L'alimentation pendant l'allaitement

L'alimentation pendant l'allaitement
Y a-t-il des aliments et des produits à consommer ou à éviter pendant qu’on allaite bébé?


Lorsqu’elles allaitent leur bébé, les mères n’ont pas besoin d’avoir une alimentation parfaite. Cependant, il est important qu’elles choisissent des aliments nourrissants et mangent de façon équilibrée et à leur faim. Elles peuvent ainsi rétablir leurs réserves nutritionnelles après l’accouchement et éviter l’épuisement.

Manger à sa faim

Il est parfaitement normal d’avoir plus faim pendant l’allaitement. Pour produire le lait maternel, votre corps a besoin de calories supplémentaires, soit entre 300 et 1 000 calories de plus par jour. Une partie de ces calories provient des réserves accumulées pendant la grossesse. L’autre partie est fournie par votre alimentation. Ainsi, pour produire du lait en quantité suffisante, il est important de manger à votre faim.

Ne vous inquiétez pas et ne limitez pas la quantité d’aliments que vous mangez. Lorsqu’elles respectent leur appétit, la plupart des mères allaitantes perdent peu à peu du poids dans les six mois suivant l’accouchement. Par la suite, leur poids se stabilise.

Conseils utiles pour vous guider dans votre alimentation

  • Consultez le Guide alimentaire canadien pour être sûre de manger tous les éléments nutritifs essentiels à votre santé et à celle de votre bébé.
Les régimes sont déconseillés pendant l’allaitement. Ils peuvent causer de la fatigue et perturber le moral.
  • En plus de vos trois repas quotidiens, prenez des collations saines et nutritives si vous avez faim (ex. : fruits, légumes, muffins, pain à grains entiers, céréales, fromage, yogourt et smoothie).
  • Écoutez votre soif, qui est naturellement plus grande pendant l’allaitement. Si votre urine est foncée, cela peut être un signe que vous ne buvez pas assez d’eau. Sachez toutefois que boire une grande quantité de liquide n’augmente pas la quantité de lait que vous produisez. De plus, la croyance selon laquelle il faut boire du lait pour produire du lait est fausse.

Il est aussi recommandé de continuer de prendre un supplément de multivitamines et minéraux durant l’allaitement. Vous pouvez terminer le supplément consommé pendant votre grossesse, puis demander conseil au pharmacien pour savoir ce qui vous convient le mieux durant l’allaitement. Si vous êtes végétarienne et ne consommez aucun produit d’origine animale, assurez-vous d’inclure un supplément de vitamine B12.

Vitamine D

Santé Canada recommande de donner un supplément de vitamine D aux bébés allaités jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 1 an. La dose recommandée est de 400 UI par jour.
Pour les bébés des collectivités du Grand Nord, il est plutôt recommandé de leur donner 800 UI par jour s’ils sont allaités et 400 UI par jour s’ils sont nourris avec de la préparation pour nourrissons.

Bébé réagit au lait de maman?

Les aliments que vous mangez influencent la valeur nutritive, et surtout la saveur de votre lait. Selon ce que vous mangez, le goût du lait maternel change d’un boire à l’autre. Votre bébé découvre donc une variété de saveurs grâce à vous. Mangez donc ce que vous aimez.

On a longtemps cru que certains aliments, comme le chou, les oignons ou les mets épicés, posaient un problème aux bébés. On sait aujourd’hui que les bébés s’y adaptent très bien et que ces aliments ne sont pas responsables des coliques. Vous pouvez donc en manger sans problème. En fait, il est plutôt rare qu’un bébé réagisse à un aliment que sa mère a mangé.

Allergies alimentaires

Environ 5 à 6 % des bébés ont une allergie alimentaire, et cela peut être lié à un ou des aliments que vous mangez. Les protéines bovines, présentes dans le lait par exemple, sont souvent responsables. Consultez notre fiche sur l’allergie au lait pour plus d’information à ce sujet. Les autres aliments pouvant aussi causer des réactions allergiques sont les oeufs, les arachides, les noix, le blé, le soya et le poisson.

