L’alimentation végétalienne qui convient doit fournir suffisamment de calories, des aliments variés et fort probablement des suppléments. Stéphanie Côté, nutritionniste, explique.La semaine dernière, l’histoire d’un enfant de 15 mois vivant dans une famille qui suit une diète végétalienne très stricte a fait les manchettes. Étant presque exclusivement allaité encore à cet âge, il souffrait de rachitisme et de malnutrition sévère.
Il s’agit d’un cas très rare, mais certains ont quand même montré du doigt le végétalisme comme la cause de cet état catastrophique. Or, ce n’est pas la diète végétalienne le problème. Je m’explique.
Premièrement, c’est la diète restrictive qui pose problème et non pas le végétalisme. Une alimentation végétalienne équilibrée et bien menée peut convenir à tous les stades de la vie, y compris durant l’enfance, la grossesse et l’allaitement. Plusieurs organisations d’experts l’affirment, dont Les Diététistes du Canada et L’Académie de Nutrition et de Diététique aux États-Unis.
L’alimentation végétalienne qui convient doit fournir suffisamment de calories, des aliments variés (légumineuses, noix, graines, céréales, légumes, huiles, etc.) et fort probablement des suppléments (à commencer par la vitamine D et la vitamine B12). On recommande fortement de rencontrer un nutritionniste pour la planifier adéquatement.
Deuxièmement, AUCUN lait maternel ne peut combler à lui seul tous les besoins d’un enfant de 15 mois! JAMAIS, c’est impossible. Le lait maternel exclusif convient jusqu’à l’âge de 6 mois. Ensuite, l’enfant a besoin de diversifier son alimentation pour grandir en santé.
La qualité du lait maternel n’a absolument rien à voir dans l’état nutritionnel du petit. Il a besoin de manger plus, point. Et puis, au risque de répéter : le végétalisme (bien mené) convient également aux femmes qui allaitent.
J’ai discuté de ce cas, mais surtout du végétalisme chez les enfants avec ma collègue Thao Bui. Elle est elle-même végétalienne, en plus d’être nutritionniste au CHU Sainte-Justine. Elle connaît donc très bien l’alimentation des enfants et tous les types de végétarisme.
Son verdict est clair : « On donne une fausse impression du végétalisme. Des cas de malnutrition, il y en a avec tous les types de diètes lorsqu’elles ne sont pas équilibrées. Certains bébés omnivores ont aussi une carence en vitamine D s’ils ne reçoivent pas de supplément. »
En pratique privée, Thao voit souvent des familles et des enfants végétaliens. Elle remarque que leur alimentation est parfois plus variée que celle d’enfants omnivores. « C’est une question d’attitudes plus que de régime alimentaire. Lorsque les parents offrent des aliments variés à leurs enfants et qu’ils montrent l’exemple en les mangeant, les enfants apprennent à aimer plusieurs aliments. »
Il y a plein de petites choses à savoir pour être ou devenir un végétalien en santé : Comment planifier un menu équilibré? Qu’est-ce qui remplace le lait? Les suppléments sont-ils nécessaires? Les nutritionnistes répondent à ces questions. Thao le fait d’ailleurs en partie sur son blogue La végé d’à côté.
Mieux vaut s’aventurer dans le végétalisme bien préparé, surtout lorsque la croissance d’un enfant en dépend. Connaître les bases du végétalisme permet aussi de faire la part des choses lorsqu’on le critique sévèrement. On comprend ainsi qu’il n’y a pas lieu de jeter le bébé avec l’eau du bain.
Pour en savoir plus : Le végétarisme et le végétalisme
27 novembre 2019
Photo : GettyImages/blyjak