Dernièrement, j’ai croisé une maman qui pleurait à chaudes larmes parce qu’elle avait perdu son petit garçon dans la foule. Elle était en colère contre lui, mais surtout contre elle-même. Elle avait oublié de l’attacher dans sa poussette et parlait avec quelqu’un, le dos tourné. Son petit en a profité pour prendre la poudre d’escampette. L’épisode n’a duré que quelques minutes, mais cela a permis aux secondes de se transformer en éternité. Quand j’ai déposé son fils dans ses bras, elle en a pleuré de joie. Elle répétait : « C’est de ma faute, c’est de ma faute. » On a beau faire de notre mieux, quelques fois notre mémoire dérape malgré nous. Ça m’est arrivé plus d’une fois.
La première fois, ma fille avait environ 5 mois. Mon dos ne pouvant plus supporter son poids dans le porte-bébé, j’avais investi dans une belle grosse poussette avec de belles grosses roues. J’avais appelé une de mes amies pour une opération promenade et magasinage. Dès que nous avons mis les pieds dans la boutique, j’ai réalisé que ce n’était pas très pratique de me déplacer dans un si petit espace avec ma super poussette. J’ai donc laissé ma fille s’autogazouiller des mots d’amour devant un grand miroir pendant que je fouinais non loin d’elle. Quand je suis sortie quelques minutes plus tard, ma copine m’a demandé si je n’avais pas oublié quelque chose. Ma fille était restée à l’intérieur. J’étais tellement habituée de la porter contre moi que j’étais persuadée qu’elle était là!
Quelques années plus tard, l’hiver battait son plein et je marchais en direction de l’autobus avec ma seconde fille alors âgée de 6 mois bien installée dans mon porte-bébé dorsal (au diable, la poussette!) Il faisait un froid de canard. Ma petite, pourtant bien emmitouflée dans sa combinaison de neige, poussait des petits cris. Probablement à cause du vent glacial qui balayait son visage. Heureusement, l’arrêt était juste au coin de la maison. Une fois sur place, j’ai sautillé pour me réchauffer et, machinalement, j’ai attrapé ses petits pieds qui pendaient dans mon dos... littéralement, horriblement, honteusement. En sentant ses petits doigts de pieds dans mes mains, j’ai réalisé que j’avais complètement oublié de lui enfiler ses bottes!
L’été dernier, au moment de récupérer ma petite dernière à la garderie, son éducatrice me raconte en pouffant de rire que ma fille a été particulièrement joyeuse toute la journée. Elle me la décrit tournoyant sur elle même avec sa robe, sautant dans les airs et virevoltant en riant se souciant peu des autres. À l’heure de la sieste, intriguée, elle s’est penchée vers elle pour percer le secret de son bonheur. Le sourire jusqu’aux oreilles, ma fille lui a murmuré à l’oreille : « Z’ai pas de culotte! »
Mon fils non plus n’a pas été épargné par mes honteux oublis. Avant les vacances, de retour chez moi après une course rapide, j’écoute mon répondeur et j’entends : « Bonjour, ici le secrétariat de l’école. Pourriez-vous apporter la combinaison de neige de votre fils? Sinon il ne pourra pas sortir à la récréation... et aussi ce serait bien de lui apporter sa boîte à lunch, car il n’en a pas. » Le pire, c’est qu’en courant vers l’école avec sa combinaison dans un bras et sa boîte à lunch de l’autre, j’ai pensé machinalement : « J’espère qu’il a un caleçon ».
10 janvier 2012