Le congé parental: du bonheur et des défis!

Au Québec, la plupart des nouveaux parents ont la chance de pouvoir passer environ un an avec leur bébé avant de retourner travailler. Un congé généreux et bien apprécié des parents. Malgré tout, concilier congé parental, vie de famille et travail n’est pas toujours facile. Entre le partage du congé, les préjugés et les finances, des défis demeurent.

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Maman, papa ou les deux?

Même si le congé parental peut être utilisé par les deux parents, les mères en profitent encore plus souvent que les pères. Pourquoi? Et quels sont les avantages d’un meilleur partage des semaines de congé?

Par Nathalie Vallerand et Julie Leduc

Davantage de parents partagent aujourd’hui le congé parental. Toutefois, les mères en profitent encore plus souvent que les pères. Pourquoi? Et quels sont les avantages d’un meilleur partage des semaines de congé?

Les nouveaux parents apprécient le temps passé avec leur bébé grâce au congé parental. « J’ai aimé pouvoir me consacrer à mon enfant pendant toute une année, dit Tamaro, maman de Jonathan, 4 ans, et d’Olivier, 2 ans. Les bébés grandissent tellement vite, je n’aurais pas voulu manquer ça. »

« Ma conjointe et moi avons pris une partie du congé parental en même temps, dit pour sa part Lee-Christophe, papa d’Oscar, 23 mois, et de Félix, 4 mois. Nous avons pu nous habituer ensemble à notre vie de famille. Mes collègues plus âgés, qui n’ont pas eu droit à cette mesure, me trouvaient chanceux. » Le jeune papa a aussi pris quelques semaines du congé parental en plus de son congé de paternité. « J’ai choisi d’avoir des enfants et, pour moi, ça implique de m’en occuper. »

Comme lui, près de 80 % des pères profitent de leur congé de paternité. Mais seulement un père sur trois utilise ensuite des semaines du congé parental.

Le RQAP en bref

Le Régime québécois d’assurance parentale s’adresse aux travailleurs salariés ou autonomes. Il comporte trois congés différents à la naissance d’un enfant : un pour la mère, un pour le père et un troisième qui peut être partagé entre les deux parents. Dans une famille homoparentale, les deux parents ont droit au congé parental si le lien de filiation qui unit l’enfant à ses deux parents est reconnu au certificat de naissance ou au jugement d’adoption.

Les parents doivent choisir un régime : de base ou particulier. Selon le type de régime choisi, les mères ont droit à un congé de maternité de 15 ou 18 semaines et les pères ont le droit de prendre 3 ou 5 semaines de congé de paternité. Ensuite, les parents peuvent se partager 25 ou 32 semaines de congé parental. La période pour prendre la totalité des semaines du congé parental est passée de 12 mois à 18 mois en 2021.

Les parents ont aussi droit à 4 semaines additionnelles si chaque parent utilise au moins 8 semaines du congé parental (régime de base) ou à 3 semaines additionnelles si chaque parent utilise au moins 6 semaines du congé parental (régime particulier). Lors d’une adoption, les parents peuvent aussi se partager 28 ou 37 semaines de congé. Pour les adoptions qui ont lieu à partir du 1er janvier 2021, les parents adoptants ont droit à 55 semaines de prestations (régime de base) ou à 43 semaines (régime particulier), dont la majorité peut être partagée.

Les mères qui accouchent de jumeaux, de triplés, etc. ainsi que leur partenaire ont chacun droit à 5 semaines additionnelles de prestations parentales à 70% de leur revenu (régime de base) ou à 3 semaines additionnelles de prestations parentales à 75 % de leur revenu. Ces semaines supplémentaires ne peuvent pas être partagées entre les deux parents.

Les parents qui sont inscrits comme seul parent de leur enfant sur le certificat de naissance ou le document d’adoption ont droit à 5 semaines additionnelles de prestations parentales ou d’adoption (régime de base) et à 3 semaines additionnelles de prestations parentales ou d’adoption (régime particulier)

Pour en savoir plus à ce sujet, consultez notre fiche Le congé de maternité, de paternité et parental.

Pourquoi plus souvent les mamans?