L’existence d’un lien entre l’alimentation de la mère et le risque que le bébé allaité développe des allergies alimentaires n’a pas été démontrée. Il est donc inutile que vous évitiez les aliments allergènes, et ce, même si un membre de votre famille a des allergies alimentaires.

Si votre enfant semble réagir à un aliment que vous mangez, il est suggéré de renoncer à cet aliment pendant sept jours. Après ce délai, si votre bébé va mieux, recommencez à manger l’aliment en question et observez les réactions de votre bébé. S’il présente de nouveau des symptômes, cela signifie qu’il est probablement allergique. Cessez d’en manger. Consultez toutefois une nutritionniste pour éviter les carences alimentaires.

Si votre bébé ne va pas mieux après sept jours, il est peut-être intolérant ou allergique à un autre aliment ou il a un autre problème de santé. Dans ce cas, parlez-en avec son médecin.

Des aliments pour faire plus de lait?

Dans plusieurs cultures, on suggère aux nouvelles mères de consommer certains aliments pour augmenter leur production de lait, comme l’avoine, les amandes, le riz, le poulet et différentes herbes. Bien que certaines femmes disent avoir connu un certain succès avec ces méthodes, aucune étude scientifique n’a pu confirmer leur efficacité.
Par ailleurs, contrairement à la croyance populaire, la bière n’augmente pas la quantité de lait produite par une mère. L’alcool a plutôt pour effet de réduire la production de lait.
Si votre production de lait est insuffisante, augmentez la fréquence des tétées, car plus les seins sont stimulés souvent, plus ils produisent du lait. Si, malgré tout, vous n’avez pas plus de lait, parlez-en à votre médecin. Il pourrait vous prescrire un médicament qui aide à augmenter la production de lait.

Y a-t-il des aliments à éviter pendant l’allaitement?

Durant l’allaitement, vous pouvez manger des aliments qui n’étaient pas conseillés durant la grossesse, comme le poisson cru, le saumon fumé, les sushis, les tartares et les fromages non pasteurisés.

Toutefois, certains aliments et boissons sont encore à éviter ou à consommer avec modération durant l’allaitement.

  • Ne buvez pas plus que deux tasses par jour de thé, de café, de chocolat chaud ou de boissons gazeuses comme le cola. La caféine passe rapidement dans le lait maternel. Si vous en buvez beaucoup, cela pourrait rendre votre bébé nerveux et irritable. Cependant, les tisanes, les infusions aux fruits et les autres boissons décaféinées ne posent aucun problème.
  • Évitez les boissons énergisantes, car elles contiennent de la caféine et des substances qui peuvent être dangereuses pour votre bébé.
  • Limitez votre consommation de thon blanc en conserve à 300 g par semaine, car il contient plus de mercure que le thon pâle. Aucune limitation ne s’applique cependant pour le thon pâle en conserve.
  • Évitez de manger plus d’une fois par mois (max. 150 g) du thon frais ou congelé, du requin, de l’espadon, de l’escolier, du marlin et de l’hoplostète orange, de l’achigan, du brochet, du doré, du maskinongé, du touladi (truite grise), du caviar et du foie de poisson. Ces aliments absorbent davantage de polluants que les autres, notamment le mercure, ce qui pourrait nuire à votre bébé.
Vous souhaitez prendre un verre?
Pour réduire l’exposition de votre bébé à l’alcool, allaitez-le avant de prendre un verre. Buvez ensuite un verre d’eau et attendez de deux à trois heures avant d’allaiter. Au besoin, tirez votre lait à l’avance pour en donner à votre bébé en toute sécurité.
  • Faites preuve de prudence avec l’alcool, car il passe dans le lait maternel. Chaque verre d’alcool prend de deux à trois heures pour être éliminé du lait maternel, mais ce temps peut varier selon votre poids et le pourcentage d’alcool. L’Académie américaine de pédiatrie considère toutefois que la consommation d’alcool est compatible avec l’allaitement. En effet, l’alcool consommé occasionnellement ou de façon régulière en petites quantités ne semble pas être dommageable pour le bébé allaité. Toutefois, des abus fréquents d’alcool peuvent ralentir la prise de poids du bébé et nuire à son développement. L’alcool consommé en grande quantité peut également causer un blocage du réflexe d’éjection chez certaines mères.
  • Évitez le cannabis, car il passe dans le lait maternel et expose le bébé à des effets indésirables. Il demeure par ailleurs présent longtemps dans l’organisme de la mère. Protégez aussi votre bébé de la fumée secondaire du cannabis, car elle peut le rendre plus endormi, nuire à sa succion et entraîner des difficultés lors de l’allaitement.

