprendre que certaines exceptions sont réservées aux visites chez les grands-parents, assure Suzanne Vallières. Il suffit de leur expliquer. »

Pas de compromis sur la sécurité

Toutefois, si la sécurité de votre enfant est en jeu, il n’y a pas de place pour les compromis. Il est donc important de sensibiliser gentiment les grands-parents aux dangers possibles. Vous pouvez aussi leur signaler, si c’est le cas, qu’il y a des lois ou des règlements à respecter et qu’ils pourraient avoir une amende (en auto, par exemple) s’ils ne les respectent pas.

Le but n’est pas de les critiquer, mais plutôt de les informer. « N’oubliez pas qu’ils n’ont plus d’enfant en bas âge à la maison, dit la psychoéducatrice Stéphanie Deslauriers. C’est normal qu’ils ne voient pas tous les risques. » Elle suggère d’aider les grands-parents à sécuriser leur environnement : ranger les médicaments loin des petites mains, leur montrer comment installer un siège d’auto, etc. « Si vous avez encore des craintes après ça, mieux vaut proposer aux grands-parents de venir vous rendre visite plutôt que de faire garder vos enfants chez eux », ajoute-t-elle.

Comment réagir en tant que grand-parent?

Si vous êtes un grand-parent, comment devriez-vous réagir aux demandes concernant la sécurité de vos petits-enfants? La meilleure attitude est d’éviter de vous sentir attaqué et de faire preuve d’ouverture. « Votre fils ou votre fille ne fait pas cela contre vous, mais pour le bien de son enfant », insiste Stéphanie Deslauriers.

Rappelez-vous aussi que les temps ont changé et que les connaissances ont évolué. Par exemple, avant, on faisait dormir les bébés sur le ventre. Maintenant, c’est sur le dos (pour prévenir le risque de mort subite du nourrisson). Respecter les demandes des parents permet de gagner leur confiance… et peut-être de voir vos petits-enfants plus souvent!

3- Choc des valeurs

« Mes parents sont chrétiens et pratiquants. Ils ont eu de la difficulté à accepter que mon fils ne soit pas baptisé. D’ailleurs, ils lui parlent de Jésus lorsqu’il passe quelques jours chez eux et ils l’ont même fait bénir en cachette. » — Éliane

Que ce soit la religion, l’alimentation végétarienne, l’éducation non genrée, la simplicité volontaire, l’éducation bienveillante ou autre chose, les grands-parents ont parfois du mal à accepter les choix de vie de leurs enfants. Voici des conseils pour préserver une bonne entente malgré les désaccords.

« J’ai un conseil pour toi »
Comment réagir lorsqu’un grand-parent vous donne un conseil que vous n’avez pas l’intention de suivre et que vous n’avez pas envie de vous lancer dans un débat? Si les recommandations ont changé, vous pouvez l’en informer : « Je sais que c’était comme cela quand tu as eu tes enfants, mais maintenant il est conseillé de… » Une autre stratégie consiste simplement à dire que vous allez y penser.
  • Respecter l’autonomie des parents. Les grands-parents ont le droit d’être déçus de certains choix de leurs enfants, mais il est souhaitable qu’ils évitent de critiquer les parents ou d’aller à l’encontre de leurs décisions. Faire des choses en cachette avec l’enfant et lui demander de ne pas en parler à ses parents est particulièrement néfaste. « En plus d’affaiblir l’autorité des parents, cela peut entraîner de la confusion et un conflit de loyauté chez l’enfant », affirme la travailleuse sociale à la retraite Claudette Guilmaine.
  • Se calmer avant de discuter. Certains sujets sensibles, comme la religion, peuvent rendre la communication difficile. Si les émotions sont trop vives et que le ton monte, mieux vaut reporter la discussion à plus tard. Se rencontrer dans un endroit neutre, comme un café ou un parc, peut aider à discuter plus calmement.
  • Protéger l’enfant. Les discussions difficiles doivent avoir lieu en l’absence de l’enfant. Ainsi, il ne se sentira pas piégé entre ses parents et ses grands-parents. Il faut aussi éviter de parler en mal des autres devant lui ou de l’utiliser pour faire passer vos messages.
  • Parler d’une chose à la fois. « Lorsque plusieurs sujets causent des désaccords, il est préférable de ne pas tous les traiter en même temps, conseille la psychologue Suzanne Vallières. Sinon, l’autre personne aura l’impression d’être inondée de critiques. »
  • Lâcher prise… peut-être. Lorsqu’un sujet peut entraîner un conflit, il est parfois préférable de prendre du recul. Demandez-vous, par exemple, si vous devriez lâcher prise sur certains aspects. Par exemple, accepter que grand-papa parle de religion à votre enfant même si vous avez décidé de ne pas l’élever de cette façon. Ou encore, ignorer certains commentaires de grand-maman pour ne pas recommencer une chicane sur le même sujet. À vous de décider ce que vous acceptez de laisser passer.