« C’était plus compliqué pour mon conjoint de s’absenter du travail, dit Tamaro, qui a pris tout le congé parental. Et surtout, je tenais à allaiter longtemps. » L’allaitement est en effet une des raisons souvent mentionnées pour expliquer le fait que les femmes prennent la majorité du congé parental, selon les études.

L’argent entre aussi en ligne de compte. Dans 70 % des couples québécois, les femmes gagnent moins que leur conjoint, souligne le Conseil du statut de la femme dans un rapport sur le congé parental. Plusieurs parents trouvent donc que le budget familial souffre moins quand c’est la mère qui prend l’essentiel du congé parental.

Derrière cette décision, il y a également la croyance répandue que les soins aux enfants reviennent surtout aux femmes. Malgré l’implication plus grande des hommes, les femmes sont encore vues comme le « parent principal », remarquent en effet plusieurs études et experts. Le congé parental est donc souvent considéré comme le prolongement du congé de maternité.

La plupart des couples ne discutent d’ailleurs pas vraiment du partage du congé parental. En général, la femme décide comment elle veut le prendre et son conjoint respecte son choix. « Les hommes qui prennent des semaines du congé parental estiment que leur conjointe leur fait une faveur, constate Valérie Harvey, une sociologue qui fait sa thèse de doctorat sur le congé parental. Même si le congé parental appartient en fait aux deux parents, les pères disent que leur conjointe leur en a “donné” une partie. »

« La responsabilité des enfants fait tellement partie de l’identité féminine que moi-même je me suis demandé si j’étais une mauvaise mère parce que mon chum a pris le congé pour nos deux enfants, poursuit la sociologue. Pourtant, je n’avais pas envie d’arrêter de travailler pendant un an. »

Les pères qui utilisent la totalité du congé parental sont rares. En 2020, seulement 6 % des pères avaient pris l’ensemble du congé parental. Et souvent, ils le font, car leur conjointe n’est pas admissible au régime d’assurance parentale parce qu’elle est soit aux études, soit sans emploi, soit en congé de maladie.

Le congé parental en chiffres

En 2021…

  • Plus de 2 millions de parents avaient profité du Régime québécois d’assurance parentale depuis sa création en 2006. En 2021, 92 % des familles ayant eu un enfant ont profité du RQAP.
  • 83 % des familles ont choisi le régime de base. Chez les travailleuses et travailleurs autonomes, 34 % ont choisi le régime particulier.
  • 35 % des couples ont partagé le congé.
  • La presque totalité des pères ont pris toutes les semaines du congé de paternité. 42 % ont pris, en plus, des semaines partageables du congé parental. Il s’agit d’une hausse de 5 % par rapport à 2020.
  • 20 % des familles ont profité de la période supplémentaire de 6 mois pour prendre le congé parental, une mesure particulièrement populaire chez les travailleuses et travailleurs autonomes.
Source : Conseil de gestion de l’assurance parentale

Congé partagé, tâches partagées

Les parents gagneraient toutefois à mieux se partager ce congé. Quand la mère prend un long congé parental, il y a plus de risques d’inégalités dans le partage des responsabilités familiales. Durant cette période, elle fait souvent la majorité des tâches. Lorsqu’elle retourne ensuite au travail, la mère continue à s’occuper de la majorité des tâches domestiques et des soins aux enfants.

« Plus le père s’implique tôt dans la vie de son enfant, plus il devient à l’aise dans les soins à lui donner et plus il continue à s’en occuper plus tard », affirme Diane-Gabrielle Tremblay, professeure de l’Université TÉLUQ, qui fait des recherches sur le congé parental. Un meilleur partage du congé aiderait donc les femmes à mieux concilier la famille et le travail.

Le père qui prend une partie du congé parental s’implique tôt auprès de son enfant et fait plus de tâches domestiques.

Pour favoriser une meilleure égalité dans le couple, le Conseil du statut de la femme a recommandé, en 2015, que le gouvernement allonge de 3 semaines le congé de paternité réservé aux pères, à condition qu’ils soient seuls avec leur enfant pendant cette période. En effet, un père qui passe quelques semaines à s’occuper de son enfant devient plus conscient des difficultés que cela représente et développe un sentiment de responsabilité envers les besoins de son tout-petit.

