Apprendre à parler, c’est entre autres apprendre à prononcer correctement les mots. Pour y arriver, les enfants doivent apprendre à bouger leur bouche de façon précise, ce qui demande d’utiliser jusqu’à 70 muscles. Pas surprenant que cet apprentissage puisse être difficile!
Apprendre à prononcer correctement
L’apprentissage de la prononciation ne se fait pas du jour au lendemain. Des chercheurs québécois ont d’ailleurs bien montré que la prononciation correcte des sons s’acquiert étape par étape. Ainsi, presque tous les enfants de 3 ans observés durant leur étude prononçaient bien certains sons, comme « t » et « m », autant au début qu’au milieu et à la fin des mots. Par exemple, ils pouvaient dire « table », « mitaine », « botte », « main », « ami » et « pomme ». Il fallait toutefois attendre l’âge de 4 ans et demi avant que d’autres sons, comme « ch » et « j », soient maîtrisés par les tout-petits. Par ailleurs, avant l’âge de 2 ans et parfois même un peu après, il est courant que les enfants « coupent » les mots. Ils diront par exemple « teau » pour « bateau » ou « apin » pour « lapin ».
Il est donc normal de ne pas toujours bien comprendre les tout-petits. De plus, l’apprentissage simultané de la prononciation et de la construction des phrases rend parfois la tâche encore plus ardue aux oreilles adultes. Ainsi, un enfant qui oublie de « petits mots » ou se trompe de pronoms est parfois moins bien compris, même s’il prononce correctement les mots.
De façon générale, un enfant de 2 ans devrait être compris 50 % du temps par des inconnus. Lorsqu’il fête son troisième anniversaire, il devrait être compris 75 % du temps et vers 4 ans, presque en tout temps. Les adultes qui passent le plus de temps avec l’enfant le comprennent souvent mieux que les autres, mais cela demeure tout de même variable d’un adulte à l’autre.
Faire répéter ou non?
De la même façon que l’enfant apprend à coordonner les mouvements nécessaires pour lancer une balle en s’exerçant, il apprend à prononcer les sons correctement avec de la pratique. Cela explique sans doute le réflexe qu’ont plusieurs parents de « faire répéter ». Toutefois, demander à l’enfant de répéter exige d’interrompre la conversation, de freiner son envie d’échanger et de mettre l’accent sur une difficulté. Si certains enfants n’en font pas de cas et acceptent de répéter, d’autres se fâchent ou perdent confiance en leur habileté à communiquer. À plus ou moins long terme, certains en viennent à refuser complètement de redire un mot.
Une façon efficace et plus positive d’encourager l’enfant à répéter est de simplement redire le mot qu’il a mal prononcé en corrigeant son erreur et en insistant sur le ou les sons qui posent problème. Par exemple, si l’enfant dit « gagourt », l’adulte répond « Oui, c’est du yogourt!» Plusieurs enfants se reprennent alors spontanément en constatant leur erreur. Ils ont ainsi l’occasion de se pratiquer. Pour les enfants de plus de 30 mois qui ne répètent pas après l’adulte, il existe 2 stratégies très efficaces.
Donner un choix
Enfant : Ga papa, le sat!
Papa : Wow! C’est un beau chat!
Enfant : (silence)
Papa : Mais je ne suis pas certain… C’est un chien ou un chat?
Enfant : Papa! Un sat!
Dire quelque chose de drôle ou d’absurde
Enfant : Maman, veux du yait!
Maman : Ah! Tu veux du lait!
Enfant : Oui!
Maman : Moi je pense que tu veux du lait au brocoli!
Enfant : Non, du lait de vache!
Parfois, l’enfant reprendra correctement le modèle de l’adulte, parfois non. Dans certains cas, c’est parce qu’il n’est pas prêt à prononcer ce son et cela est normal pour son âge. Dans d’autres cas, il se peut que l’enfant présente des difficultés . Dans les deux situations, l’important est qu’il entende la bonne prononciation et qu’il puisse essayer de la reproduire tout en gardant le goût d’échanger.
Si vous êtes inquiets de la prononciation de votre enfant, vous pouvez en parler à votre médecin ou à l’accueil social de votre CLSC. Si nécessaire, ils vous orienteront vers un orthophoniste. Dans la majorité des cas, la prononciation s’améliorera très bien avec un bon suivi.
Ressource intéressante :
BEAUCHEMIN, Maryse et coll. L’apprentissage des sons et des phrases : un trésor à découvrir. Éditions du CHU Sainte-Justine, 2000, 112 p.
30 avril 2015