Avec un enfant, on ne sait jamais quand une activité en apparence très simple se métamorphosera en un véritable défi.
Je vis avec une femme qui aime particulièrement prendre des photos, surtout lorsqu’elles mettent notre progéniture à l’avant-plan. De ce fait, notre enfant est un petit mannequin qui pourrait difficilement être plus à l’aise devant la caméra. « Regarde maman. Fais un beau sourire. Ici, en haut. Coucou! Oui, ris encore! T’es beau, mon grand! »
Les prérequis semblaient rassemblés pour que tout se passe bien et nous n’avions aucune inquiétude. Cependant, nous avons rapidement compris que prendre une photo sur un divan à la maison, ce n’est pas la même chose qu’en prendre une pour un passeport dans une pharmacie!
Je ne sais pas s’il a été offusqué de se faire demander de ne pas sourire, mais « Monsieur Gros Caractère », du haut de ses 17 mois, nous a fait vivre tout un calvaire!
Vous savez ce que fait un bébé fatigué? Oui, quand il se met mou comme une guenille et qu’il se laisse tomber par l’arrière en lançant des cris de désespoir? C’est ce qu’il faisait, assis sur une boîte, devant la « trop-grande-pour-lui » toile blanche.
En bons parents, nous avons pris notre temps, l’avons laissé se promener pour se changer les idées, n’avons pas fait de cas quand une quinzaine de bouteilles de désinfectants à mains et plusieurs crèmes pour le corps se sont retrouvées au sol, l’avons laissé décrocher les jeux de PlayStation et de Nintendo DS pour les éparpiller un peu partout et, lorsqu’il a retrouvé sa bonne humeur, nous avons essayé une nouvelle fois.
Puis, la tête est repartie par l’arrière et les cris ont recommencé. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois. Pendant une heure.
J’ai mis une main devant pour tenir sa tête; on lui a donné un toutou et une multitude d’objets qui nous tombaient sous la main; on a fait des bruits d’animaux; d’autres bons samaritains sont venus tenter de lui changer les idées. Rien n’y faisait.
Puis, finalement, il a décidé de regarder droit devant. Pas longtemps. Mais juste assez pour qu’un déclic se fasse entendre et qu’une photo puisse en ressortir.
Merci! Merci de tout coeur! Il y a des anges qui veillent sur nous!
La plus que patiente madame qui prenait les photos est partie la faire développer et est revenue nous voir, deux précieux carrés entre les mains. C’est à ce moment qu’elle nous a dit : « Je pense que nous avons un problème avec notre appareil-photo. La définition n’est pas bonne et ça ne passera pas pour une demande de passeport. »
Non, ce n’était pas une blague.
D’un commun accord et prenant notre courage à deux mains, nous avons pris la direction de la pharmacie numéro 2.
De nouveaux visages, une chaise de cosmétiques avec un dossier sur lequel il serait confortablement assis, des gens positifs tout autour. Tout y était.
Et puis, inévitablement, la tête est repartie par l’arrière de plus belle!
« Chérie, il va falloir se rendre à l’évidence. Notre enfant ne pourra pas nous suivre et devra dormir une semaine à l’aéroport en attendant notre retour! », lui ai-je dit.
Seule option qui n’avait pas encore été envisagée : lui faire manger quelque chose qu’il adore devant la caméra, puis espérer qu’entre deux bouchées, il se ferme la bouche et regarde au bon endroit.
Ça a fini par marcher! De peine et de misère. Après une vingtaine de minutes.
Si un douanier regarde sa photo et nous demande : « Votre enfant n’a plus sa petite tache de naissance brune au visage? », nous n’aurons d’autre choix que de lui expliquer que le brun, c’était du chocolat et qu’il n’y avait vraiment aucun autre moyen envisageable!
23 juin 2012