4- Quand un parent refuse qu’un grand-parent voie ses petits-enfants

« Je suis privée de voir ma petite‑fille de 4 ans depuis plusieurs mois. Lors d’un souper de famille, le nouveau conjoint de ma fille a crié après ma petite‑fille et lui a dit des choses méchantes. Comme ma fille ne disait rien, je suis intervenue. Depuis, elle a coupé tous les ponts avec moi. Elle a même refusé la médiation que j’ai proposée. Que faire? » — Sylvie

Si vous êtes dans cette situation, vous pouvez commencer par contacter l’Association des grands-parents du Québec, qui propose une ligne d’écoute et de l’aide aux grands-parents ainsi que de nombreux renseignements utiles (1 866 745-6110). Si cela ne suffit pas, vous pouvez vous tourner vers les tribunaux. La loi, qui a été modifiée en juin 2022, dit que les relations entre l’enfant et ses grands-parents peuvent être maintenues ou développées si cela est dans l’intérêt de l’enfant.

Avant de vous tourner vers les tribunaux, il est conseillé d’essayer de trouver un terrain d’entente avec les parents, selon l’avocate en droit de la famille Véronique Cyr. « Le tribunal devrait être le dernier recours possible. Aller en cour, c’est long et ça coûte cher. Et c’est quelqu’un que vous ne connaissez pas, le juge, qui va décider pour votre famille. »

Pour faciliter la communication avec les parents de votre petit-enfant, vous pouvez recourir à un service de médiation. Vous pouvez aussi demander à une personne neutre de mener les échanges (ex. : travailleur social, psychologue, intervenant dans un organisme familial). Même s’il y a des frais, c’est souvent moins cher qu’un règlement devant les tribunaux. N’hésitez pas non plus à consulter en psychothérapie afin de mieux gérer la situation et de vous aider à mieux communiquer.

Le conflit ne se règle pas et vous décidez de vous adresser à la justice pour revoir votre petit-enfant ? « La lettre de mise en demeure que vous enverrez aux parents ne devrait pas être une invitation à la guerre », souligne Me Véronique Cyr. L’idéal est de proposer une dernière invitation à se parler pour tenter de régler votre désaccord sans passer par les tribunaux.

À quoi vous attendre si vous allez devant les tribunaux

Avant les modifications légales de juin 2022, les tribunaux tenaient pour acquis que les liens de l’enfant avec ses grands-parents étaient bénéfiques pour lui. Lorsque les parents voulaient empêcher cette relation, c’était à eux de démontrer qu’elle nuisait à l’enfant.

Les parents pouvaient difficilement le faire s’ils n’avaient pas un motif grave à présenter, comme de la violence corporelle ou tout autre comportement négatif du grand-parent pouvant nuire à l’enfant.

Désormais, il n’est plus nécessaire pour les parents de justifier leur refus avec un motif grave. Pour prendre sa décision, le juge va considérer l’intérêt de l’enfant seulement, et non les désirs des parents et des grands-parents.

S’il décide de maintenir la relation, il peut proposer un calendrier de rencontres qu’il juge adapté à la situation. Par exemple : quatre par année, une par mois, chez les grands-parents ou dans un lieu neutre, en présence des parents ou d’une personne de confiance, avec ou sans dodo, appels téléphoniques seulement, etc.

5- Grands-parents éloignés : loin des yeux, près du cœur

« Nous habitons loin de nos petits-enfants. Comment créer et maintenir un lien significatif avec eux? » — France et Charles

Il y a différentes manières d’intégrer les grands-parents dans la vie d’un tout-petit, même à distance. Voici quelques idées :

Pour les grands-parents

  • Une fois par semaine, lire une histoire à votre petit-enfant lors d’un appel vidéo. Ou encore, lui envoyer un livre par la poste régulièrement. « L’idée est de créer un rituel que le tout-petit attendra avec impatience », dit Claudette Guilmaine, travailleuse sociale à la retraite.
  • Fixer un rendez-vous virtuel chaque fin de semaine pour qu’il vous raconte sa semaine.
  • Envoyer des photos ou des vidéos de vous à l’aide de votre téléphone cellulaire.
  • Envoyer du courrier à votre petit-enfant ou l’abonner à un magazine pour en parler ensuite lors d’un échange en vidéo.

Pour les parents

  • Cuisiner une recette de votre enfance et proposer à votre tout-petit d’appeler mamie ou papi, ou de lui envoyer une vidéo pour lui dire que c’était bon.
  • Offrir à votre enfant un album de photos de vos parents qu’il pourra manipuler et regarder à sa guise.
  • Demander à votre enfant de choisir un dessin parmi ceux qu’il a faits (à la garderie, par exemple), afin de l’envoyer à ses grands-parents par la poste. À faire une fois par mois… ou plus souvent.
  • Envoyer souvent aux grands-parents des photos et de courtes vidéos de votre tout-petit! Ça prend quelques secondes et ça fait tellement plaisir.

Quand un grand-parent décède

Le décès d’un grand-parent est souvent la première confrontation du tout-petit avec la mort d’un être cher. Même s’il est encore un bébé et qu’il ne comprend pas ce qui se passe, il ressent la peine et le stress de son entourage.

