Vive les différences entre les enfants!

Vive les différences entre les enfants!
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue

J’ai une très bonne amie depuis de nombreuses années. Tellement nombreuses en fait, que j’ai encore à la maison la photo de notre rentrée à la prématernelle et le souvenir d’une éducatrice qui me dit : « Nicolas, mets ta main sur sa petite épaule... » pour consoler mon amie qui pleurait à chaudes larmes lors de sa première journée loin de la maison. Or, cette amie est tombée enceinte à peu près au même moment que ma femme, et a donc aussi accouché presque en même temps.  Ma  petite fille est née le 30 novembre à 13 h 30 (Leeloo) et mon amie a donné naissance à un petit garçon le 1er décembre à 00 h 15 (Alex).

Tous ont tenté d’observer les différences entre l’un et l’autre dès leur plus jeune âge. Leeloo parle beaucoup, mais c’est habituellement monosyllabique et répétitif (elle répète 17 fois, en boucle, le mot papa!), alors qu’Alex parle peu, mais ses mots sont bien pesés. Sur le plan moteur, Alex se déplace avec beaucoup plus d’assurance que Leeloo, mais elle le fait bien plus rapidement, même si cela entraîne quelques chutes. Et finalement, sur le plan émotif, les deux enfants ont des comportements similaires : après quelques minutes dans les bras de quelqu’un d’autre, ils recherchent leurs parents.

Alors, chacun y va de son explication. Est-ce que ce sont des différences entre les sexes (garçon et fille) qui expliquent que l’une parle plus et l’autre parle peu? Ou est-ce simplement parce que le papa d’Alex est lui-même très peu bavard (ce qui n’aurait rien à voir avec le sexe de l’enfant)? On a donc ici la possibilité de deux influences, le bavardage des papas (le psychologue bavard et l’économiste très peu bavard) ou le sexe des bébés (les filles développent plus rapidement leurs habiletés de communication que les garçons).

La réponse tend habituellement vers les facteurs qui sont présents dans l’environnement de l’enfant, car ces facteurs sont beaucoup plus nombreux et vont donc influencer l’enfant de façon plus importante qu’un seul facteur ne pourra jamais le faire. Et cela, même s’il s’agit d’un  facteur aussi important que le sexe du bébé. Voici quelques-uns de ces facteurs :

  • l’environnement physique (présence d’un escalier ou d’une cour à la maison, espaces de jeux disponibles...);
  •  les comportements des parents (leur disponibilité, la façon de gérer leurs émotions...);
  • l’environnement familial (frères ou soeurs, présence de cousins, âge des grands-parents…);
  • l’hygiène de vie (alimentation, type d’activités physiques, heures de sommeil...).


Tous ces facteurs ont une influence et notre enfant sera le produit de toutes ces influences. Plusieurs de ces influences ne sont ni positives, ni négatives. Des enfants sont très à l’aise dans une piscine, parce qu’ils en ont une dans leur cour, mais ils le sont moins sur un terrain de soccer (parce que pendant qu’ils sont dans leur piscine, ils ne courent pas dans le parc...). Est-ce un problème? Je ne crois pas. C’est seulement différent.

Il est donc préférable de faire preuve de prudence lorsqu’on compare son enfant à un autre enfant, même un enfant de la même famille.  Chaque enfant est unique et chaque enfant a ses forces et ses faiblesses. Une chose est certaine, la comparaison entre les enfants, c’est la voie royale vers le perfectionnisme parental et ça, c’est très néfaste pour un enfant!

 

6 juillet 2013

Naître et grandir

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