Vos souvenirs d’enfance sont remplis de moments passés à jouer dehors et vous constatez que les enfants d’aujourd’hui passent beaucoup de temps à l’intérieur? Que s’est-il passé et pourquoi est-ce important de renouer avec le jeu libre à l’extérieur? Vos souvenirs d’enfance sont remplis de moments passés à jouer dehors et vous constatez que les enfants d’aujourd’hui passent beaucoup de temps à l’intérieur? Que s’est-il passé et pourquoi est-ce important de renouer avec le jeu libre à l’extérieur?
Selon le kinésiologue Bruno Durand, la culture de l’hypersécurité et de l’hyperencadrement explique, entre autres, pourquoi les enfants jouent moins dehors qu’avant. « Les parents ont peur que des choses graves arrivent à leur enfant dehors, comme des blessures, des accidents ou, pire, un enlèvement, dit-il. Ces peurs sont irrationnelles, car on n’a jamais vécu dans une société aussi sécuritaire. Mais quand un événement rare, comme un enlèvement, se produit, les médias en parlent beaucoup. Certains parents ont ensuite l’impression qu’être dehors, c’est dangereux. C’est un frein important au jeu libre à l’extérieur. »
De plus, avec les horaires chargés des familles d’aujourd’hui, les enfants ont moins de temps libre. Plusieurs parents pensent aussi qu’ils doivent organiser des jeux ou inscrire leur tout-petit à des activités pour qu’il se développe bien. Mais ce n’est pas nécessaire! Selon Bruno Durand, le jeu libre à l’extérieur devrait être une priorité. Il permet à votre enfant d’inventer, de choisir et d’organiser ses propres jeux, ce qui est bon pour son développement.
Par exemple, Jessica laisse chaque jour ses enfants, Mathilde, 2 ans, et Rémi, 4 ans, jouer dehors au retour du milieu de garde . « On passe de 20 à 45 minutes dans la cour, dit la maman. Je reste proche d’eux, mais je les laisse décider de ce qu’ils ont le goût de faire. Ils aiment bien s’amuser à remplir un seau de terre et d’eau, et faire semblant de faire une soupe. »
« Quand votre enfant choisit à quoi il joue, avec qui et comment il joue, il apprend à se connaître », indique Mathieu Point, professeur en sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il découvre ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas et ce qui l’amuse. De plus, la recherche démontre qu’un enfant est plus actif lorsqu’il joue librement.
Le jeu libre lui permet aussi de prendre des décisions et de développer sa confiance et son autonomie. Le papa de Rémi et de Mathilde, Tu Huynh, est toujours surpris de voir combien son fils est débrouillard et créatif quand il le laisse jouer librement dans la cour. « Il sait où sont les choses, il s’invente des jeux et c’est rare qu’il nous demande de l’aide », dit-il.
Il est aussi important de favoriser le contact avec la nature, quelle que soit la saison. L’enfant peut y jouer de différentes façons (dans la neige, dans les feuilles, dans le gazon, dans la forêt, au bord d’un lac…), ce qui lui permet de faire des découvertes et des mouvements variés.
Quand il n’est pas possible de profiter de l’extérieur, vous pouvez «amener» la nature à l’intérieur en ayant des plantes en pot que votre tout-petit peut vous aider à entretenir, par exemple. Proposez aussi à votre enfant du matériel récolté dehors lors de vos sorties (ex. : petites roches, cocottes) pour qu’il puisse s’inventer des jeux.
Le goût du risque
Lorsqu’ils jouent dehors, les enfants développent aussi leur goût de l’aventure et de la découverte : monter sur une roche, grimper dans un arbre, se mettre les mains dans la boue… Certains parents ont alors le réflexe de dire : « Attention, tu vas te faire mal! », « Ne fais pas ça, tu vas te salir! » ou « Non, c’est dangereux! » Toutefois, il serait mieux d’éviter ce type de phrases.
D’ailleurs, il est utile qu’un enfant prenne des risques quand il joue. Il teste ainsi ses limites et découvre ses capacités. C’est aussi un bon moyen de développer sa confiance en lui.
Comment l’encourager?
La clé, c’est de faire confiance à votre enfant, disent les spécialistes. « Il sait les risques qu’il peut prendre, dit Sylvie Gervais, fondatrice de la coopérative Enfant Nature. Un enfant va monter sur une roche s’il sait comment en descendre. Et s’il commence à grimper dans un arbre, c’est parce qu’il en a les capacités. »
Bruno Durand, kinésiologue, conseille aux parents de changer leurs habitudes. « Observez votre enfant au lieu d’intervenir, dit-il. Regardez-le bouger, explorer et prendre des précautions. Cela va vous donner confiance en lui. » Bien sûr, dit-il, il faut faire la différence entre risque et danger.