C’est aussi une occasion pour lui de créer un lien d’attachement avec l’enfant. « C’est demandant, un bébé, lance Patrick, papa de Sean-Anthony, 4 ans, qui a pris la totalité du congé parental parce que sa conjointe était aux études. C’est beaucoup d’ouvrage, mais j’ai adoré ça. Mon fils et moi sommes très proches. Quand il a besoin de se faire consoler, il vient souvent vers moi. C’est un petit colleux à son papa. »

La présence du père est également bénéfique pour le développement du bébé. « Les deux parents ont chacun leur manière d’agir, de jouer et de s’en occuper, dit la sociologue Valérie Harvey. Ces différences stimulent l’enfant en plus de le préparer à vivre en société. »

Inciter les parents à partager le congé parental

Le RQAP est passé à l’action en 2020 pour favoriser une plus grande implication des pères lors du congé parental. Depuis la création du RQAP en 2006, « la participation des papas québécois n’a jamais cessé d’augmenter », a exposé Marie-Josée Dutil, actuaire au Conseil de gestion de l’assurance parentale, lors des Matinées RQAP en novembre 2023.

Elle indique que 74 % des pères prennent des congés parentaux au Québec comparativement à 30 % dans le reste du Canada. Mais le partage des semaines du congé parental peut encore s’améliorer pour favoriser l’implication des pères. C’est une des raisons qui a mené à l’adoption d’une nouvelle loi en2020 pour bonifier le régime.

Une des mesures phares de cette nouvelle loi est le bonus de partage du congé parental. Cet incitatif donne droit à 4 semaines additionnelles de prestations (55 % du revenu) si chaque parent utilise au moins 8 semaines du congé parental (régime de base) ou à 3 semaines additionnelles (75 % du revenu) si chaque parent utilise au moins 6 semaines du congé parental (régime particulier).

Les premiers résultats liés à l’application de cette mesure montrent qu’en 2021, 22 % des parents ont partagé suffisamment de semaines du congé parental pour obtenir des semaines supplémentaires de prestation. C’est presque trois fois plus qu’en 2020 (8 %).

Le nombre moyen de semaines de prestations utilisées par les pères est ainsi passé de 9 à 10 semaines (congé de paternité et congé parental compris). La moyenne de 9 semaines était stable depuis plusieurs années. L’augmentation à 10 semaines est donc appréciable, selon le Conseil de gestion de l’assurance parentale qui pourra mieux évaluer l’impact de cette mesure au cours des prochaines années. De leur côté, les mères prennent en moyenne 46 semaines de congé au total.

D’autres idées

Différents intervenants qui étaient présents aux Matinées RQAP de novembre 2023 sont venus proposer des solutions pour faire en sorte que les pères profitent davantage de ce congé. Voici quelques idées :

  • Défaire l’idée que le congé parental appartient à la mère et que cette dernière donne des semaines au papa pour qu’il en profite aussi.
  • Encourager la coparentalité dès le début de la grossesse.
  • S’assurer que les services et les professionnels en périnatalité incluent les pères dans leur approche.
  • Faire connaître les bienfaits de l’engagement des pères.
  • Sensibiliser les milieux de travail, notamment ceux à prédominance masculine, pour qu’ils soient plus ouverts aux demandes des papas qui veulent profiter du congé parental.
  • Encourager les parents à se renseigner davantage sur toutes les mesures et la flexibilité offertes par le RQAP.

Congé parental et travail: comment ça se passe?

Chaque année, près de 130 000 parents s’absentent du travail pendant quelques semaines ou quelques mois pour l’arrivée d’un enfant. Les employeurs acceptent généralement bien la situation, mais certains parents font face à des difficultés ou à de mauvaises réactions.

Chaque année, près de 130 000 parents s’absentent du travail pendant quelques semaines ou quelques mois pour l’arrivée d’un enfant. Les employeurs acceptent généralement bien la situation, mais certains parents font face à des difficultés ou à de mauvaises réactions.

