À quand remonte la dernière scène de bacon à laquelle vous avez eu droit? Et, bien entendu, je ne parle pas du bacon du brunch du dimanche… Je parle du classique, l’enfant veut quelque chose, le parent dit non et c’est l’escalade qui finit par un petit qui hurle et se tortille par terre.
Lors de notre dernière réunion familiale, mon neveu de 4 ans nous en a justement donné une belle démonstration. J’ai compté une vingtaine de paires d’yeux compatissants à sa crise de colère. J’ai observé une maman esseulée, prête à tout pour ne pas être le centre d’attention. J’ai aussi remarqué l’oeil désabusé des cousins et cousines qui ne comprenaient pas pourquoi leur grand-mère couvrait de bisous celui qui avait un mauvais comportement.
Je savais bien que je n’avais pas à dire à ma belle-soeur qu’elle ne devait pas céder aux demandes de son garçon. Tout comme je n’achète pas un jouet de Star Wars à mon petiot qui pleure à chaudes larmes au magasin ou que je n’accepte pas de repousser l’heure du dodo de son grand frère parce qu’il tape du pied. On sait tous que si le comportement a un effet positif, la probabilité qu’il le répète augmente.
Les règles « antibacon »
Par contre, ce que vous savez peut-être moins, c’est que l’attention générée par le comportement de l’enfant, même si elle est suivie d’une conséquence (punition), peut également renforcer le comportement. Ouf! Ça complique les choses : « Si je lui donne ce qu’elle veut, ce n’est pas bon. Si je le punis, ce n’est pas bon non plus! Alors qu’est-ce que je dois faire? » C’est ici qu’entrent en jeu les règles que j’aime appeler, la loi « antibacon » : des règles simples qui nous aident à gérer ces crises et, à plus long terme, à les éviter. Elles sont applicables à tous les enfants, autant à mon neveu qu’à votre nièce ou votre garçon.
1 - On ignore la crise tant qu’on le peut.
Ce qui réduit la probabilité que la crise se produise, c’est son inefficacité. Par ses crises, mon neveu recherche l’attention. Si personne ne remarque qu’il boude, alors il arrêtera naturellement d’utiliser cette stratégie pour communiquer sa frustration.
2 - Dites clairement à votre enfant le comportement que vous attendez de lui.
Lorsque la crise est passée, j’explique à mon enfant le comportement que j’attends de lui. Une bonne façon de s’assurer qu’il a bien compris, c’est de lui demander : « Qu’est-ce que tu vas faire la prochaine fois?
3 - Lorsque nécessaire, isolez-le dans un endroit sécuritaire.
Quand l’un de mes enfants fait une crise pendant que nous sommes dans un lieu ou un événement public (fête de famille, centre d’achats, etc.), je m’empresse de le mettre à l’écart. Cet isolement est important, car il permet de couper tout renforcement par l’attention négative. Sinon, grand-maman va se lancer à sa rescousse ou l’ami de la famille va tenter de le consoler et cela va, à coup sûr, renforcer son comportement.
Même si c’est loin d’être facile à faire, il faut parvenir à développer un détachement devant ces situations difficiles. Ces crises ne sont que le résultat de ce que votre enfant a appris. Elles ne veulent rien dire de plus sur votre enfant. Vous n’avez pas à vous remettre en question en tant que parent. Abordez cette situation comme un problème comportemental simple qui peut être redressé grâce à de bonnes interventions. Aussi, ces interventions doivent être coordonnées et bien comprises par chaque individu significatif dans la vie de votre enfant : papa, maman, grand-maman, éducateurs, etc.
En cas de crises extrêmes
Chez certains enfants, les crises peuvent être extrêmes. Comme le garçon d’une amie qui se frappait la tête sur le plancher. Il faut alors le protéger contre lui-même et assurer sa sécurité en tout temps. On ne doit jamais ignorer un comportement dangereux. Mon amie a même dû demander l’aide et le soutien d’un spécialiste.
Et c’est justement, je trouve, la difficulté de faire le métier de psychologue dans sa propre famille. Je ne veux pas m’imposer comme celui qui intervient dans l’éducation des autres enfants de la famille; je préfère attendre que les autres viennent à moi directement. Pourtant, je ne me gênerais pas si j’étais électricien comme mon beau-frère. Mais bon, l’électricité, c’est quand même moins personnel que l’éducation de la chair de notre chair. En attendant, je profite de cette chronique pour dire à Mélanie : « Tu peux m’appeler quand tu veux. »
2 mai 2012