Qui dit « nouvelle année » dit aussi, souvent, « résolutions ». Celles-ci traduisent le désir louable de s’améliorer. Les résolutions des parents se résument fréquemment à faire plus ou mieux pour leurs enfants. Ainsi, si le plus vieux n’est pas très « moteur », on pense à l’inscrire à un cours d’activités sportives; si le plus jeune n’est pas très « jasant », on se dit qu’il faudrait le « pratiquer » à parler plus. Malheureusement, à vouloir « trop » bien faire, on finit parfois par perdre de vue le simple plaisir d’interagir. Selon moi, ce plaisir est souvent la base d’une stimulation réussie.
Quatre ingrédients gagnants
Il est largement reconnu que les parents jouent un rôle majeur dans le développement du langage de leur enfant (ce qui ne signifie pas, toutefois, que la stimulation des parents est en cause lorsqu’un enfant présente des difficultés langagières, car chaque tout-petit présente ses forces et ses défis). Une méta-analyse récente met en évidence 4 « ingrédients parentaux » qui contribuent à un bon développement du langage de l’enfant. Dans ma pratique, j’observe qu’un très grand nombre de parents mettent intuitivement et spontanément en pratique ces 4 stratégies:
1. Avoir un grand nombre d’interactions avec l’enfant. Être en interaction, cela signifie passer du temps ensemble à échanger non verbalement ou verbalement. À la garderie, les enfants ont aussi l’occasion d’avoir plusieurs interactions.
2. Être réceptif aux tentatives de communication de l’enfant. Dans le cas de bébé, cela peut signifier le regarder quand il nous regarde et répondre à ses sons; dans le cas du plus grand, cela peut vouloir dire l’écouter et tenter de le comprendre.
3. Parler beaucoup en utilisant des mots et des phrases de qualité. L’idée n’est pas tant de parler en tout temps, mais de s’exprimer souvent à propos de ce qui intéresse l’enfant en utilisant un vocabulaire diversifié et des phrases bien construites afin de fournir un bon modèle.
4. Utiliser des « trucs » de stimulation simples et souvent assez spontanés comme répéter les mots de l’enfant quand il fait une erreur (par exemple, l’enfant dit « Un sat! » et le parent répond « Oui, un chat! ») ou redire une phrase qu’il a dite en l’allongeant (par exemple, l’enfant dit « Oh! Une auto! » et le parent répond : « Oui, une grosse auto bleue! »).
Quand un enfant présente des difficultés
En somme, la stimulation du langage de l’enfant n’est pas une tâche complexe : elle implique plusieurs comportements qu’on adopte souvent assez spontanément ou qu’on peut prendre facilement l’habitude d’adopter. Ainsi, tant que l’on échange avec l’enfant et que l’on a du plaisir à le faire, la stimulation peut couler de source.
Cependant, pour certains enfants, la communication et le langage vont moins de soi. Les études révèlent que les parents appliquent moins ou différemment les 4 stratégies présentées précédemment lorsque leur enfant présente des difficultés langagières. Quand on y pense, c’est plutôt logique. Si votre conjoint ou votre conjointe parle moins lors d’une soirée, vous risquez de parler moins à votre tour… ou de parler plus mais de vous décourager de le faire! Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est tout naturel d’agir ainsi, que cette réaction est documentée scientifiquement, mais qu’il importe tout simplement de persévérer, car les 4 ingrédients forment réellement une recette gagnante!
Se faire confiance
En somme, le message que je souhaite vous transmettre en ce début d’année est que vous en faites sans doute déjà beaucoup pour stimuler le langage de votre enfant. Bien sûr, on peut toujours s’améliorer, mais le plaisir et la simplicité demeurent de mise. La confiance en ses compétences également. À ce sujet, les faits scientifiques sont encourageants : les formations de parents portant sur le langage de l’enfant peuvent souvent être aussi profitables pour l’enfant que des interventions directes réalisées par des spécialistes. Bref, je vous souhaite de vous faire confiance et de vous amuser!
8 janvier 2015