Quand Valérie a annoncé sa grossesse à son supérieur, ce dernier l’a félicitée. Mais une autre personne de l’équipe de direction n’était pas contente. « Elle m’a dit “encore!”, comme si j’avais une famille nombreuse, alors que c’était mon deuxième enfant, raconte la mère d’une fille de 2 ans et d’un garçon de 4 ans. Ensuite, chaque fois que je devais m’absenter pour des rendez-vous médicaux, c’était compliqué. »

De plus, l’horaire de travail de Valérie a été changé pendant son congé. À son retour, la maman devait travailler de midi à 20 h. « Comme mon conjoint revient du travail en début de soirée, ça ne fonctionnait pas avec l’organisation familiale, dit-elle. J’ai dû démissionner. Tout ça m’a fait vivre beaucoup de stress. »

Il arrive aussi que des parents en congé parental ratent des promotions ou voient leur poste aboli pendant leur absence. « D’autres se font changer d’équipe ou confier des projets moins intéressants à leur retour au travail », rapporte la sociologue Valérie Harvey.

Autant pour les femmes que pour les hommes, arrêter de travailler plusieurs mois pour s’occuper de son bébé est plus difficile dans certains secteurs. Cela peut notamment être le cas pour les professionnels, les cadres du secteur privé et les travailleurs autonomes. « Les avocates, par exemple, ne récupèrent pas toujours leurs dossiers quand elles s’absentent trop longtemps, observe Diane-Gabrielle Tremblay. Elles doivent alors rebâtir leur clientèle à leur retour. Pour ne pas perdre leurs clients, certaines maintiennent un lien avec le bureau ou écourtent leur congé. »

Heureusement, pour la plupart des parents, ça se passe bien avec l’employeur. Pour Lee-Christophe, papa de Félix, 4 mois, et d’Oscar, 23 mois, qui revient d’un congé de 2 mois, les choses se sont bien passées. « Dans l’entreprise minière où je travaille, c’est bien vu de prendre un congé parental. D’ailleurs, mon patron vient de partir à son tour pour 3 mois! »

De son côté, Marie-Pier, maman de deux petites filles, s’est même fait offrir une promotion alors qu’elle était en congé parental pour son aînée. Elle a toutefois dû recommencer à travailler plus tôt que prévu. « Comme c’était un poste que je voulais, j’ai dit oui. Mais ça a été difficile pour mon cœur de maman, puisque notre fille est entrée à la garderie à 7 mois! »

Des préjugés encore présents

Les mères qui retournent plus tôt au travail ou dont le conjoint prend le congé parental ont aussi parfois l’impression d’être jugées. « Des gens de leur entourage vont dire qu’elles font passer leur carrière avant la famille ou que leur enfant est bien trop jeune pour la garderie », note Valérie Harvey. Des réactions qu’elle explique par le fait que la société considère encore la mère comme la première responsable de l’enfant.

Les hommes qui prennent un long congé provoquent souvent, de leur côté, toute une surprise dans leur milieu. David, qui travaille au Québec pour une entreprise américaine, a pris la totalité du congé parental pour ses deux enfants parce que sa conjointe souhaitait retourner rapidement au travail. « Quand j’ai annoncé à mes patrons de New York que je partais plusieurs mois en congé parental, ils ne me croyaient pas, dit David. Un père qui s’occupe seul de son enfant, ce n’est pas dans la culture là-bas. »

Ici, la plupart des réactions étaient positives, mais David a quand même reçu des commentaires qu’on dit moins aux femmes comme : « Ça doit être le fun d’avoir un an de vacances. » D’autres pères en congé parental se font dire des choses comme : « Ta blonde fait quoi pendant ce temps-là? »

Pour faire taire les préjugés, il faudrait que les pères profitent davantage du congé parental, croit Diane-Gabrielle Tremblay. « Plus il y aura de parents qui vont partager le congé parental, plus il y aura un effet d’entraînement et plus ça deviendra normal », souligne-t-elle.

Il existe encore des préjugés autour des mères qui retournent vite au travail et des pères qui prennent un long congé parental.

