J’étais en train d’admirer les rayures d’une belle grosse tasse à café au rayon vaisselle quand ma fille est arrivée doucement derrière moi en murmurant : « Regarde comme elle est belle, maman. Z’aimerais tellement l’avoir pour moi. »
« Moi aussi, j’aimerais bien l’avoir cette belle tasse. Mon café n’en serait que meilleur le matin, c’est certain! »
« Mais maman! C’est la pelusse. Regardeu. Ze l’aime krop. Est-ce que tu peux me l’asseter? Dis oui, dis oui. Allez, dis oui! »
J’ai abandonné ma super tasse pour me tourner vers sa boule de poils. Celle-ci était tellement multicolore que j’en ai cligné des yeux! Jamais vu autant de couleurs sur un toutou. Trop c’est comme pas assez. Chaque fois que je rentre dans un magasin, je préviens toujours mes enfants que je ne leur achèterai rien. Rien de chez Rien (avec eux, ça marche 1 fois sur 2. Avec moi, ça ne marche jamais!). Alors, j’ai dit : « Pas question! » D’habitude, ma fille tourne les talons et recommence ou non avec un autre objet. Pas là.
Elle s’est ratatinée sur sa licorne en la serrant très fort contre elle, puis a éclaté en sanglots comme si on venait de lui briser le coeur. Aucune colère. Aucune frustration, ni résignation de sa part. Elle est restée là, le nez dans sa peluche comme un gros morceau de chagrin. Incapable de bouger. Malheureuse, comme tout. Comme moi pour elle.
J’ai fait mine de regarder ailleurs en disant : « Je comprends que tu as de la peine, ma puce, mais tu as assez de toutous à la maison. On ne peut pas le garder. » En la regardant rebrousser chemin, je me suis dit que si la licorne avait été vivante, la pauvre serait morte étouffée ou noyée sous le chagrin de ma pauvre enfant.
Et puis, ma belle pleureuse est revenue. Encore et encore. Avec le même toutou dans les bras et des larmes par milliers. Sans rage, ni colère, ni fausse comédie fendillant ainsi au passage, mon petit coeur de maman.
C’était peut-être l’élu après tout. Vous savez, ce fameux doudou qui rassure tant les tout-petits. Ma fille n’en a jamais eu, ni aucun de mes enfants d’ailleurs (je n’ai jamais compris pourquoi). À 5 ans, elle venait peut-être de le trouver, qui sait?
Alors, j’ai fait un pas. J’ai cherché l’étiquette pour voir le prix. Pas de prix. Ma fille a couru le demander à la caissière.
6,99 $
J’ai séché ses larmes en lui disant qu’exceptionnellement, j’allais lui acheter parce que je sentais que c’était important pour elle et aussi parce que ce n’était pas très cher. Son beau sourire est revenu. Je lui ai dit de le mettre dans le panier.
Contre toute attente, elle l’a serré deux fois plus fort contre elle et a de nouveau éclaté en sanglots. Je l’ai prise dans mes bras en lui demandant pourquoi elle pleurait comme ça puisqu’on allait l’acheter. J’ai vite compris que la peur de perdre cette licorne avait été trop forte pour elle et que là, elle pleurait tout simplement...de joie.
21 août 2012