Le décès d’un grand-parent est souvent la première confrontation du tout-petit avec la mort d’un être cher. Même s’il est encore un bébé et qu’il ne comprend pas ce qui se passe, il ressent la peine et le stress de son entourage.

Votre enfant pourrait réagir en pleurant ou en pleurnichant davantage, en mangeant moins, en dormant mal, etc. Comme les tout-petits sont des « éponges », il est avant tout important de garder votre calme, affirme Lynne Pion, conférencière et auteure du livre pour enfants Est-ce que tout le monde meurt?

« Votre enfant a besoin d’être rassuré. Par exemple, vous pouvez le prendre, le câliner, lui dire que vous avez de la peine parce que papi est mort. Même s’il ne comprend pas les mots, il sera réconforté. » Dans la mesure du possible, il est aussi préférable de respecter sa routine.

Quels mots utiliser?

Vers 3 ans à 5 ans, votre enfant a une compréhension limitée de la mort. Même s’il sait que le cœur de la personne décédée ne bat plus et que celle-ci ne peut ni entendre ni parler, la finalité de la mort lui échappe. Il pense qu’elle est réversible, que grand-papa viendra le voir demain.

Vous gagnerez à lui dire simplement que quand une personne meurt, c’est pour « toujours, toujours, toujours » et qu’elle ne revient pas.

En même temps, vous pouvez insister sur le fait qu’il pourra continuer à penser aux bons moments qu’il a passés avec papi, qu’il se rappellera de bons souvenirs.

Évitez de parler d’un décès avant le dodo. Lorsque votre enfant se retrouvera seul pour dormir, il pourrait s’imaginer toutes sortes de choses.

Attention aussi aux mots utilisés. « Si vous dites à votre enfant que sa grand-mère est morte parce qu’elle était très malade, il peut croire qu’elle avait un rhume, souligne Lynne Pion. Il peut donc craindre de mourir lui aussi ou que ça vous arrive pour une raison semblable. Je suggère donc de dire qu’elle était "très, très, très malade" ».

Même chose si vous lui dites que grand-maman s’est endormie pour toujours (il aura peur de dormir) ou qu’elle est partie pour un long voyage (il attendra son retour ou sera anxieux quand un proche voyagera). Mieux vaut dire la vérité avec des mots simples : « Grand-maman avait un cancer. C’est une maladie très grave. Parfois, il y a des gens qui guérissent, mais pas toujours. » Il est important aussi de le rassurer sur le fait que la mort n’est pas contagieuse.

Participer aux rites funéraires?

Devriez-vous faire participer votre tout-petit aux rites funéraires? L’auteure Lynne Pion croit que oui. « Cela l’aidera à mieux comprendre la mort et il pourra faire ses adieux à la personne décédée, ce qui l’aidera à vivre son deuil. » Par ailleurs, un décès est un moment marquant dans une famille. « Il est important que l’enfant soit intégré à ce qui entoure cet événement, car il a un grand besoin d’appartenance, autant dans les moments heureux que malheureux. Rappelez-vous aussi que votre enfant a surtout besoin de se sentir aimé, rassuré et que vous reconnaissiez ce qu’il ressent », conclut-elle.

À retenir
  • ll est important de favoriser les rencontres entre un enfant et ses grands-parents, car le lien affectif qui les unit est précieux.
  • Pour préserver l’harmonie, les grands-parents devraient appuyer les choix éducatifs des parents.
  • Communiquer, être empathique et accepter les différences aident à trouver un équilibre entre les rôles des parents et des grands-parents.
  • Lorsqu’un grand-parent décède, il est important de le dire à votre enfant sans chercher à lui cacher la vérité.

 

Naître et grandir

Source : magazine Naître et grandir, janvier-février 2022
Recherche et rédaction : Nathalie Vallerand
Révision scientifique : Nathalie Parent, psychologue
Mise à jour : Décembre 2022

 

RESSOURCES

  • Accompagner l’enfant qui vit un deuil, N. Parent, Educatout, 36 p.
    bit.ly/educatout‑deuil
  • Association des grands-parents du Québec
    grands‑parents.qc.ca et 1 866 745‑6110
  • Est-ce que tout le monde meurt?, L. Pion, Éditions C.A.R.D., 2015, 100 p.
  • Le Psy-guide des grands-parents, G. Vallières‑Lavoie et S. Vallières, Les Éditions de l’Homme, 2021, 160 p.
  • Grands-parents aujourd’hui, F. Ferland, Éditions du CHU Sainte‑Justine, 2012, 156 p.
  • L’implication des grands-parents dans la vie de leurs enfants, entrevue radio, Bonjour la Côte, Radio Canada
    ici.radio-canada.ca
  • Pour grands-parents seulement!, N. Parent, Les éditions Québec‑Livres, 2013, 176 p.
  • Réseau des Maisons des Grands-Parents
    http://reseaumgp.org/

 

Photos (dans l’ordre) : Nicolas St-Germain, GettyImages/monkeybusinessimages, GettyImages/Nikola Ilic, GettyImages/Johnce, GettyImages/monkeybusinessimages, GettyImages/romrodinka, GettyImages/Georgijevic, GettyImages/Delmaine Donson et GettyImages/Kuzmichstudio