Changer de maison: comment préparer son enfant

Changer de maison: comment préparer son enfant
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue

Ça y est. C’est officiel! Après des années à chercher, à en discuter et à changer d’idée, c’est fait! On a signé, on déménage! Pour nous, il y a plusieurs avantages à notre déménagement : on passe de la ville à la banlieue, de quelques petites pièces à de grandes pièces et d’une petite terrasse à une cour assez grande pour y faire une patinoire l’hiver. Il n’y a pas à dire, les parents sont contents et trépignent à l’idée d’annoncer la nouvelle aux enfants. Malheureusement, ce ne sera pas si simple…

Un déménagement est un élément très stressant pour un adulte. Sans parler des aspects d’ordre pratique (trouver des déménageurs, faire les boîtes, faire les changements d’adresse…), déménager est un événement qui demande une très grande capacité d’adaptation aux adultes. Une adaptation tellement importante que, selon les échelles utilisées par les psychologues pour quantifier le niveau de stress, le déménagement est un des événements les plus stressants, si on exclut les événements impliquant un décès. Alors, dans un tel contexte, imaginez ce que ça demande aux enfants.

Pour les enfants, on sait déjà que le fait de déménager souvent peut les amener à avoir de moins bons résultats à l’école et à avoir des problèmes de comportement. Les effets de ce type de stress sont maintenant bien connus, même qu’une étude fait également un lien important entre le fait de déménager souvent et une moins bonne qualité de vie lorsque l’enfant devient adulte. Même si ce n’est pas notre cas - notre dernier déménagement remonte à 6 ans -, il est important de tenter d’aider nos enfants  à s’adapter le plus rapidement possible à leur nouvel environnement. Sachant cela, le psychologue en moi veut et va développer un plan d’intervention.

Je me souviens clairement que mon « plan d’intervention » lors du dernier déménagement était centré sur  Flash McQueen. Toshiro avait alors 4 ans. Nous avions convenu qu’on pouvait utiliser son amour de Flash McQueen pour lui donner un environnement sécurisant dès le départ. Je m’étais donc attelé à peindre sa chambre aux couleurs du personnage de Pixar : une chambre rouge pompier (nécessitant 7 couches de rouge!) avec des éclairs jaune soleil. J’ai également trouvé quelques accessoires qui donnaient l’impression que la chambre était en fait un garage automobile : un lit, trouvé grâce aux petites annonces, qui ressemblait à une voiture, un meuble à outils acheté chez le marchand de pièces d’auto, des draps à l’effigie de Flash et finalement quelques autocollants de voitures pour les murs.

L’important dans une telle situation n’est pas de dépenser beaucoup, mais c’est surtout de donner à notre enfant un environnement dans lequel il pourra s’adapter rapidement. Dans le cas d’un garçon de 4 ans, il m’a semblé que d’utiliser ses amis imaginaires était une bonne stratégie. Ce qui fut le cas.

Pour Leeloo, qui a maintenant 18 mois, la stratégie sera différente. Bien sûr, elle aura une belle chambre avec des formes et de jolies couleurs. Mais, elle retrouvera le même lit qu’avant.  Lorsque l’enfant est plus petit, ce sont les objets plus près de lui qui peuvent lui procurer un sentiment de sécurité qui facilitera son adaptation à son nouvel environnement. On déménage donc le lit, même si on aimerait le remplacer (il est un peu vieillot après 3 enfants!). Leeloo va donc passer les prochains mois dans le même environnement que celui auquel elle est habituée en ce moment. Le même lit, les mêmes draps, les mêmes poupées, la même odeur, mais tout cela dans une chambre différente.

Ainsi, de cette façon, un jeune enfant peut s’adapter à son rythme sans perdre son sentiment de sécurité. Cette façon de faire est importante, car si pour un adulte les avantages du déménagement sont clairs, c’est loin d’être le cas pour un tout-petit.

 

1 août 2013

Naître et grandir

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