Le monstre poilu

Le monstre poilu

Ses yeux ressemblent à des antennes, son nez bleu est couvert de pois verts, sa bouche énorme abrite 3 dents pointues, sans parler de ses pieds formés de 2 tiges longues comme des spaghettis, terminées par 2 pieds minuscules. Franchement, je n’ai jamais rien vu d’aussi ridicule! J’étais partie pour acheter une marionnette en forme de lapin ou de grenouille pour inventer une histoire à mes petits et je tombe sur cette étrange boule de poils : impossible de résister, le héros de mon récit sera donc un monstre poilu venu de la planète Kakaprout! Les enfants vont adorer. Je glisse ma main à l’intérieur de la bête pour activer sa grosse mâchoire et tester l’effet sur la pauvre Dora qui gît sur une des étagères. Voilà qu’elle disparaît dans la gueule du monstre en gémissant « Help me, helpppp ». Je me marre tellement que j’en oublie les vendeuses en effervescence, les mères essoufflées au milieu des poupées qui parlent et des hochets qui couinent. Jusqu’à ce que je croise le regard inquiet de la caissière dont la main posée sur le téléphone du comptoir semble mûre pour le 9-1-1. J’arrête de grogner et file voir ailleurs si j’y suis. 

Il est 16 h 30. Je suis accroupie dans le placard devant un drap dressé devant moi en guise de castelet. Les enfants sont de l’autre côté, assis en rang d’oignons attendant plus ou moins sagement le début du spectacle. Même J., le petit voisin, et sa soeur sont là, accompagnés de leur maman, ma nouvelle voisine qui ne sait pas encore dans quelle maison de fous elle est tombée. Je commence en brandissant un adorable cochon rose.

« Ahhhh ze connais lui! Z’a le même. Ze l’aime! », s’écrie joyeusement le petit voisin.

Zéro scénario, j’invente au fil des rires des histoires sans queue ni tête. Je glisse un peu de suspense. Voilà que Porcinet se perd dans la forêt. Il a peur. Il fait noir. Perdu tout seul au milieu de rien, il tremble dans le silence. La tension est palpable. Les enfants ne bronchent pas. Tout à coup! YArgggggggggggh, un énorme monstre poilu aux dents pointues surgit de nulle part en hurlant et dévore le petit cochon! Un vrai carnage. Je pouffe de rire.

Silence dans la salle.

J’entends soudain un des petits éclater en sanglots. C’est le voisin, dont les pleurs finissent par contaminer les yeux de sa soeur qui pleure à son tour! Le drame. Je me sens mal. Vite, je ressuscite l’innocent petit cochon. En vain. Ma nouvelle voisine quitte la pièce avec ses 2 fontaines. Confuse, je me lève pour m’excuser, quand j’aperçois mes 3 enfants pliés en 2 sur le sol… qui pleurent eux aussi, mais de rire!

Ravie, je me baisse et je continue mon histoire infernale!

Vive la famille!

 

16 décembre 2009

Naître et grandir

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