Quand un enfant joue librement, il faut lui laisser assez de temps pour inventer son jeu, pour le développer, puis pour y mettre fin par lui-même.
« Un risque, c’est un défi que l’enfant décide de relever ou pas. Par exemple, sauter en bas d’une roche ou décider plutôt de la redescendre à quatre pattes. Un danger, c’est quelque chose que l’enfant ne voit pas, comme un tuyau de métal qui dépasse d’une structure », dit Bruno Durand. Il faut donc vous assurer qu’il n’y a pas de danger autour de votre enfant, mais après, mieux vaut le laisser explorer, sans le pousser, en restant un peu à l’écart.
Il faut aussi accepter que votre tout-petit se salisse et qu’il se fasse des bobos de temps en temps, comme un bleu ou une égratignure. Règle générale, ce n’est pas très grave, disent les experts interrogés, parce que les enfants font naturellement demi-tour quand ils se trouvent devant un défi qu’ils ne peuvent pas relever.
Le parent peut toutefois accompagner son enfant. Par exemple, vous pouvez lui donner la main, l’encourager et rester près de lui. La sécurité doit avant tout être bien dosée. Il faut trouver l’équilibre entre le niveau de confort et d’aisance de votre enfant et le vôtre.
« Ce n’est pas toujours facile, mais j’essaie d’être moins protectrice, dit Émilie, mère de trois enfants. Ma fille de 5 ans aime grimper aux arbres. En la regardant faire, j’ai vu qu’elle connaissait ses limites. Quand elle ne peut pas monter plus haut, elle redescend. »
La maman est fière de voir qu’elle dit de moins en moins : « Attention! » « Je leur fais confiance. Je refuse même de les aider, dit-elle. Si mes enfants me demandent la main pour grimper dans un arbre ou sur une roche, je dis non. S’ils ne peuvent pas le faire seuls, c’est parce qu’ils ne sont pas encore prêts. » C’est une bonne attitude à adopter, selon Bruno Durand. « L’enfant qu’on aide toujours et qui n’a pas la chance d’explorer à son rythme va se blesser plus souvent plus tard, parce qu’il connaît mal ses capacités physiques. »
Trop sécuritaires, les modules de jeux?
Les modules de jeux sont soumis à plusieurs normes de sécurité pour éviter les chutes et les accidents. Ils proposent moins de défis que des éléments de la nature et les enfants s’y ennuient rapidement.
Les tout-petits sont plus actifs quand ils jouent avec des accessoires comme des ballons et des cerceaux que dans des modules de jeux. « Les modules ont toutefois leur avantage pour aider les enfants à se faire des amis », mentionne Mathieu Point, professeur en sciences de l’éducation. En effet, les enfants se tiennent souvent en haut ou en bas des modules pour faire des jeux de rôles, comme jouer au restaurant.
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Les enfants sont plus actifs quand ils jouent dehors.
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Laisser les enfants jouer librement favorise leur autonomie et leur confiance.
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Les enfants ont besoin de prendre des risques en jouant pour apprendre à connaître leurs limites et leurs capacités physiques.
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| Source : magazine Naître et grandir, juillet-août 2018 Recherche et rédaction : Julie Leduc Révision scientifique : Caroline Bouchard, professeure titulaire au département des sciences de l’éducation, Université Laval
Mise à jour : Septembre 2023
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RESSOURCES |
Sites Livres -
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION ET DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DU QUÉBEC. À nous de jouer! L’extérieur, un terrain de jeu complet. 2018, 28 p. numerique.banq.qc.ca
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CARDINAL, François. Perdus sans la nature. Éditions Québec Amérique, 2010, 208 p.
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FERLAND, Francine. Viens jouer dehors! Pour le plaisir et la santé. Éditions du CHU Sainte-Justine, 2012, 122 p.
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LEBOEUF, Michèle et PRONOVOST, Justine. Alex-Cadre de référence L’éducation par la nature en services de garde éducatifs à l’enfance. Association québécoise des centres de la petite enfance, 2020, 275 p. aqcpe.com/documentation/alex
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TROUSSE PARENT NATURE. Trousse comprenant livre, chansons et guide pour profiter des aventures en nature avec les enfants. coopenfantnature.org
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Photos : gettyimages/imgorthand, Maxim Morin et gettyimages/bigandt_photography