Parfois, il vide le contenu de son assiette et en redemande. D’autres fois, il creuse des tunnels dans sa purée de pommes de terre plutôt que de manger. Un enfant a tantôt un appétit d’oiseau, tantôt une faim d’ogre, et c’est normal.
Dès la naissance, un bébé a la capacité de boire (et plus tard, de manger) en fonction de ses besoins et de son développement personnel. Il est « programmé » pour cela. Notre rôle, comme parent, c’est de lui fournir ce dont il a besoin, sans tenter de le contrôler ou d’ignorer son instinct. Au contraire, il faut faire en sorte qu’il conserve ce précieux réflexe. S’il dit – ou vous fait savoir d’une autre façon – qu’il n’a plus faim, il ne faut pas insister. Restreindre les aliments n’est pas souhaitable non plus.
En fait, toute pression est à éviter, car elle interfère avec l’écoute – innée – des signaux de faim et de satiété. Dans certains cas, un enfant souhaiterait faire plaisir à ses parents et obéirait à leur consigne de terminer son repas. Dans d’autres cas, un enfant s’y opposerait par simple désir de décider par lui-même… ou de contredire! Dans les deux cas, la situation amène le petit à ignorer les signaux que lui envoie son corps. À long terme, ce phénomène augmente les risques de souffrir d’un problème de poids.
Il existe un principe que l’on nomme « le partage des responsabilités ». C’est la nutritionniste et psychothérapeute experte en alimentation de l’enfant, Ellyn Satter, qui l’a défini. Il se résume comme suit :
Les parents décident du menu, de l’endroit et de l’horaire des repas; leurs responsabilités sont le quoi, le où, et le quand.
L’enfant décide de la quantité de nourriture qu’il mange; sa responsabilité est le combien.
Suivant ce principe, les parents encadrent, plutôt que contrôlent. Ils préparent des repas équilibrés et laissent à l’enfant la possibilité d’avaler ce qu’il veut… même si ça signifie parfois « presque rien ». Attention, certains parents ont l’impression que leur petit ne mange pas assez, mais ce sont peut-être les collations trop près du repas ou encore le grand verre de jus ou de lait peu de temps avant de passer à table qui lui coupent l’appétit. N’oubliez pas que le cadre à fournir inclut un horaire de repas et de collations plus ou moins régulier. Ça sécurise l’enfant et ça lui apprend à patienter. Le garde-manger n’est pas un dépanneur ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7!
Et puis, pour dédramatiser, projetez-vous dans 15 ans, lorsque votre ogre d’adolescent dévalisera le réfrigérateur et vous coûtera une fortune en épicerie. Vous sourirez en pensant que son appétit d’oiseau vous a déjà inquiété!
5 juin 2009