D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu avoir des enfants. Très tôt, j’ai eu l’image tendre d’une petite main posée dans la mienne. J’avais hâte de serrer mon bébé contre moi, hâte de lui apprendre à marcher, de lui raconter des histoires, de le faire rire, de l’aimer. Tout simplement.
À aucun moment, je n’ai eu l’image d’un litre de bave dans mon décolleté, d’une montagne de chaussettes dépareillées à trier, d’un tsunami de vaisselle à laver, d’une tonne de jouets à ramasser, d’une rivière de vêtements trop petits à laver-changer-ranger-donner ou encore de mille et un repas équilibrés à inventer pour 3 enfants affamés. Bref! Rien de tout cela ne faisait partie de l’image. Maison, métro, boulot, dodo. C’est pourtant là. Ainsi va la vie.
Ah oui, vraiment?
Lorsque cette effervescence matérielle me plonge dans une succession de : « J’ai pas le temps de vous lire une histoire! », « Je suis fatiguée » et autre « On verra ça plus tard... Promis! », rien ne va plus. Mes enfants réagissent au quart de tour. Ma petite s’accroche à mes pantalons en me répétant 10 fois qu’elle m’aime les yeux pleins d’eau. Elle me découvre des bobos par milliers qu’il faut tout de suite soigner, sinon c’est l’hôpital assuré et « ça, c’est affreux maman! Ils ont même pas de lit pour toi tandis que moi, moi, ze peux te prêter le mien si tu veux ». Mon fils, qui d’habitude s’endort comme une souche, se relève toutes les 2 minutes pour me dire que sa gorge est sèche tellement il a soif, qu’il y a une fourmi bionique sur son mur, que sa couverture le gratte et que le bruit de la pluie lui donne tout le temps envie de faire pipi. Mon ado quant à elle, se réfugie dans sa caverne en attendant que l’orage passe.
Et il passe. Je ferme les yeux pour mieux me rappeler les raisons qui m’ont poussée à faire des bébés. Je respire un grand coup et je redescends de mon hystérique cocotier surchargé. Je fais des listes pour me calmer le pompon et je retourne vers mes enfants. Je préfère m’émouvoir sur un de leurs gribouillis plutôt que de m’énerver sur une liste de tâches non complétées. J’aime mieux les entendre me raconter leur journée que d’écouter le discours parfait du présentateur télé ou leur courir après pour les faire rire plutôt que de courir après ma montre. Et quand je suis vraiment trop fatiguée, je me colle contre eux sur le sofa (1 fois sur 3, je m’endors). Ça prend rarement plus de 15 minutes et ça recharge nos batteries pour des heures.
Le reste attendra!
18 mai 2011