J’ai souvent rencontré des parents qui se sentaient coupables de ne pas avoir pris de longs moments pour interagir avec leur tout-petit.
C’est connu, passer du temps en interaction avec son enfant et être sensible et réceptif à ce qu’il exprime est bénéfique pour le développement de son langage. Par contre, le temps est une denrée rare dans notre société. Les Québécois alloueraient 46 heures par semaine au travail, incluant « les heures de travail non rémunérées et le temps de déplacement vers le lieu de travail », selon un article du journal Le Devoir. En soustrayant le temps de sommeil de nos petits cocos, il reste donc, aux parents qui travaillent, environ 5 heures par jour en leur présence... en plus de devoir préparer des repas et faire d’autres tâches ménagères!
Dans ma pratique, j’ai souvent rencontré des parents qui se sentaient d’ailleurs coupables de ne pas avoir pris de longs moments pour interagir avec leur tout-petit pendant la semaine. Je leur répondais souvent qu’ils en faisaient déjà beaucoup pour stimuler le langage de leur enfant, parfois sans même s’en rendre compte, à travers la routine. Parce qu’être en interaction avec son enfant, ce n’est pas uniquement jouer avec lui, c’est aussi lui parler pendant qu’on lui donne des soins, qu’on mange, etc. Je vous donne quelques exemples de paroles et de comportements stimulants, adaptés à différents âges. Je suis certaine que vous en connaissez plusieurs autres!
Avant un an, on peut…
-
établir le contact visuel et lui parler lors des changements de couche (ex. : « Je détache ta couche, tu as fait un gros pipi! »);
-
le placer près de soi pendant la préparation du souper et parler des jouets qu’il utilise et de ce qu’il fait avec (ex. : « Tu prends Sophie la girafe! Tu l’aimes, elle! »;
-
imiter ses sons peu importe le moment (ex. « dadadada » et on fait à son tour «dadadada»).
Entre 1 an et 3 ans, on peut…
-
nommer les aliments qu’on lui présente pendant le déjeuner ou le souper et l’encourager à en demander. Avant 18 mois, il risque de dire « encore », ensuite « encore » suivi de ce qu’il veut. Entre 2 ans et 3 ans, on peut lui apprendre à dire « Je veux », suivi de ce qu’il veut;
-
dire « bonne nuit » à toutes les personnes de la maison et plusieurs objets de la chambre avant le coucher, pour que l’enfant apprenne du vocabulaire (il se préparera en même temps au sommeil!);
-
nommer les parties du corps qu’on lave au moment du bain (ex. : « Je lave ta jambe, ton autre jambe »).
Entre 3 ans et 5 ans, on peut…
-
répondre à ses initiatives de conversation pendant les repas et parler des sujets qui l’intéressent. À partir de 3 ans, l’enfant commence à être plus habile pour converser;
-
lui poser des questions pendant le trajet à la garderie ou de retour à la maison, lorsqu’on est en voiture ou en poussette (ex. : à un feu rouge, on peut lui demander : que fait le garçon sur le trottoir? Pourquoi la dame a mis une tuque, tu crois?) ;
-
prendre le temps de lui demander comment il se sent et pourquoi il se sent comme ça quand tout ne fonctionne pas comme il le souhaite. À partir de 3 ans, l’enfant commence à comprendre ce genre de « pourquoi? » (Votre conversation l’aidera en plus à gérer ses émotions!).
Au-delà du fait qu’échanger avec l’enfant l’aide à développer son langage, parler au quotidien est aussi plus agréable! Tout simplement! Personnellement, je trouve que saisir au vol les occasions d’échange avec mes garçons m’aide aussi à mieux me mettre à leur place. Chaque fois, je suis fascinée de les découvrir autant dans le moment présent et je me dis qu’ils ont beaucoup à m’apprendre!
7 décembre 2015