Six heures du matin. Ma chambre est envahie par un chant d’oiseaux mélodieux. (C’est la sonnerie de mon réveil. J’adore) Je m’éveille tranquillement en m’étirant comme un vieux chat paresseux. Je gonfle la poitrine pour respirer un bon coup... l’haleine douteuse de mon fils qui dort à mes côtés! Charmant. Je m’endors dans les bras d’un homme et me réveille devant la bouche molle de son clone version junior qui ronflote à 2 cm de mes narines. Je décroche un sourire avant de m’extirper mollement du lit.
J’étouffe un « aïe » bien senti en marchant sur un truc froid en métal. En me penchant pour ramasser une petite auto, 2 toupies et un toutou qui traînent, je me frappe la tête contre le rebord de mon lit. Double « aïe ». Ça m’apprendra à ne pas ouvrir la lumière pour laisser mon enfant dormir. Je file dans la salle de bain le front en feu.
La salle de bain est barrée. La place est prise. Je ne suis pas seule au monde, c’est vrai. Nous sommes 5 dans cette maison.
Je retiens mon envie de pipi et file dans la cuisine. J’enlève les dessins des enfants qui traînent sur le comptoir. J’accroche les plus beaux sur le frigo. Je rebouche les crayons. Un coup d’éponge sur la table. Café, tartine, radio et cie. Installe les bols à céréales. Prépare les boîtes à lunch. Embrasse la boule de cheveux hirsutes qui se colle contre mes jambes.
Saperlipopette que z’ai faim!
- Bonjour, ma puce.
- Bonzour maman.
- Saperlipopette que z’ai froid.
- Arrête de dire saperlipopette.
- D’accord.
Le rythme s’accélère comme tous les matins... Réveiller la roche qui dort dans mon lit, coiffer ma fille, trouver le bas manquant de mon fils, ranger les céréales. Faire pipi. Enfin! Réclamer un peu d’intimité pendant que je fais pipi. Trouver un autre bas qui n’a pas de trous. Écouter l’histoire de l’un, expliquer à l’autre pourquoi on ne peut pas rester à la maison pour « zouer ». Brosser les dents, chercher les souliers. Dire à l’une de ranger sa poupée et à l’autre de décoller de la télé. Chercher mes clés. Boire une gorgée de café froid.
- Saperlipopette, z’ai pas mon sapeau.
- Il est là, devant toi. Arrête de dire saperlipopette!
- D’accord.
Marcher dans la rue. Parler avec eux de tout et de rien.
- Vous savez que je me suis baissée 10 fois au moins pour ramasser vos choses ce matin et que j’ai bu mon café froid.
- Saperlip...
- Hep!
Embrasser mes enfants en leur souhaitant une bonne journée. Croiser des mamans qui courent, essoufflées et bien habillées pour aller travailler et des papas qui sont relax. Parler avec des mamans qui ont le temps. Revenir tranquillement à la maison.
Réchauffer mon café froid en regardant les boîtes à lunch de mes enfants sur le comptoir.
- LES BOÎTES À LUNCH, SAPERLIPOPETTE!!!
5 septembre 2013
Photo: Catherine Goldschmidt