Surplus de lait maternel?

Si vous avez des surplus de lait, vous pourriez contribuer à la banque publique de lait maternel du Québec. Gérée par Héma-Québec, cette banque permet aux prématurés de 32 semaines ou moins de recevoir du lait humain pasteurisé. En effet, les mères qui accouchent prématurément ont souvent de la difficulté à produire assez de lait pour nourrir leur enfant.
Pour donner vos surplus de lait, vous devez être en santé, ne pas fumer et avoir un bébé de moins de 12 mois. Vous devez aussi habiter dans la grande région de Montréal ou de Québec, ou habiter à moins d’une heure du point de dépôt de Gatineau, de Sherbrooke, de Trois-Rivières ou de Saguenay. Pour en savoir plus, consultez le site d’Héma-Québec.

 

À retenir

  • Manger à votre faim est important, car votre corps a besoin de calories supplémentaires pour produire le lait maternel.
  • Certains aliments qui n’étaient pas recommandés durant la grossesse peuvent être mangés sans problème durant l’allaitement, mais d’autres doivent être encore limités ou évités.
  • Les aliments que vous mangez, comme le chou, les oignons ou les mets épicés, ne causent pas de coliques à votre bébé.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Stéphanie Côté, M. Sc., nutritionniste
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Juin 2022

 

Photo : iStock.com/tupikov

 

Références et ressources

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

Ressources

  • LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE NOURRI-SOURCE. Ce mouvement d’entraide pour l’allaitement maternel, composé de plus de 600 marraines d’allaitement, offre du soutien et des renseignements à toutes les familles depuis 1982. Il propose de nombreuses activités prénatales ou postnatales, des « haltes-allaitement » et même un service de soutien téléphonique. Numéro sans frais : 1 866 948-5160. nourri-source.org
  • LA LIGUE LA LECHE, une organisation bénévole affiliée à la Leche League International, est présente dans plus de 60 pays et offre un soutien de mère à mère ainsi que des outils d’information et d’éducation. allaitement.ca ou 1 866 ALLAITE. Composez également sans frais le 1 800 665-4324 pour obtenir le nom de quelqu’un qui pourrait vous aider dans votre région.

Références

  • AGENCE DE SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA. Allaiter votre bébé. 2021. canada.ca
  • ALLERGIES QUÉBEC. L’allergie alimentaire chez les bébés et jeunes enfants. allergies-alimentaires.org
  • AMERICAN ACADEMY OF PEDIATRICS COMMITTEE ON DRUGS. « The Transfer of Drugs and Therapeutics Into Human Breast Milk: Update on Selected Topics », Pediatrics, vol. 132, no 3, 2013, p. 796-809. publications.aap.org
  • BONYATA, Kelly. Herbs to avoid while breastfeeding. 2018. kellymom.com
  • COLLECTIF. Le Petit Nourri-Source : la source d’un allaitement réussi. 7e éd., Fédération québécoise Nourri-Source, 2021, 322 p.
  • COLLECTIF. Grossesse et allaitement : guide thérapeutique. 2e éd., Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2013, 1 000 p.
  • CHU SAINTE-JUSTINE. Allaitement et habitudes de vie. 2021. chusj.org
  • CÔTÉ, Stéphanie. Grossesse – 21 jours de menus. Montréal, Éditions Modus Vivendi, coll. « Savoir quoi manger », 2018, 226 p.
  • DESROCHERS, Annie et Madeleine ALLARD. Bien vivre l’allaitement. Montréal, Les Éditions Hurtubise, 2010, 318 p.
  • DESROCHERS, Annie et Madeleine ALLARD. Le guide pratique de l’allaitement. Bruxelles, Mardaga, 2021, 320 p.
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