Le sommeil: l'enfant qui se réveille la nuit

Le sommeil: l'enfant qui se réveille la nuit
Les petits ont souvent de la difficulté à s’endormir ou à rester endormis. Que faire?


Les réveils nocturnes sont fréquents et normaux chez les enfants. Les tout-petits de 1 an à 3 ans se réveillent d’ailleurs en moyenne trois fois par nuit, ce qui est normal s’ils se rendorment tout de suite. Le problème survient lorsque l’enfant se met à pleurer, à appeler ses parents ou à se lever chaque fois qu’il se réveille.

Pourquoi n’arrive-t-il pas à se rendormir seul?

Les réveils nocturnes des tout-petits peuvent avoir des répercussions chez tous les membres de la famille. En effet, le manque de sommeil, chez les adultes comme chez les enfants, peut empêcher de bien fonctionner pendant la journée.

Il arrive souvent qu’un enfant se réveille et ne parvienne pas à se rendormir par lui-même en raison :

De plus, les parents mettent en place différentes pratiques de sommeil auprès de leur tout-petit selon leur culture et leurs valeurs. Dans certains cas, un enfant habitué à s’endormir le soir avec sa mère ou son père apprend qu’il a besoin de leur présence pour pouvoir s’endormir. Comme il n’est pas habitué à s’endormir seul, il est possible qu’il appelle ses parents chaque fois qu’il se réveille la nuit.

Écrans et problèmes de sommeil
Passer trop de temps devant un écran (télévision, tablette) peut aussi augmenter les difficultés de sommeil chez les enfants, particulièrement lorsque cette écoute se fait en soirée. Il est d’ailleurs conseillé de réduire peu à peu le niveau de lumière, de bruit et d’activité lorsqu’approche l’heure du coucher.

Comment l’aider à se rendormir la nuit?

Il est normal que votre enfant se réveille et qu’il vous appelle pendant la nuit, mais vous n’avez pas à vous précipiter vers lui immédiatement. Laissez-lui la chance d’essayer de trouver le sommeil par lui-même.

Selon leurs valeurs et leur culture, certains parents acceptent que leur enfant s’endorme auprès d’eux ou les rejoigne dans leur lit lorsqu’il se réveille la nuit, tandis que d’autres ne sont pas à l’aise avec cette situation. Si vous souhaitez que votre enfant apprenne à s’endormir par lui-même le soir et à se rendormir lorsqu’il se réveille la nuit, vous pouvez utiliser une des stratégies suivantes ou une technique d’entraînement au sommeil.

Stratégies pour aider un enfant à s’endormir par lui-même

  • Parlez-lui sans aller dans sa chambre afin de le rassurer. Par exemple, dites-lui que vous l’entendez et que vous êtes tout près.
  • S’il ne se calme pas, allez le voir pour vous assurer que tout va bien. Pour le réconforter, vous pouvez d’abord simplement le caresser et lui parler doucement plutôt que de le prendre tout de suite dans vos bras.
Même si vous êtes fatigué, ne vous fâchez pas contre votre enfant. Votre colère pourrait lui faire peur et l’empêcher de se rendormir facilement. Soyez tendre, mais ferme lorsque vous le recouchez.
  • Apprenez-lui à se calmer en se parlant doucement, en chantonnant ou en serrant un animal en peluche ou un oreiller.
  • Si votre enfant a l’habitude de se réveiller en soirée, assurez-vous de réduire le volume des bruits (ex. : télévision, musique, rires) dans la maison lorsqu’il dort, car ils pourraient attirer son attention et ainsi l’empêcher de se rendormir.
  • Si votre enfant est assez grand, vous pouvez avoir une discussion avec lui durant la journée sur les raisons pour lesquelles il est difficile pour lui de dormir seul.
  • N’oubliez pas qu’il est difficile de modifier une habitude soudainement. Ainsi, si vous souhaitez que votre enfant se rendorme seul la nuit ou cesse de dormir dans votre lit, prévoyez une période de transition et expliquez vos nouvelles attentes à votre enfant.

Entraînement au sommeil : une solution parmi d’autres

Certains parents choisissent d’utiliser une technique d’entraînement au sommeil pour aider leur enfant à s’endormir seul le soir et aussi à se rendormir seul lorsqu’il se réveille la nuit. Toutefois, tous les parents ne se sentent pas à l’aise avec ces techniques.

Avec votre partenaire, décidez comment vous voulez gérer les réveils nocturnes. Discutez-en le jour, et non la nuit lorsque votre enfant se réveille.

Sachez qu’il n’y a pas qu’une seule solution aux difficultés de sommeil d’un enfant. C’est à chaque famille de décider ce qui lui convient.

Dans certains cas, il vaut mieux essayer une technique d’entraînement au sommeil qu’être déprimé et fâché, ce qui pourrait alors nuire à la relation entre vous et votre enfant.

Dans d’autres cas, il est préférable de ne pas employer ces méthodes, surtout si vous n’êtes pas à l’aise de le faire. En effet, si une technique ne respecte pas vos valeurs et que vous l’utilisez en raison de la pression sociale, cette technique risque de ne pas bien fonctionner et personne ne se sentira bien au sein de la famille.

Quelques techniques d’entraînement au sommeil

Diminution graduelle de l’implication et renforcement positif
Dans ce cas, le parent répond chaque fois que l’enfant appelle ou pleure, mais en diminuant peu à peu son implication. L’idée derrière cette méthode est qu’un enfant plus calme et moins stressé s’endort plus facilement, car il sait qu’en cas de besoin son parent est là. Il est aussi félicité lorsqu’il suit les consignes.

