Le meilleur moyen d’apprendre, c’est d’apprendre de nos erreurs. Voici 5 façons d’aider les enfants à avoir une mentalité d’apprenant!« Je suis donc ben niaiseux! » C’est Max qui pousse ce cri du cœur. Il a 9 ans et il vient d’échapper la boîte de 500 clous de finition. Disons d’emblée que notre culture de performance n’aide pas tellement. Pourtant, le meilleur moyen d’apprendre, c’est d’apprendre de nos erreurs.
Il faut aider les enfants à comprendre ça. Max regarde son père avec angoisse. Cette erreur va-t-elle décevoir son père au point de perdre son estime? Voilà une des raisons pour lesquelles il se dénigre ainsi : il croit que les erreurs sont inacceptables.
Moi aussi, je me souviens avoir regardé mes mentors avec admiration, mais aussi avec la crainte de les décevoir. Et moi aussi, je m’écriais : « je suis donc ben niaiseuse » quand je faisais une erreur. C’était avant que j’apprenne tout ce que je sais maintenant sur la mentalité d’apprenant : apprendre de nos erreurs.
1. Reconnaissons le sentiment. Pas les mots utilisés.
En déclarant qu’il est « ben niaiseux », Max regarde son père avec angoisse : va-t-il répondre que c’est bien vrai? Son père lui sourit et prend l’air surpris. « Oh! Max, je vois bien que tu regrettes d’avoir échappé la boîte et que tu aimerais mieux l’avoir transportée sans incident. Mais, ce n’est pas ça qu’on dit quand on échappe une boîte de clous! » Max le regarde en cherchant ce qu’on peut bien dire dans un cas comme celui-là. Et devant son haussement d’épaules, son père lui répond : « On dit simplement Ha ben! J’ai échappé la boîte de clous. Je vais la ramasser. »
Voilà qui peut vraiment aider les enfants et qui replace les choses dans leur juste perspective. Max est accueilli dans son sentiment; mais en lui proposant d’autres mots que ceux de l’autoflagellation, on lui propose aussi une autre vision de la situation. Une vision qui s’inscrit dans une mentalité d’apprenant : apprendre de nos erreurs.
2. Utilisons l’humour pour changer de point de vue
Quand la petite Mimi a déclaré qu’elle était absolument incapable de résoudre ce problème de calcul, sa mère lui a suggéré un jeu de rôle. « Toi qui aimes tant le cheval Spirit (dans le film du même nom), dis-moi comment il s’y prendrait s’il devait résoudre ton équation. Endosse le rôle de Spirit et refais ton calcul à sa manière. » Après quelques instants de réflexion, cette enfant de 7 ans a littéralement henni en caracolant, a fait le tour de la pièce et s’est penchée sur son calcul avec une détermination nouvelle.
Selon le problème rencontré et l’âge de l’enfant, on pourrait lui suggérer de le faire à la manière d’un gymnaste, d’un médecin ou d’autre chose. On pourrait lui demander ce qu’en dirait un homme des cavernes ou un extraterrestre! Le changement de posture amène aussi un changement de point de vue. On passe ainsi d’une attention fixée sur la difficulté à l’attention fixée sur la résolution. C’est comme si ça rouvrait la porte du « capable ».
3. Quand nous félicitons un enfant, soyons le plus spécifiques possible
Féliciter un enfant parce qu’il est gentil ne lui permet pas de savoir ce qu’il a fait exactement pour réussir. Cela ne lui donne aucun indice non plus pour réussir à nouveau à l’avenir. Même chose quand je lui dis qu’il est intelligent ou vraiment bon. Ce genre de félicitations rend les enfants anxieux devant la performance parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils ont fait de bien exactement. Dans nos félicitations, soyons le plus spécifiques possible. Nommons le geste ou le comportement qui mérite ces félicitations. Quelques exemples qui peuvent aider les enfants :
- Bravo pour ta persévérance! Tu as continué même quand c’était difficile.
- Bravo pour ta patience! J’ai pris plus de temps que prévu et tu m’as attendu ici quand même et sans t’énerver.
- Je trouve ça formidable de te voir essayer toutes sortes de manières différentes pour arriver à ton but! Bravo!
- Ça me fait plaisir de te voir aider ton petit frère à mettre ses souliers!
4. Expliquons qu’apprendre de nos erreurs, c’est la façon dont se développe notre cerveau
Quand un enfant se déclare complètement stupide, il est en train de nous dire qu’il croit vraiment que faire des erreurs est inacceptable. Il est peut-être temps alors de lui apprendre comment apprend le cerveau! L’intelligence et les capacités se développent parce que nous pratiquons et pratiquons encore; et aussi parce que nous nous trompons. Chaque fois que nous nous trompons, notre cerveau envoie deux messages très rapides : « Oups, il y a une erreur », puis « Essaye encore, tu vas y arriver ». Bref, notre cerveau nous donne envie de réessayer!
Grâce à ces erreurs, nous apprenons quelque chose qui nous permet de réessayer avec une meilleure méthode. Et si ça ne fonctionne toujours pas, nous apprenons encore et notre cerveau nous encourage à essayer d’une autre manière. Peut-être plus longtemps, ou plus fort. Chaque fois! Le cerveau a besoin des erreurs pour apprendre, pour progresser. C’est même exactement ainsi qu’il se développe. Voilà pourquoi on peut apprendre de nos erreurs. La prochaine fois qu’ils feront une erreur, nous pouvons aider les enfants en leur demandant : « Tu viens d’apprendre quoi, là? »
5. Racontons nos meilleures erreurs pour aider les enfants
Chacune de nos propres erreurs est l’occasion d’apprendre aux enfants qu’elles sont normales, inévitables et font partie du processus d’apprentissage. Je me souviens de mon premier déménagement de jeune adulte. La veille du jour J, je n’avais toujours rien empaqueté. Je n’avais même pas pensé à trouver des boîtes. Quand je m’y suis mise, j’ai commencé par la salle de bain et, oui, j’ai emballé le papier de toilette! Heureusement que c’est mon frère qui s’occupait du camion, parce que je crois bien que je serais allée le réserver le jour même!
J’ai souvent raconté cette histoire à mes enfants. En riant bien sûr, et sans omettre les répercussions de chacune de ces erreurs. Finalement, je soulignais tout ce que ce catastrophique déménagement m’avait appris. J’ai eu l’occasion de raconter beaucoup d’autres erreurs (et apprentissages) à mes enfants et mes étudiants. Les moins glorieuses sont peut-être les plus instructives pour tout le monde.
La version originale de ce texte a été publiée sur le blogue de France Paradis.
6 juillet 2018
Photo : GettyImages/PeopleImages