Seulement 6 % des pères disent avoir eu des difficultés au travail à cause de leurs congés de paternité et parental, selon un sondage du Conseil de gestion d’assurance parentale. Valérie Harvey, qui a fait une recherche auprès de pères du milieu de l’informatique et du jeu vidéo, constate que le congé de paternité est en effet généralement bien accepté. « Par contre, certains employeurs demandent aux pères de le prendre à un moment moins occupé pour l’entreprise ou de le diviser en deux », ajoute-t-elle. Souvent aussi, les pères ne sont pas remplacés pendant leur congé de paternité de 3 ou 5 semaines, ce qui occasionne une surcharge de travail pour leurs collègues.

Il y a toutefois davantage de résistance dans les entreprises quand les hommes décident de prendre aussi une partie du congé parental. « Des pères doivent faire des compromis, comme travailler un peu pendant leur congé ou assurer un suivi de leurs dossiers, dit Diane-Gabrielle Tremblay, professeure et chercheuse à l’Université TÉLUQ. En comparaison, les femmes sont rarement dérangées pendant leur congé. »

Selon un sondage mené en 2021 auprès de personnes responsables de la conciliation famille-travail dans leur milieu de travail, la majorité (82 %) ont dit qu’il était « tout à fait acceptable » que le père prenne des semaines du congé parental. Plus de 20 %ont toutefois affirmé que les nouveaux pères ne devraient pas s’absenter pendant plusieurs mois. Près de 60 % ont dit être favorable à un partage du congé parental le plus équitable possible entre les deux parents alors que 40 % ont dit que la majorité des semaines devaient revenir à la mère. Ce sondage a été réalisé par Léger pour Concilivi auprès de 1 000 répondants.

Ils ont apprécié leur congé parental parce que…

« J’ai pu voir l’évolution de mon enfant : son premier sourire, sa première dent, ses premiers pas. J’étais présent à tous ces beaux moments. »
- Patrick, papa de Sean Anthony, 4 ans

« J’ai pu m’occuper de mes enfants tout en ayant un revenu. C’est du stress en moins. »
- Tamaro, maman d’Olivier, 2 ans, et de Jonathan, 4 ans

« En passant du temps avec mes enfants, j’ai appris à bien les connaître. Je sais ce qui les intéresse, ce qui les ennuie, ce qui les fait rire, ce qui les fâche. En fait, j’ai appris à être à l’aise avec eux. »
- David, papa d’Amélie, 3 ans, et de Samuel, 6 ans

« À 9 mois, ma deuxième fille se réveille encore plusieurs fois par nuit. C’est bien d’avoir un peu de temps le jour pour récupérer des nuits difficiles. »
- Marie-Pier, maman d’Amanda, 9 mois et de Liana, 22 mois

« Le congé parental prévoit de la place pour les pères. Il est flexible et s’adapte à notre situation. À la naissance de notre deuxième enfant, j’ai pris 8 semaines de congé. Ça m’a permis en même temps de me rapprocher de mon aîné. »
- Lee-Christophe, papa de Félix, 4 mois, et d’Oscar, 23 mois

Finances: se préparer au congé parental

Les parents en congé avec leur bébé font face à un autre défi important : une baisse de leur revenu. Comment s’y préparer?

Les parents en congé avec leur bébé font face à un autre défi important : une baisse de leur revenu. Comment s’y préparer?

Les nouveaux parents inscrits au Régime québécois d’assurance parentale ont le choix de recevoir leurs prestations selon le régime de base ou selon le régime particulier.

Avec le régime de base, les prestations de maternité et de paternité, de même que celles des 7 premières semaines du congé parental, correspondent à 70 % du salaire brut. Les autres semaines sont payées à 55 % du salaire. Avec le régime particulier, toutes les prestations sont payées à 75 % du salaire, mais le congé est plus court.

Le revenu maximal pris en compte pour calculer le montant des prestations était de 91 000 $ en 2023 et de 94 000 en 2024. Le revenu maximal est ajusté le 1er janvier de chaque année.