Voici des exemples de cette technique.

  • Le parent remplace graduellement un câlin par un simple toucher et ensuite par une parole réconfortante.
  • Le parent encourage l’enfant à prendre son verre d’eau lui-même sur son bureau plutôt que de le lui apporter.
  • Le parent explique à l’enfant qu’il viendra le voir régulièrement, à condition qu’il ne se relève pas. Le tout-petit est aussi félicité lorsqu’il reste couché.

Méthode de la chaise
Cette méthode consiste à s’asseoir auprès de l’enfant et à quitter la chambre lorsqu’il s’endort.

  • Le parent place une chaise près du lit de l’enfant et s’y assoit une fois l’enfant couché.
  • Le parent attend ensuite que son enfant dorme pour sortir de la chambre.
  • Chaque soir, le parent éloigne un peu plus la chaise du lit de son enfant jusqu’à ce qu’elle soit placée à l’extérieur de la chambre au moment de l’endormissement.

Méthode 5-10-15
Avec cette technique, l’enfant est déposé dans son lit éveillé et le parent sort de la chambre. Il est aussi possible d’employer cette méthode en utilisant des temps d’attente plus courts avant d’aller voir l’enfant.

  • Si l’enfant appelle ou pleure, le parent attend d’abord 5 minutes avant de retourner le voir.
  • Après cette attente de 5 minutes, le parent console son enfant, mais sans le prendre. Puis, il ressort de la chambre.
  • Si l’enfant appelle ou pleure encore, le parent attend ensuite 10 minutes avant d’aller le voir, puis 15 minutes, et ce, jusqu’à ce que le tout-petit s’endorme.

Le retour des réveils nocturnes

Un enfant qui avait réussi à surmonter des problèmes de sommeil peut recommencer à se réveiller la nuit s’il est malade, s’il fait des cauchemars ou s’il vit un grand changement. Cela est tout à fait normal.

Si c’est le cas de votre tout-petit, assurez-vous que sa routine du coucher est bien suivie et mettez en place certaines des stratégies décrites précédemment. Selon l’âge de votre enfant, vous pouvez aussi utiliser de nouveau un objet transitionnel (ex. : toutou, doudou, un de vos chandails) ou utiliser des techniques de renforcement positif (ex. : tableau de motivation).

Vous pouvez aussi observer si votre enfant présente d’autres changements ou difficultés pendant la journée. Si c’est le cas, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin ou avec un psychologue au besoin.

Quand votre enfant se sentira en sécurité, rassuré et capable de faire face à ces changements, il réapprendra peu à peu à s’endormir par ses propres moyens et à rester endormi.

Quand consulter

N’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé (ex. : médecin de famille, infirmière, pédiatre, psychologue) si :

  • vous avez des inquiétudes concernant le sommeil de votre enfant;
  • vous ou votre partenaire êtes dépassés par les difficultés de sommeil de votre enfant;
  • vous croyez que ces difficultés de sommeil sont liées à un problème de santé physique (ex. : apnée du sommeil) ou à des difficultés psychologiques (ex. : anxiété).

Au moment du rendez-vous, n’oubliez pas de préciser au professionnel de la santé vos attentes en matière de sommeil et vos valeurs familiales.

 

À retenir

  • Le sommeil, comme plusieurs autres processus développementaux, évolue de façon irrégulière. Plusieurs facteurs peuvent faire en sorte qu’un enfant qui dormait bien la nuit passée se réveille souvent la nuit suivante sans que cela représente nécessairement un « trouble » du sommeil.
  • Selon leurs valeurs, certains parents sont plus ou moins à l’aise avec certaines pratiques liées au sommeil. Tant que votre enfant est en sécurité et que vous êtes à l’aise avec vos choix, il n’existe pas « une seule bonne façon de faire ».
  • Il est important que les deux parents discutent des stratégies à mettre en place et s’entendent sur l’une d’elles pour aider leur enfant à bien dormir.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Marie-Hélène Pennestri, psychologue, professeure adjointe à l’Université McGill, chercheure à l’Hôpital en santé mentale Rivière-des-Prairies
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Juillet 2017

 

Photo : Gettyimages/FamVeld

 

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu’un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • BLUNDEN, S. « Behavioural treatments to encourage solo sleeping in pre-school children: An alternative to controlled crying », Journal of Child Health Care, vol. 15, 2011, p. 107–117.
  • BLUNDEN, S.L., K.R. THOMPSON et D. DAWSON. « Behavioural sleep treatments and night time crying in infants: Challenging the status quo », Sleep Medicine Reviews, vol. 15, no 5, 2011, p. 327-334.
  • ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. Le sommeil : bien dormir pour bien grandir. www.enfant-encyclopedie.com
  • MELTZER, L.J. et J.A. MINDELL. « Systematic review and meta-analysis of behavioral interventions for pediatric insomnia », Journal of Pediatric Psychology, vol. 39, 2014, p. 932–948.
  • MILEVA-SEITZ, V.R. et autres. « Parent-child bed-sharing: The good, the bad, and the burden of evidence », Sleep Medicine Reviews, vol. 32, 2017, p. 4-27.
  • RAMOS K.D. et D.M. YOUNGCLARKE. « Parenting advice books about child sleep: Cosleeping and crying it out », Sleep, vol. 29, 2006, p. 1616-1623.

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