Peu importe le régime choisi, les parents en congé voient leur revenu baisser. Par exemple, avec le régime de base, le plus populaire, un parent qui gagne 770 $ par semaine recevra 539 $ pour les semaines à 70 % de son salaire et 423,50 $ pour les autres. S’il choisit le régime particulier, ses prestations seront de 577,50 $ par semaine. Pour certains parents, cette baisse de revenu temporaire n’a pas de gros impact, mais pour d’autres, comme ceux qui travaillent au salaire minimum et les mères monoparentales, il peut être plus difficile de joindre les deux bouts.

Conseils de pro

Lucie Dal Molin, conseillère budgétaire à l’ACEF de l’Est de Montréal, suggère plusieurs petits gestes à poser dès la grossesse pour limiter les effets de cette baisse de revenu. Voici ses conseils :

1. Prendre le temps de faire vos calculs en utilisant le simulateur de prestations sur le site du Régime québécois d’assurance parentale. Une fois que vous aurez choisi un régime, vous ne pourrez plus changer d’idée.

2. Revoir le partage des dépenses pendant le congé pour que cela demeure juste. Tenir compte de la baisse de revenu du conjoint qui sera le plus longtemps en congé.

3. Mettre, si possible, un peu d’argent de côté avant l’arrivée de bébé. Essayer, par exemple, de diminuer les dépenses qui ne sont pas essentielles, comme les sorties au restaurant. Vous pouvez aussi faire des économies en magasinant vos assurances et vos forfaits de téléphone et de câble.

4. Faire un budget pendant au moins un mois en notant vos dépenses et vos revenus. Penser aux dépenses qui vont s’ajouter avec la venue du bébé (couches, vêtements, jouets, poussette, accessoires, etc.). Cela vous aidera à connaître plus précisément le montant par semaine dont vous aurez besoin pour vivre.

5. Acheter seulement le nécessaire. Parler avec d’autres parents pour savoir quels articles sont vraiment utiles. Magasiner dans des friperies et voir s’il est possible de vous faire prêter ou donner des choses.

Bon à savoir

Pendant votre congé, vous n’aurez pas à cotiser à l’assurance-emploi ni à l’assurance parentale. Vous ne cotiserez pas non plus à la Régie des rentes du Québec (RRQ). Cela ne devrait toutefois pas faire baisser la rente que vous recevrez à la retraite, car les mois où vous touchez des prestations parentales peuvent être exclus du calcul de votre rente.

Vous avez un régime de retraite collectif au travail? Continuer à y contribuer peut être difficile au moment où votre revenu est au plus bas. Par contre, si vous arrêtez vos cotisations, vous pourriez toucher une rente moins élevée quand vous prendrez votre retraite. Pour éviter cela, certains employeurs permettent aux employés de « racheter » plus tard les mois perdus. Ce sera toutefois un montant de plus à prévoir dans votre budget.

Quant aux assurances collectives, pour maintenir votre protection, il faut continuer à payer la prime pendant votre congé parental. Encore une fois, ça peut être difficile pour le budget. Pour souffler un peu financièrement, vérifiez auprès de votre employeur s’il est possible de suspendre quelques protections.

À retenir
  • Partager le congé parental permettrait de mieux se répartir les soins aux enfants et les tâches.
  • Il y a encore des préjugés envers les pères qui prennent un congé parental et envers les mères qui retournent travailler avant la fin du congé parental.
  • Le congé parental entraîne une baisse de revenu à laquelle on peut se préparer.

 

Naître et grandir

Source : magazine Naître et grandir, mai-juin 2018
Recherche et rédaction : Nathalie Vallerand et Julie Leduc
Révision scientifique : Sophie Mathieu, chercheuse postdoctorale à l’Université Brock et chargée de cours en sociologie à l’Université de Montréal
En cours de révision

 

RESSOURCES

Sites

Livres

  • Égalité, fécondité et maternité, S. Mathieu, Les Presses de l’Université de Montréal, 2023, 224 p.
  • Les pères et la prise du congé parental ou de paternité, D. G. Tremblay et N. L. Dodeler, Les Presses de l’Université du Québec, 2015, 150 p.
  • Maternité, la face cachée du sexisme, M. Hamelin, Leméac Éditeur, 2017, 184 p.

 

Photo : gettyimages/Aleksandarkanic, Maxim Morin, gettyimages/aleksandarnakic